dimanche 30 octobre 2011

Mets un pitch dans ta potche.

Il me semblait bien que j’oubliais quelque chose… Chose promise, chose due – voici les magnifiques (et hautement improbables) pitchs à la «Platane», écrits sur l’exemple de «La Môme 2.0 : Next Generation» pour le concours organisé par Canal +.
On m’a fortement déconseillé de proposer mon merveilleux mélange de « La Rafle » et de « Destination Finale », allez savoir pourquoi…

(NB : je ne suis pas la seule coupable – les grands moments de littérature que je vous propose ici sont aussi l’œuvre de mon petit comique de petit ami. Quel couple sympathique !)


Les Choristes 2 : Dance Battle

Fini le primaire, fini de rigoler. Lors de son entrée au lycée, le jeune Pierre Morhange va découvrir que l’amour et le respect ne peuvent se gagner qu’à travers une seule chose : les duels de break dance. Et lorsque la paisible pension Bernadette Soubirous de Gif-sur-Yvette est tirée au sort pour affronter le LEP Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles, Pierre décide de remporter le tournoi afin de séduire la belle Nassima. Pour cela, il devra avant tout affronter celui qui lui vole son goûter tous les soirs : le redoutable Samir, frère de Nassima, numéro deux mondial de Moonwalk. Un combat terrifiant attend Pierre. Un combat qui lui apprendra qui il est vraiment. Quelles sont ses limites. Et surtout, comment faire un bon couscous.


La Guerre des Boutons 2 : La Revenche du Quartier West

A Los Angeles, Gros Gibus vivait loin de son passé criminel jusqu’au jour où son petit frère, Petit Gibus, est kidnappé par la mafia de New York. Contraint de reprendre ses activité de dealer pour réactiver son réseau et lever une armée, il doit affronter les ravages d’une mystérieuse nouvelle forme de méthamphétamine : le « bouton ».


Le Pacte des Loups 2 : La belle, la bête et le sorcier chinois

Alors que la révolution française fait rage, la comtesse de Ségur veut reprendre le contrôle du peuple et engage un mystérieux inconnu au sourire malicieux pour retrouver la progéniture de la bête du Gévaudan. Parallèlement, un commando de révolutionnaires part également à la recherche de l’animal, élément crucial pour mener l’assaut sur la Bastille. Débute alors une course contre la montre liant à jamais le destin du futur pays des droits de l’Homme à celui de la bête…


Mesrine 3 : Hold-Up sur l’Enfer

Après sa mort, Jacques Mesrine est retenu prisonnier dans les geôles de Lucifer pour y expier ses péchés. Mais lorsque sur Terre, le commissaire Broussard fait courir une rumeur concernant les penchants sexuels du défunt criminel (jeunes hommes circoncis, nains transformistes, fruits et légumes, etc…), ce dernier décide de retourner dans le monde des vivants pour se venger. Même si pour cela il doit s’évader… de l’Enfer.


Ne le dis à Personne 2 : Le Secret des Templiers

C’est l’heure des retrouvailles pour Alexandre et Margot après des années de séparation. Mais un mail anonyme va à nouveau faire basculer leur destin en leur apprenant que Philippe Neuville n’était autre que le chef de l’Ordre des Templiers, et que ses membres cherchent à se venger de celle qui a tué leur leader. Pour survivre, le couple va devoir retrouver un coffre mystérieux, qui selon la légende serait enfoui sous France-Miniature.


Entre les Murs First Class : Le Secret du Chinois

L’évolution est en marche. Ils sont parmi nous. Ils sont déjà là…. Les Chinois. La classe de CP de l’école Tony Parker de Bobigny compte parmi ses rangs le petit Chang. Un jeune prodige de six ans qui obtient mystérieusement, à chaque trimestre, une moyenne de 20/20. Mais comment fait-il ? Ahmed et Jean-Marie, deux de ses petits camarades, décident de percer le mystère du petit asiatique. Des travailleurs clandestins aux pédophiles en passant par les fabricants de Playmobil, leur quête les mènera dans les bas-fonds du neuf-trois…


Jules et Jim Ultimatum

2125. Jules Jameson et Jim Johnson sont les arrière-arrière-arrière-arrière petit fillots de Jules et Jim, mais ils l’ignorent. Ce qu’ils savent, en revanche, c’est qu’ils sont les deux champions du monde de Pin-Ku, un art martial futuriste très élaboré, et que seul le meilleur pourra accéder au titre suprême de numéro 1. Leur destin va être bouleversé quand la mystérieuse Marie-Jing, leur demi-sœur commune, décide de sortir de l’ombre pour leur avouer la vérité sur leurs origines. Entre le sang, les larmes et leur amour naissant pour leur informatrice, c’est le combat de leur vie qu’ils vont devoir jouer…

vendredi 30 septembre 2011

Same player shoot again

Allez. Le Grand Traumatisme a eu lieu il y a maintenant deux mois, et vous vous sentez enfin prête à le raconter sans risques. Quels risques ? Projeter violemment l’ordinateur contre le mur, envoyer un colis piégé, ce genre de choses.

Mais commençons par le commencement.

En ce bel été 2011, vous ouvrez, comme tous les jours, votre messagerie, dans l’espoir d’y trouver une offre d’emploi quelconque ou un e-mail de Steven Spielberg, tombé par hasard sur vos courts-métrages alors qu’il s’ennuyait sur internet.
Le message que vous trouvez alors s’apparente plus, pour vous, à la deuxième option.

Un assistant-réalisateur, un vrai, vous a contacté. Il prépare actuellement un long-métrage devant se tourner dans votre région, et recherche un stagiaire mise en scène ; la commission du film locale lui a fait parvenir votre CV, et il aimerait savoir si vous êtes intéressée.

Etes-vous intéressée ? Hmmm. Point négatif : être stagiaire à vingt-sept ans, c’est régresser quelque peu. Points positifs : il s’agit d’un long-métrage, un vrai, pas une œuvre obscure et autofinancée. Vous allez être payée bien au-delà du SMIC. C’est un film ANGLAIS. Oh, accessoirement, les rôles principaux comprennent une star de la saga «Harry Potter» et un ami à Christopher Nolan.

Vous êtes intéressée.

La vérité, c’est que même s’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours, vous êtes pour le moins hystérique. Vous vous refusez à le dire à qui que ce soit, de peur de vous porter malheur, mais vous prévenez tout de même vos parents, pour les rassurer. Mauvaise idée : la joie de votre père dépasse la vôtre. Il vous voit déjà tirée d’affaire, lancée dans le métier, à l’abri du besoin.

Il faut toutefois admettre que cette proposition inespérée tombe à pic. Vous qui n’y croyiez plus, voilà qu’une offre de folie vous tombe tout cuit dans le bec – tout hasard semble impossible. C’est tellement insensé, tellement incroyable – cela faisait tout de même quatre ans que vous étiez inscrite à la commission, quatre années durant lesquelles son absence absolue vous avait poussée à douter de son existence. Et là… BAM. Vous n’avez rien demandé, et on vous propose un rôle à la mise en scène sur un film de guerre. Donc, Dieu existe. Ou le Père Noël. Ou les fantômes de vos grands-parents. Ou les extra-terrestres. En tous cas, il paraît impossible que ceci arrive de nulle part – c’est forcément votre destin qui vous appelle, et VOUS NE POUVEZ PAS ne pas avoir ce job.

Hum.

Jour J – entretien à Paris. Bien entendu, le RER fait des siennes et vous voilà obligée de courir. Dieu merci, votre veste noire camoufle le fait que vos dessous de bras se sont transformés en piscines. Vous arrivez échevelée et essoufflée. Nom de Zeus, pourquoi faut-il toujours que les boîtes de productions aient des locaux pourris dans des immeubles délabrés et sans ascenseur ? Monde cruel.

Il vous attend dans un petit bureau. Il ressemble à Kevin McKidd, ce qui est dommage car vous serez désormais tentée de vous rouler par terre en criant dès que vous verrez cet acteur.
Au premier abord, il a l’air sympathique – vous vous asseyez confiante. Mauvaise idée : il attaque immédiatement avec une diatribe sans pitié sur les étudiants en cinéma.
« Alors je ne sais pas ce qu’on vous apprend dans les écoles, à vous les jeunes, mais… ». Bla, bla, bla. Cinq minutes consternantes durant lesquelles le monsieur s’énerve tout seul, furieux que les « jeunes » confondent le métier de réalisateur avec celui d’assistant. Et tout cela sans que vous ayez ouvert la bouche – vous n’êtes pas allée plus loin que les salutations.
Vous bouillonnez intérieurement, outrée et très mécontente que l’on vous prenne pour une quiche, et vous tentez une blagounette : « Eh bien, euh, je suis ravie qu’on me traite de jeune, ha, ha… ». Raté. Il n’a pas l’air d’avoir de l’humour. En tous cas, pas là, tout de suite, maintenant.
Bon, vous n’allez tout de même pas vous laisser insulter – vous lui répondez gentiment que vous n’êtes plus étudiante depuis longtemps, que vous êtes plus que consciente qu’un assistant-réalisateur n’est certainement pas un réalisateur (c’est peut-être pour ça qu’il est aigri, tiens), et que, grosso modo, vous êtes tout à fait d’accord avec lui. Vous réussissez à éviter de renverser son bureau en hurlant des choses comme « Non mais pauvre abruti, tu me connais pas et tu te permets de me critiquer alors qu’on a même pas encore parlé de mon expérience ? Tu veux t’battre, tu veux t’battre ?!! »… (version polie, mais vous êtes vraiment fâchée).

Votre CV est imprimé sur le bureau du bourreau, mais il ne l’a visiblement pas lu, de toutes façons – il semble réellement croire que vous sortez à peine de l’école et que vous n’avez jamais mis les pieds dans la vraie vie. D’accord, vous n’avez jamais eu l’occasion de travailler sur un long métrage, mais entre vos divers stages et emplois à la télévision, en boîtes de production, vos court-métrages et les expériences variées que vous avez eues dans le métier (non, cette phrase ne contient aucun sous-entendu sexuel), vous êtes loin d’être une débutante. Vous seriez même plutôt blasée. Une chose est sûre, vous êtes simplement loin d’être débile. Même si vous êtes donc flattée de paraître plus jeune que votre âge, vous ne pouvez le laisser croire que vous êtes une gentille paysanne débarquant de sa province. Vous décidez donc de parler court-métrage.

Quelle idée merdique. Vous avez réveillé la bête.

« Ah non. Il n’y a rien à voir. Vous êtes là, vous les jeunes, avec votre petite caméra, tout contents, à dire que vous faites du cinéma, mais vous n’y connaissez rien ! Si le chef op’ veut une heure de plus pour sa lumière, vous vous en foutez!»…
Vous regrettez amèrement de ne pas avoir enregistré cette conversation – vous auriez ainsi pu retranscrire cette tirade dans toute sa bassesse et sa mauvaise foi. Même si la partie sur les jeunes qui ont l’impression de faire du cinéma est pratiquement intacte…
Vous êtes humiliée, vexée et surtout blessée. Comment un type ayant lui-même réalisé des courts-métrages professionnels en 35 millimètres, avec une tête d’affiche et plusieurs sélections en festivals, peut-il attaquer ainsi ce format ? * Croit-il sincèrement que vous avez seize ans et que vous tournez des parodies de films d’horreur dans le jardin de vos parents avec la caméra familiale ? Il semblerait que oui.
Vous aimeriez lui raconter votre parcours, de votre amour sincère du cinéma à votre film de fin d’études, de vos tournages de prime-times au concours de scénario que vous aviez gagné. Vous aimeriez lui parler des deux jours de tournage que vous avez déjà eu, ni plus ni moins, pour achever un court-métrage, des moments de panique et de toutes ces fois où vous avez failli fouetter votre chef opérateur pour qu’il arrête de chipoter.
Vous aimeriez lui parler des nombreux courts-métrages qui se font produire, chaque année, par de vraies boîtes de production, où chaque technicien, chaque acteur est payé et déclaré comme pour n’importe quel long-métrage. Des courts qui se font acheter par des chaînes de télévision, qui sont présentés à Cannes.
Vous aimeriez lui parler de votre professionnalisme, de vos capacités, de votre motivation, et vous aimeriez vous vendre. Mais vous n’y arrivez pas. Parce que vous êtes tétanisée… et parce qu’il ne vous laisse pas en placer une.

Sa seconde entre. Vous voici désormais face à deux personnes – miam. Vous pensez encore, cependant, avoir le poste. Entre deux coups de gueule, Kevin McKidd semble en effet sous-entendre qu’il vous prendra. Suspense…

« Tu parles anglais ?
- Oui.
- Tu parles allemand ?
- Non. Espagnol ?
- Non. Tu as le permis ?
- Non. Si c’était le cas, je l’aurais mentionné sur mon CV…»

Ouh, la petite insolente que vous faites. Qu’il culpabilise donc un peu de ne point avoir lu les magnifiques deux pages trônant sur le bureau!
Gros blanc. Vous essayez une nouvelle blagounette. « Si c’était le cas, je rechercherais un poste de régisseuse… ».
Kevin McKidd vous jette un regard horrifié – il faut dire que vous passez alors, à ses yeux, pour une handicapée mentale. C’est toutefois son assistante qui attaque la première et vous passe un savon pendant cinq bonnes minutes. Décidément, ils ont l’art du monologue, ces deux là… Vous serrez les dents et souriez niaisement, acceptant sans broncher la douche d’insultes à peine dissimulées. Comment osez-vous postuler à un poste d’assistante sans avoir le permis ? Ben, euh, peut-être parce que ce sont eux qui sont allés vous chercher, et qu’ils avaient votre CV depuis le début ? Gnnnnnn.

Kevin McKidd vous déclare ensuite que tout ceci est bien embêtant, car vous auriez pu avoir le poste s’il ne s’agissait pas là d’un film au « budget réduit » : il comptait sur vous pour transporter les acteurs et faire les courses – les joies de la régie, somme toute. Il semble effectivement évident qu’un film historique bourré de têtes d’affiche puisse manquer de budget…
« Vous êtes une assistée, pas une assistante ».

Vous avez envie de pleurer ou de lui cracher au visage. Pleurer semble toutefois plus facile, parce que vous n’avez jamais réussi à cracher. Mais vous faites bonne figure.
Les deux acolytes, après un regard on ne peut plus explicite, vous déclarent qu’ils n’ont plus de questions, et que vous pouvez prendre congé : « on vous rappellera ». Vous vous levez dignement (enfin, c’est ce que vous pensez, vous n’aviez pas de retour vidéo), et leur faites comprendre que vous n’êtes pas dupe. Vous leur souhaitez bonne chance pour le film et quittez les lieux tout sourire – vous n’allez quand même pas leur montrer qu’ils vous ont touchée.

Bon. Aurait-ce été vraiment intéressant d’avoir un job fantastique, si le courant ne passait pas du tout avec vos supérieurs ? Etes-vous passée à côté de l’occasion de votre vie, de l’emploi qui aurait tout débloqué ?
Vous ne savez pas.

Kevin McKidd voulait vous faire comprendre que le métier est difficile, et que lui-même en a bavé. Certes. Pour autant, de quel droit de parfaits inconnus peuvent-ils se permettre de s’acharner sur vous lors d’un entretien ? S’en prendre à un l’un de ses subordonnés qui l’aurait mérité, d’accord. Mais depuis quand s’énerve-t-on sur des candidats ?

Vous avez l’amère impression que l’on ne vous a rencontrée que parce que vous étiez une « locale ». Ce type savait-il seulement que vous viviez et travailliez à Paris ? Et même si vous habitiez toujours dans la région de vos parents, la région où vous vous êtes inscrite à la Commission du Film… cela ferait-il de vous une pauvre provinciale inculte ? Vous n’étiez qu’une péquenaude, dans ce bureau, une gentille paysanne, et vous méprisez encore une fois l’arrogance et la suffisance de ces parisiens qui se croient supérieurs.


Pour vous venger, vous deviendrez un immense réalisateur.




* Merci Google.

vendredi 19 août 2011

Return of the blog.

Non, non et non – ce blog n’est point mort. Si tel était le cas, vous l’eussiez annoncé, et la chose aurait été enterrée avec les honneurs qui lui reviennent (disons, une bouteille de moelleux et un brownie Monoprix. Minimum).

Oui, il est assez étonnant qu’une chômeuse de votre acabit ne trouve pas le temps de venir poster, pour ne pas dire geindre et vomir sur le petit monde du cinéma français.

Les voies de la motivation sont impénétrables… Accessoirement, il faut bien avouer que vous êtes parfois trop écœurée, remontée ou simplement triste pour avoir envie de relater vos aventures cinématographiques.

Toutefois, vous êtes actuellement en vacances, et le chant des cigales semble avoir une influence bénéfique sur votre désir d’écrire.

Oui, en vacances. C’est à dire qu’il y a, voyez-vous, une grande différence entre les vacances et le chômage – différence que les mauvaises langues s’empressent de faire disparaître dans le néant le plus abyssal. Le chômage consiste en un enchaînement de journées vaines et vides dans une ville où il ne fait généralement pas beau. Vous mourez d’envie de travailler (si, c’est possible) et le fait de ne rien faire vous culpabilise et vous déprime. Vous angoissez chaque jour en pensant au lendemain, vous postulez à divers postes tout en envoyant vos scénarii à droite à gauche, et vous n’avez jamais l’esprit tranquille. Les restaurants que vous vous offrez se limitent aux fast-foods et aux Japonais, Chinois et autres menus alphabétiques à moins de huit euros. Tandis que les vacances, c’est être dans un endroit situé au moins sous Lyon, où les gens ont un minimum d’accent, et où les kilomètres vous éloignant de votre domicile vous garantissent un certain repos spirituel – c’est encore mieux si les collines arides empêchent votre téléphone portable de capter toute forme de réseau.

Donc, après avoir répondu avec enthousiasme à un concours de scénario et disserté avec bonheur sur des suites improbables (explications en bas de cet article), vous avez eu comme une envie de blogger, là, tout de suite, maintenant.

C’est l’été, et la terre entière tourne – sans vous. Toutefois, vous êtes encore passée à CA de votre destin, ces derniers temps… et vos déplorables pérégrinations méritent indubitablement de figurer sur ce site. Vous êtes fâchée et frustrée, frustrée, FRUSTREE ! Vous avez envie de faire du cinéma, nom de Zeus de nom de Zeus. Ca vous chatouille, ça vous démange, c’en est insupportable – comment peut-on vouloir à ce point quelque chose qui semble constamment repousser vos avances ? Vous vous êtes gavée de bons films, « Super 8 » en tête, et tout ce à quoi vous pensiez, alors que vos poils de bras se hérissaient et que les papillons envahissaient votre ventre, c’est que vous vouliez en être. C’est toute votre vie !

Votre meilleure amie travaille sur un (bon) gros film français, et Joseph Mazzello s’affiche dans le nouveau « Band of Brothers », sur une chaîne nationale, au lieu de venir tourner dans votre premier long. C’est inadmissible. Et vous vous retrouvez, une fois encore, pleine de rage contenue et de passion inachevée, exorcisant vos idées noires et vos envies en public sur internet. Mais que le joyeux lecteur ne se méprenne pas : vous n’aspirez qu’à le faire sourire (et, accessoirement, à le mettre en garde, s’il décidait par malh… par bravoure et courage de choisir une vie d’artiste). Et le charmant conte de Noël que représente votre dernier entretien s’y prête très probablement…

Stay tuned, comme disent donc nos amis américains ! (Musique et grosse voix de bande-annonce) Bientôt sur vos écrans*, de l’action, du suspense, de la haine ! Une histoire d’amour déchirante, des zombies et des tripes ! L’histoire d’une apprentie réalisatrice essayant de montrer son cerveau à Cannes, ce qui n’est pas chose aisée quand vous êtes une créature en robe au bras d’un jeune réalisateur ! Avec, en bonus, l’histoire merveilleuse de la fille qui aurait pu être stagiaire mise en scène sur un gros film anglais ! En costume ! Avec des acteurs de renommée internationale ! Woohoo !

En même temps, quelle serait la raison d’être de ce blog si vous réussissiez… ?



* vos écrans d’ordinateurs, cela va sans dire. Ou de Smartphones, d’accord. Bande de nantis !

Cadeau bonus : l’explication sur les suites improbables.
Il se trouve tout simplement que, à l’occasion du lancement de « Platane », la nouvelle série d’Eric Judor, une certaine chaine cryptée organise un concours. Les prix ne sont pas extraordinairement extraordinaires (un coffret DVD, ce genre de choses – pas la production de votre trilogie d’héroïc-fantasy en 3D), mais le thème vous fait rire. Il s’agit donc plus ou moins de pitcher une suite improbable à un grand film culte, la suite créée par Eric dans la série étant en l’occurrence « La Môme 2.0 : Next Generation ». Or, il faut bien avouer que lorsqu’il s’agit d’écrire des conneries, vous êtes étrangement très en forme (vous en êtes à une dizaine de titres…)
Vous vous ferez d’ailleurs un plaisir de poster quelques unes de vos magnifiques idées dès la fin du concours, gagnante ou non. Ce serait dommage de gâcher cela !
(Vous aurez peut-être uniquement des retours négatifs, le monde entier trouvera vos pitchs consternants et pas drôles du tout, on vous jettera des pierres et vous vous suiciderez probablement en vous jetant du haut de l’UGC Ciné-Cité Bercy. Mais c’est un risque à prendre.)

samedi 14 mai 2011

Cannes, première (le samedi 14 mai).

Avertissement : ce message ne contenant pas de critiques de films, soit averti, ô lecteur, de son aspect futile et potentiellement inutile. De même, si vous êtes un incorrigible blasé, passez votre chemin : cet article est joyeusement naïf.

Vous vous réveillez avec des fourmis dans le bout de doigts, comme à l’époque de vos études. C’est un signe qui ne trompe pas : cela n’arrive que lorsque vous vous couchez à l’aube, et que vous n’avez pas assez dormi. Trois jours à Cannes et vous êtes déjà un zombie, c’est désolant… Même pas trente ans et déjà un métabolisme de mamie !

Mais qu’avez-vous donc fabriqué ? Qu’est-ce qui vous vaut ces jolies cernes violacées, cette chevelure hirsute et, ouh, tiens, ce teint hâlé ? Que faites vous de vos journées, finalement ? Petit compte-rendu Cannois…

Etape 1 : RENTABILISER.

Votre compte en banque ayant subi une liposuccion très sévère, vous mettez un point d’honneur à rentabiliser votre séjour au maximum. En d’autres termes, vous cherchez à mettre la main sur tout ce qui est gratuit, cadeau, offert, à volonté. La quinzaine a bien commencé, puisque vous avez découvert, en récupérant votre badge, qu’un sympathique sac aux couleurs du Festival vous était offert – sac contenant tous les catalogues et autres livres en papier glacé que le commun des mortels se verra obligé d’acheter une fortune à la boutique officielle. C’est toujours ça de pris, vous dites-vous en sirotant votre bouteille d’eau gazeuse (gracieusement offerte, cela va sans dire). Les grandes marques ayant décidé de mettre le paquet, vous avez également décidé de goûter tous les parfums d’une nouvelle boisson fruitée. Cela vous vaut une magnifique nausée et une envie de vomir persistante pendant des heures. Tant pis… C’était gratuit.

Vous vous servez allègrement dans la presse qui vous est offerte, du magazine gratuit au magazine professionnel de pointe, en passant par la presse people. Vous rentrez chaque soir avec le dos en compote, harassée par le poids de votre sac qui s’alourdit tous les dix mètres, mais au moins, vous avez de quoi lire aux toilettes. Vous récupérez tout aussi joyeusement tous les badges publicitaires ou promotionnels que l’on vous offre – tant pis si vous ressemblez à une femme-sandwich, vous aimez vous sentir gâtée !

Et puis il y a, bien sûr, la plus merveilleuse des inventions : l’open bar. Vous avez la chance de ne pas être seule sur la Croisette, et certains amis ont la gentillesse de vous faire bénéficier des avantages de leur statut (dis comme ça… Non, vous ne connaissez personne de haut placé, cela va sans dire. Mais chacun a ses petites entrées. Merci à eux). Vous avez donc un joli petit carton rose autour du cou vous permettant d’accéder à la plage du Majestic. Plage où, bien entendu, vous ne faites rien d’autres que boire. Des boissons non alcoolisées, bande de mauvaises langues – il fait bien trop chaud dans ce pays, et vous cherchez surtout à récupérer l’eau qui a disparu dans les piscines que sont devenues vos aisselles (qui a dit que ce blog était glamour ?).

Bon, d’accord. Vous avez aussi profité d’un open bar alcoolisé. Hier soir, vous êtes entrée pour la première fois dans une soirée sur une plage privée. On vous a fait PASSER. Vous. La misérable petite chose ne portant même pas de talons ! Alors oui, la soirée était nulle, l’ambiance inexistante, et la moyenne d’âge avoisinait les 70 ans. Mais vous étiez assise sur un canapé au bord de l’eau, avec vue sur le vieux Cannes tout illuminé, et le vigneron derrière le comptoir était fort sympathique. Vous avez donc pu, dans une optique de rentabilisation, profiter de plusieurs coupes à l’œil. Prochaine étape : obtenir gratuitement des choses plus concrètes et durables : stylos ? Porte-clés ? T-shirts ?

Etape 2 : S’ENTRAINER.

Avoir un Oscar ne signifie pas seulement être reconnue mondialement pour un travail de qualité. Cela signifie aussi être capable de traverser un tapis rouge sans trébucher et surtout, sans se jeter comme une hystérique sur la première célébrité venue. Vous pratiquez donc le bain de stars.

Vous avez, pour l’instant, eu la chance de monter deux fois les marches. Le premier soir tout d’abord, pour la deuxième séance nocturne du Woody Allen. Puis deux jours après, pour la présentation du film « Polisse », de Maïwenn. Pour le tapis rouge, c’est raté, cela vous terrifie toujours. Vous êtes ravie et gloussez intérieurement lorsque vous passez les barrières et autres gardes féroces, et que vous remontez la rue jusqu’au Palais sous le regard envieux des passants. Mais une fois arrivée sur cette maudite moquette, vous êtes mal à l’aise. Les objectifs vous ont toujours pétrifiée – le fait que vous vouliez être derrière la caméra n’est pas anodin… Et, même si vous n’êtes personne, vos mains sont moites et vous vous sentez inappropriée en ce lieu saint. Pour cette partie là, il vous faudra pratiquer encore…

En revanche, surprise ! Vous êtes placée dans l’orchestre, au premier rang devant la scène, et non pas au balcon. Et on vous laisse entrer, contrairement à la fois précédente où, malgré votre billet, on vous avait envoyée sans ménagement dans les hauteurs, votre look n’étant visiblement pas encore au point. Surprise encore, un gros producteur français s’installe derrière vous. La salle se remplit, et les sièges voisins se parent d’une multitude d’êtres humains ayant tous l’air de gagner mille fois votre salaire annuel. Vous vous retournez et constatez que, cinq mètres derrières vous, les fauteuils portent les noms de l’équipe du film à venir, ainsi que de bons nombres de célébrités nationales. Nom de Zeus. Si vous sortez vous soulager pendant le film, vous ne passerez pas inaperçue. Vous n’osez donc plus bouger. Vous n’aviez pas compris que vous assistiez à une première. Vous pensiez être la deuxième projection de la soirée.

Tout le monde se met en place et vous sentez presque intégrée… Du moins, vous ne faites pas de gaffe, ce qui est bien votre genre. Un jour, ce sera votre tour, songez-vous en essuyant vos mains pour la vingt-cinquième fois sur votre robe. Vos entrailles émettent d’étranges gargouillis (merci, boisson fruitée immonde et gratuite) qui sont, fort heureusement, noyés dans le son du film. Vous regrettez tout de même votre consommation abusive de jus de fruits – avoir peur d’être prise d’une gastro-entérite fulgurante gâche quelque peu votre bonheur (fort heureusement, il n’en sera rien, et l’honneur de cet article sera sauf).

Le film terminé, vous regagnez doucement la sortie, coincée entre deux célèbres décolletés. Vous restez le plus longtemps possible dans le couloir, laissant les stars défiler à vos côtés, pas impressionnée pour un sou*. La vérité, c’est que vous adorez comparer votre taille à celle des professionnels qui vous frôlent. Vous êtes plus grande que tout le monde, ce qui représente finalement votre plus grand moment de satisfaction. Oui, c’est puéril mais c’est comme ça. Que celui qui n’y a jamais pensé me jette la première bière (gratuuuuuite !).

Vous pénétrez également dans les grands hôtels. Vous ne pensiez pas en avoir le droit – vous imaginiez même plutôt qu’on vous jetterait violemment dehors – mais vous suivez, l’air de rien, votre ami journaliste à travers le dédale de couloirs du Carlton et du Martinez (dont le hall exhale une puissante odeur, étrange mélange entre le désodorisant vanille pour les toilettes et l’eau de parfum pour veille dames. Bizarre). Vous n’avez pas pensé à utiliser l’ascenseur mais, espérant y croiser du beau monde, vous avez inscrit cette activité on ne peut plus ludique à votre programme. Si toutefois vous osez… Mais soyons optimistes, il reste plus d’une semaine.

Vous misez également sur le fait que vous avez donné votre carte de visite à un attaché de presse chargé de vous appeler si soirée il y a. Bon, vous ne misez que moyennement, le dos de votre carte portant en effet la mention «Imprimé gratuitement»… C’est tout vous, ça. Mais au moins, vous n’aurez pas de regrets.

Etape 3 : SHORT FILM CORNER.

Et votre film, dans tout ça ? Il a, pour l’instant, été visionné cinq fois – on ne rigole pas, cela fait plus d’une fois par jour, ce qui est plus qu’honorable… selon vous.

En revanche, difficile de se promouvoir, la guerre des flyers faisant rage dans les couloirs du Short Film Corner. Chaque jour, les murs entiers sont couverts et recouverts, les flyers les moins frais noyés sous la masse. Certaines personnes, peu fair-play, n’hésitent pas à recouvrir tout ce qui bouge, et vous cherchez donc un moyen plus efficace de diffuser vos magnifiques petits papiers glacés. Mais encore une fois, en une semaine, tout reste possible : vous êtes donc priés de croiser vos doigts, vos cheveux et vos poils de barbe pour moi. Merci !


* Le lecteur intelligent aura compris qu’il s’agissait uniquement de stars françaises, et qu’il n’y avait donc pas de quoi être hystérique. Même si vous regrettez un peu de ne pas avoir sauté sur Gilles Lellouche.

mardi 10 mai 2011

Back to the Future.

Votre semaine a consisté en une multitude d’activités toutes plus décérébrées les unes que les autres que n’aurait pas reniées cette pétasse de Carrie Bradshaw. Visite annuelle chez le coiffeur, un détour par le pressing ; vous vous faites les ongles des mains ET des pieds (mille excuses, ô lectorat masculin), et passez une heure à vous épiler les jambes.

Non, vous n’allez pas jouer dans « Bridget Jones 3 » - plutôt dans « Apocalypse Now », en fait : vous retournez au Festival de Cannes !

Pendant que l’infâme machine du diable dévore la chair tendre et diaphane de vos malheureux mollets, vous vous surprenez à rêvasser. Pourtant, vous savez pertinemment que vous n’avez pratiquement aucune chance de repartir avec des contacts ou, mieux, du travail. Vous vous promettez cependant d’essayer de faire au mieux. Après tout, quitte à se ruiner, autant optimiser la chose. Si vous pouviez seulement vous dégoter un petit producteur pour vos deux prochains courts métrages… (A défaut, vous accrocher à la jambe de Jude Law, membre du jury, suffira).

Mais qu’allez-vous donc faire à Cannes ?

Eh bien, il se trouve que, à votre grande joie, votre court-métrage a été accepté au Short Film Corner. Vous avez donc loué un studio avec d’autres apprentis réalisateurs, intérimé non-stop pour essayer de renflouer votre compte en banque d’artiste, et êtes même allée jusqu’à créer des flyers et un site internet pour votre film, qui n’en demandait pas tant. OP-TI-MI-SER !

Vous avez, il faut bien l’admettre, été fort déçue par la réaction de certains de vos petits condisciples. En province, pour votre famille et vos amis, vous avez une chance incroyable, et tous vous envient – vous êtes pratiquement partie sous les vivats de la foule. Alors qu’à Paris… La plupart des festivaliers que vous avez croisés affichent une nonchalance insolente et aiment à décréter, blasés, que « n’importe qui peut aller au Short Film Corner ».
Vous avez horreur, comme toujours, de cet apparent manque de passion et d’enthousiasme, de cette bourgeoisie cinématographique qui ne réalise même plus sa chance. Hé, les mecs – c’est Cannes ! Nous avons tout de même la chance de vivre dans le pays organisateur du plus grand festival du monde (« ce qui compense quelque peu le niveau de la production nationale », pensez-vous en éclatant d’un rire sadique), un fait que beaucoup de cinéastes en herbe péruviens, thaïlandais ou eskimos nous envient probablement. Et puis, allez donc dire à tous ces gens qui passent des heures à attendre derrière des barrières, devant le Carlton ou tout autre misérable endroit où l’on vous fait bien comprendre que vous n’êtes pas invité à la fête, qu’il est FACILE de participer ! De votre point de vue, réunir de quoi réaliser un court-métrage ou mieux, se faire produire, mener le projet à bien et, enfin, dégainer les quelques quatre-vingt-quinze euros nécessaires à l’inscription n’est pas chose facile, non. Vous avez été derrière ces barrières, vous aussi, et vous auriez aimé que quelqu’un triche pour vous en inscrivant son œuvre, et vous crédite en tant qu’actrice dans un film où vous n’apparaissez pas, en tant qu’animatrice dans un film sans animation, tout cela dans le but de vous faire bénéficier d’une accréditation… (oui, le trafic d’accréditation est, vous l’avez découvert, très répandu). Vous ne comprenez pas cette suffisance idiote qui empêche vos congénères de laisser exploser leur joie et de faire la danse de la pluie tous nus en chantant la chanson de la victoire.

Vous avez reçu un email du Short Film Corner expliquant en long et en large qu’être accepté est un gage de qualité, et que vous avez donc obtenu le droit d’apposer le précieux logo sur votre affiche. En somme, cela veut bien dire, tout de même, que votre court-métrage n’est pas un film de vacances amateur. Tout cela, c’est un peu comme le Label Rouge pour la viande, finalement. Vous êtes un beau morceau de viande fraîche, pas un steak haché surgelé de marque distributeur. Non mais oh.

Le fait est que vous êtes ruinée, fatiguée mais hystérique. Même si vous n’êtes que l’un des mille huit cent films courts présentés, et sans aucun doute pas le meilleur, même si vous n’êtes toujours rien, hé bien vous avez une accréditation, un beau badge clamant haut et fort à la face du monde que vous aussi, vous faites partie de tout ça. Alors franchement, on se sort le balais des fesses et on lève les bras : elle est pas belle, la vie ?


(Oh et puis merde. Au moins, il y a la mer !)

mercredi 6 avril 2011

Top modèles et quête d’identité.

Samedi soir. Vous sortez du cinéma avec une certitude : vous voulez être Simon Pegg et Nick Frost. Est-ce normal, pour un individu femelle de vingt-sept ans, de vouloir ressembler à un gros nerd au physique de, euh, de gros nerd?

Le fait est que vous accepteriez volontiers de ressembler à Nick Frost si l’on vous garantissait une carrière comme la sienne. Et encore plus à Simon Pegg – oh, oui. Vous accepteriez même une bonne bedaine de buveur de bière si vous pouviez être à l’origine d’un film de zombies absolument culte, ou jouer dans un bon film de science-fiction. Si ça, ce n’est pas se sacrifier pour son art…

Toujours est-il que ceci vous renvoie à votre éternel problème : vous êtes une fille. Et le hic, c’est qu’il semblerait que la réussite cinématographique passe par le fait d’être un gros barbu. Ou, du moins, un barbu.

Le cas Simon Pegg mis à part, vous avez en effet passé votre courte vie à constater que la barbe fait partie intégrante du rêve américain. Steven Spielberg. Georges Lucas. Peter Jackson. Guillermo Del Toro. Francis Ford Coppola. David Fincher. Les frères Coen. Et on ne peut pas dire que Tim Burton soit rasé de frais. Même Quentin Tarantino a une petite barbichette. Riquiqui, certes, mais une barbichette quand même. James Cameron compte également comme un barbu, d’autant qu’il ne ressemble vraiment plus à rien depuis qu’il a changé de tête.

D’accord, il reste des Martin Scorcese, des J.J. Abrams, des Woody Allen. Mais le pourcentage est minime, vous devez bien l’admettre.

Alors oui, Kathryn Bigelow a obtenu l’Oscar de la meilleure réalisatrice. Vous pouvez donc, visiblement, recevoir un Oscar si vous n’êtes pas barbue, ce qui est plus ou moins rassurant. Mais vous ne voulez pas être Kathryn Bigelow ! Vous voulez être Steven Spielberg ! C’est comme ça : vos plus grandes idoles sont BARBUES. Point barre.

A défaut, vous allez acheter une casquette. Ca aussi, ça marche bien, la casquette – il suffit de regarder n’importe quel making-of pour comprendre qu’il s’agit de l’accessoire indispensable du réalisateur, loin devant le mégaphone ou la chaise en toile.

Quelle tragique condition que la vôtre – tant d’ambition et la certitude de n’être jamais un réalisateur respecté comme il se doit. Parce que, tout de même, vous savez que vous n’aurez aucune crédibilité, sans votre barbe.

Quand on vous dit que c’est dur, d’être une fille…

jeudi 31 mars 2011

Api Birzdè.

Nom de Zeus ! Ce blog a déjà un an. Un an, pas assez d’articles, mais encore mille emmerdes à raconter. Et quelques bons moments aussi, d’accord.

Outre le fait qu’un anniversaire reste une bonne excuse pour se goinfrer de génoise et faire péter le Champomy, profitons de l’occasion pour établir un joyeux bilan de l’année qui vient de s’écouler (oui, il s’agit là de masochisme).

Mars 2010 à mars 2011 représente donc, pour vous, dans le désordre :

Un court-métrage.
Mais seulement deux jours de tournage.
Neuf mois de saisie de données.
Neuf cent vingt tournages sur lesquels vous n’avez pas travaillé.
Huit mille quatre cent quatre vingt quinze chèques endossés (approximativement).
Deux jours « surprise » au festival de Deauville.
Une journée de figuration très drôle sur le court-métrage d’un ami, où vous avez eu droit à votre première expérience de la prothèse au cinéma – en l’occurrence, de magnifiques dents de vampires moulées sur vos canines. La grande classe !
La honte de votre vie avec M. Night Shyamalan.
Six semaines d’écriture et de travail pour un producteur anglais qui, en fait, n’existait pas. *
Un après-midi sur le tournage d’un film avec Ethan Hawke, sans Ethan Hawke.
Quelques heures passées aux Auditoriums de Boulogne pour y préparer une projection de votre film – expérience plutôt intéressante, puisqu’on vous y a considérée comme réalisatrice, au même titre que Daniel Auteuil par exemple, qui passait par là. D’abord.
Zéro heure sur cinq cent sept.
Une nuit de mixage dans le studio où l’on double «Les Frères Scott» (vous n’avez jamais regardé et c’est sûrement nul, mais ça le fait, non ?)
Une master-class de Terry Gilliam aux côtés de Liev Schreiber, humble petit fan comme vous.
Un coucou d’Al Pacino, entouré d’une nuée de fans en délire sur Broadway.

Pas beaucoup d’euros, pas encore la gloire, mais beaucoup de bonheur, somme toute. Comme qui dirait, en fait, ça pourrait être pire…

Accessoirement, c’est aussi plein de belles rencontres, notamment grâce à ce bl… site. Rencontres qui vous ont redonné foi en votre pays : non, tous les Français ne consacrent pas tout leur temps libre à l’allumage de cierges en l’honneur de Saint Chiant du Film d’Auteur. Il existe des insurgés qui luttent dans l’ombre, des irréductibles qui croient encore au cinéma et qui, à défaut de le révolutionner avec vous (pour l’instant !), vous redonnent constamment espoir – vous n’êtes pas seeeeeeule !


* La réalité est toujours pire que la fiction, et cette vile anecdote justifiera un article à elle seule… quand vous aurez digéré l’affront qui vous a été fait, et que vous serez capable de la raconter sans proférer insultes et envies pressantes d’éviscérations et autres dépeçages en règle.

dimanche 20 mars 2011

It's like ten thousand spoons when all you need is a knife

Vous voulez savoir ce qu’est l’ironie? L’ironie, c’est quand la vie se moque de vous jusqu’au bout.

Petite illustration comique.

En ce glorieux 17 mars, jour de la non moins glorieuse St Patrick, vous êtes en route pour aller fêter dignement vos origines irlandaises. En voiture avec trois autres personnes, famille et amis, n’ayant absolument aucun rapport, si ce n’est par vous, avec le monde du cinéma.
Vous êtes d’ailleurs en retraite dans votre QG de campagne, chez vos parents, en province. Province qui, il faut bien l’avouer, s’avère être la région de France où la production audiovisuelle est la plus... inexistante. Enlevez le France 3 régional, et vous aurez peu de chance d’y croiser une caméra ou un projecteur. Vous n’avez même pas une chaîne locale de laquelle vous pourriez rire. Le vide absolu.

Aucun risque, a priori, que l’audiovisuel vienne vous narguer. Votre pauvre ego fatigué est en VACANCES.

Quelle était la donc probabilité pour que :

1) Vous preniez un auto-stoppeur ?

Probabilité quasi-nulle. Vous n’aviez pas croisé d’auto-stoppeurs depuis 1912, et la voiture était pratiquement remplie. Mais vous étiez de bonne humeur. Diantre !

2) Cet auto-stoppeur vous annonce que sa petite amie désire être réalisatrice ?

Probabilité infinitésimale, surtout si l’on en croit votre situation géographique. Nom de Zeus, vous n’étiez quand même pas sur le périph’ ! Et puis, des apprentis réalisateurs, il y en a à la pelle, et vous vous en fichez. Mais des réalisatrices en herbes ! Des concurrentes ! Des... des ENNEMIES ! Vous la haïssez immédiatement.

3) La petite amie en question soit actuellement à Los Angeles...

(votre cœur saigne)

3 bis) ... A Los Angeles, en train de parfaire sa formation au célèbre Cal Arts, école où a notamment étudié Tim Burton, mais je-dis-ça-je-dis-rien ?

(votre cœur coule franchement, là)

Alors ? Honnêtement ? Quelle était la probabilité que ce type se retrouve dans votre voiture et vienne vous achever de façon aussi cruelle et sordide ?

Quand on pense que le voyage n’a même pas duré quinze minutes...
Nous sommes donc d’accord : la probabilité frôlait le zéro abyssal, la nullité intersidérale. En d'autres termes, le destin vous nargue. CQFD.

Cette anecdote confirme également ceci : tous les auto-stoppeurs sont bel et bien des psychopathes sans remords. CQFD, deuxième.
La prochaine fois, ce sont eux qui devront avoir peur de vous. Non mais oh !

samedi 12 mars 2011

Bouh, la loose!

Vous êtes lucide : vous savez que personne ne risque de vous appeler après avoir vu votre court-métrage en festival, vous proposant amour, gloire et beauté. Ou juste du travail. Toutefois, vous aimez l’idée que votre film soit vu par de parfaits inconnus. Et s’ils y prennent plaisir et même, récompense suprême, rient, vous aurez tout gagné.
Bien entendu, avant cela, il vous faut passer l’étape des sélections ; mais, motivée comme vous l’êtes, du moins pour l’instant, vous l’envoyez absolument partout. Partout incluant notamment le Japon et le Brésil. Votre producteur va être tellement heureux quand il apprendra que vous lui avez gardé les notes de la Poste – cette simple pensée suffit à votre bonheur.

Et puis ça y est : un beau jour, vous recevez un email. Email contenant les mots magiques : vous-êtes-sélectionnée. Votre film va être VU ! Plusieurs centaines de personnes vont rire, pleurer, sourire, puis se lever et applaudir de toutes leurs forces votre œuvre ! Les chaînes de télévision vont se le disputer, mais vous en céderez finalement les droits à une petite boîte de production qui s’appelle Amblin et qui appartient à Ste... Et voilà, ça y est, vous recommencez.

Le fait est que le festival en question se situe en France. A Paris – bon, c’est toujours plus glamour que Dégueulboule-les-Mourichon. Au revoir Steven – ce n’est que partie remise.

Vous êtes tout de même ivre de joie, et vous vous empressez de répandre la bonne nouvelle. Votre première sélection, merde ! Il semble même qu’il y a une interview à la clé – ça ne rigole plus. Cerise sur le gâteau, on peut acheter des places sur internet. OUI ! Des gens vont payer pour voir votre court-métrage. Vous passez vos journées sur Google, emplie du plaisir simple de voir des sites de billetterie s’afficher lorsque vous tapez votre nom.

Le jour J, le soir S, à l’heure H, vous rejoignez donc votre heureuse équipe devant le cinéma. Qui est en fait un bar.
Ce n’est pas grave. Votre première sélection, on a dit. Merde !

Vous êtes tout de même très émue, parce que le joyeux et fidèle soutien est venu en force ; vous êtes donc une dizaine, prêts à représenter le film fièrement. Quel beau navire, quel équipage, quel grand capitaine vous faites !

La première chose que vous remarquez en entrant dans le bar, c’est qu’un acteur célèbre y est attablé. Bon, peut-être pas célèbre, mais connu. Oui, disons connu. Assez connu. Voilà.
Et c’est reparti pour la machine à fantasmes : il va voir votre film, va rire, va venir vous parler après la projection et vous proposer de vous présenter à un producteur et STOP ! Vous essayez de vous maîtriser. Mais quand même : on ne sait jamais.

La projection se déroulant dans le caveau, votre belle équipe et vous décidez de descendre. Euh. C’est râpé pour la standing ovation par des centaines de personnes : à tout casser, il y a de la place pour cinquante. Et encore.
Nom de Zeus – selon de savants calculs, votre équipe représente pratiquement un cinquième du public...

Les gens descendent à leur tour et votre petit cœur se gonfle d’orgueil et de bonheur naïf : on frôle l’émeute ! La salle est plus que comble ; toutes les places sont prises, et bon nombre de cinéphiles sont debout, derrière les autres. Finalement, votre film va quand même bien être vu ! Vous souriez bêtement.
Huit court-métrages vont être diffusés ; vous êtes censée passer en septième. Le meilleur pour la fin ? Ha, ha, ha...

La projection commence. Ce qui est vraiment génial, c’est que vous ne voyez rien. Le premier film est très sombre, et il y a tant de têtes devant vous que vous décidez de vous contenter du son et d’un bout d’écran, en haut à droite. Vous espérez seulement que vous êtes la seule dans ce cas, et que toute la salle pourra jouir pleinement de votre court-métrage.
Fin du premier court, clap clap clap, interview de l’acteur principal – ce dernier étant un peu déçu car à l’en croire, le projecteur aurait énormément assombri le film.

Deuxième court-métrage – ah, tiens, c’est celui où joue l’acteur connu, qui n’est pas loin de vous. Rhoooo – c’est tout de même incroyable : ces gens n’ont-ils donc personne à la lumière ? Encore une fois, vous trouvez ce film extrêmement obscur, dans les deux sens du terme. Il faut bien l’avouer, l’image n’est vraiment pas belle (tant mieux pour vous, déclare malgré vous votre petit cerveau retors).
Le numéro deux se termine donc, applaudissements, interviews et... et la moitié de la salle se lève et s’en va. Pour ne pas dire les trois-quarts. Il se trouve que vous n’avez pas été la seule à rameuter du monde... sauf que cette équipe a fait bien plus fort que vous. Tiens, l’acteur connu s’en va, aussi.

Le truc, c’est que vous pensiez que l’intégralité des films intéressaient le public – ha, ha, ha ! Vous êtes toujours aussi naïve, c’est absolument désespérant. Toutefois, vous auriez pensé que les gens tenaient suffisamment à leur cinq euros pour les rentabiliser et rester plus d’une heure, à défaut de respecter le travail des autres...
Le pire, c’est que vous, vous étiez sincèrement intéressée par les autres films. Bon, d’accord, c’était surtout pour savoir à quel niveau se situait la concurrence. Mais quand même !

La projection reprend ; au moins, désormais, tout le monde a une place assise. Et vous voyez même l’écran. Allez, vous ne vous laissez pas abattre – les autres équipes sont probablement plus fair-play que les traîtres du court-métrage numéro deux, et votre film va être vu par une trentaine de personnes. Positive attitude ! Il s’agit quand même de votre première sélection, merde...

Les minutes s’écoulent, les films passent, et la salle... la salle se vide inexorablement. Ce n’est pas possible – vous avez probablement été très, très méchante dans une vie antérieure. Vous détestez l’humanité entière, là-tout-de-suite-maintenant.
Quelques réalisateurs ont tout de même la décence de rester (vous vous promettez de prier pour eux vers Saint Steven) ; quand votre film commence, donc, vous estimez la population locale à une vingtaine d’âmes, votre équipe comprise. Oui, oui : en gros, votre film va être découvert par à peine plus de dix inconnus.

Mais c’était votre première sélection, merde...


Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, vous réalisez avec horreur que les six équipes précédentes ne râlaient pas pour rien : le projecteur est effectivement lamentable. Vous ignoriez que vous aviez réalisé une sorte de film abstrait se passant dans l’obscurité. C’est... intéressant. Conceptuel. Et puis, à quoi bon faire de beaux décors quand on peut simplement entourer les personnages (que l’on voit plus ou moins, Dieu merci) d’une obscurité compacte ?
Etrangement, votre corps semble vouloir glisser vers le sol – vous voulez disparaître sous votre chaise. Au secours.

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INT/NUIT – CAVEAU DU BAR

La réalisatrice, à l’agonie, tombe à genoux et lève les poings vers le ciel.

REALISATRICE
(en un cri désespéré)
Pourquoi ? POURQUOI ??

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Lot de consolation : les gens rient. Vous entendez même quelqu’un dire quelque chose comme « Excellent ! » ... Bon. L’honneur est sauf. Vous êtes même... c’est étrange... vous êtes même un petit peu contente, oui. En fait.


Bilan de la soirée ? Vous avez gagné deux amis Facebook. L’espion infiltré que vous êtes trouve quand même votre film pas si mal. Et puis, tout de même : la bière était bonne, et elle n’était pas chère. CQFD.

mercredi 2 mars 2011

Start spreading the neeeeews…


Bon. Râler, c’est bien beau, mais il faut aussi vendre un peu de rêve, parfois…

Il se trouve justement que le destin a choisi de vous envoyer en pèlerinage cinématographique.

Oui, le destin ! Jugez un peu : on vous offre l’an dernier un week-end à Barcelone pour votre anniversaire. Or, votre vol aller, ce petit coquinou, se situe en plein dans une grève des contrôleurs aériens ; tant mieux ! Air France, qui n’est certainement pas la SNCF, se fait gentiment pardonner en vous offrant une petite fortune en bons d’achats (en plus du voyage à Barcelone, cela va de soi) – en même temps, si la SNCF se faisait pardonner quand il le faut, vous seriez milliardaire.

Le facétieux destin, toujours d’humeur gracieuse, décide ensuite de vous aider à choisir votre destination. Et figurez-vous que vous n’avez pas le choix ! La seule destination correspondant pilepoil à vos prix, c’est New York. Oooooh, zut alors.

New York. NEW YORK, quoi. Bon, flashforward – le passage où vous vous roulez par terre en criant, les larmes jaillissant de vos petits yeux émus, sera épargné au gentil lecteur. Personne n’a envie de vous voir vous débattre sous le coup de l’hystérie, créature encore plus pitoyable que la malheureuse héroïne de «L’Exorciste» (avec le pipi sur la moquette, oui oui, c’est l’émotion).

Vous n’êtes d’ailleurs pas sûre qu’il faille vraiment montrer vos émotions. Etrangement, votre liste d’amis Facebook est scindée en deux (quelle référence… mais jugez un peu) : d’un côté, vos amis humains, ceux qui ont une vie normale, semblent encore plus excités que vous. De l’autre, vos amis intermittents, ceux qui travaillent à la télévision et dans le monde enchanteur de l’audiovisuel (…), jouent les blasés et semblent y être tous allés trente fois. Ne nie pas, lecteur, tu te situes forcément dans une de ces catégories. Vous essayez donc d’être une hystérique-cool. Yeah. Pas trop joyeuse pour ne pas que l’on se moque de vous (« Han, trop la honte, c’est la première fois qu’elle met les pieds là-bas, alors que moi j’y achète régulièrement des sweat-shirts Abercrombie & Fitch avec lesquels je me la pète nonchalamment dans Paris »), et pas trop blasée pour ne pas passer pour une infecte frimeuse. Nom de Zeus, que c’est dur de gérer son image publique.

Bref. New York. Depuis votre plus tendre enfance, vous la voyez au cinéma ou à la télévision pratiquement une fois par jour. Comme tout le monde, vous la connaissez pour ainsi dire par cœur. Et là… là… vous allez la voir en vrai. La sentir. La toucher. La goûter. Non, cet article n’est pas sexuel. (De toute façon, vous écrivez en regardant le tapis rouge des Oscars. Autant dire que vous divaguez – écrire n’est pas chose aisée quand on fantasme de toutes ses forces sur son futur tapis rouge).

Cerise sur le gâteau, quinze heures d’avion aller-retour représentent au moins six films. Elle est pas belle, la vie ?

Et voilà, vous y êtes. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et vous êtes encore une fois droguée sans l’être. Vous aimez l’univers entier, vous pourriez chanter et danser, et si vous étiez un tant soi peu douée, vous claqueriez vos pieds en l’air en sautant.

Vous vous payez le luxe de prendre un taxi pour vous rendre à votre hôtel, et malgré votre peur de mourir qui croit à chaque seconde (personne ne devrait être autorisé à conduire comme CA), vous comprenez rapidement que vous êtes en train de longer les décors de la scène finale de Men in Black, quelque part dans le Queens. Mais siiii, rappelez-vous, le vaisseau extra-terrestre du cafard géant avec le globe, et tout… Bon, d’accord, prise hors contexte, cette phrase ne veut rien dire - s’il vous plaît, ne laissez pas les gentils Monsieurs en blanc m’emmener.

Soudainement, cela vous frappe, et vous comprenez : New York, en fait, c’est Disneyland !

Il y a effectivement des Mickey partout. Ben, oui. Des Mickey et Minnie qui arpentent les lieux touristiques comme s’il s’agissait effectivement de leur parc, en quête de touristes crédules prêts à leur filer de l’argent pour une photo. Chacun son truc, hein : à Paris, il faut esquiver les Roumaines. A New-York, il faut esquiver les Mickey. (Pardon…)

Mais cela va plus loin que les souris mutantes en robe à pois ! Autour de vous, d’innombrables touristes, banane à la taille, parlent diverses langues ; ça sent la pizza à tous les coins de rue, et vous vous promenez, hot-dog à la main, au milieu d’attractions issues des films avec lesquels vous avez grandi. CQFD : vous êtes à Disneyland.

Bien entendu, vos références sont quelques peu… éclectiques. Woody Allen prétend certes avoir grandi sous les montagnes russes de Coney Island, mais cela ne change rien au fait que Godzilla, après avoir pondu dans Madison Square Garden, est mort sur le pont de Brooklyn. Que vous préfèrerez quand même emprunter, d’ailleurs, parce que les tunnels, dans le coin, ne sont pas très sûrs – c’est un gros baraqué à la bouche de traviole qui vous l’a dit. Wall Street, c’est bien, mais pas autant que les squelettes de dinosaures du Muséum d’histoire naturelle. Vous retombez en enfance dans Central Park (vous y croisez Balto et passez par le zoo), mais pas trop quand même : vous n’oubliez pas que les extraterrestres géants aiment bien y dévorer de malheureux terriens. Vous vous baladez dans Little Italy et Hell’s Kitchen, mais rien à faire, vous n’êtes pas trop branchée gangster – vous préférez fantasmer sur le sommet de l’Empire State Building. And so on…

Oui, vous avez été biberonnée aux films d’action et à l’entertainment – pas forcément ce qui se fait de mieux, mais que voulez-vous, ça marque… Et puis merde, même si « Godzilla » est une plante potagère de la famille des crucifères, ça vous fait quand même plus vibrer que « Sex and the City ». C’est comme ça.

Vous avez également la chance d’aller assister à une comédie musicale. Il faut bien l’avouer, vous aviez tout de même un peu peur… Au final, rien à redire – c’est même plutôt un enchantement total. Vous avez pour ainsi dire pris votre pied ! Quand vous pensez qu’ici, on se mange des « Cléopâtre » et autres « Le Roi Soleil »… rien que d’y penser, vos oreilles saignent. Les Américains ont le sens du spectacle, c’est tout. C’est bien simple : dans le métro, même les clodos sont plus divertissants que les nôtres. (Re-pardon...)

Autant pousser l’expérience au maximum: vous décidez d’aller au cinéma. On vous a tellement dit et redit que les Américains ne sont que d’infâmes bouffeurs de pop-corn, totalement irrespectueux des séances et bruyamment bordéliques – à vous de juger. Et puis, il est vrai que finalement, vous avez pas mal voyagé et pourtant, vous testez rarement le cinéma à l’étranger. Allez, soyons fous, il vous faut pénétrer ce lieu de culte, ne serait-ce que pour votre culture. Quel aventurière vous faites, tout de même.

Vous dénichez donc un bon gros cinéma, et choisissez un bon gros film bien stupide. Choix stratégique : quel intérêt d’aller voir une œuvre que vous attendez impatiemment si la séance est gâchée par une bande d’incontinents verbaux incapables de se passer de sauce sur le saut de maïs sauté ? Sans compter que vous risquez de ne pas tout comprendre…

NB : le film choisi restera cependant secret – s’agissant d’une comédie sirupeuse de nature dégoulinante, vous n’assumez que moyennement.

Verdict : oui, il y avait du pop-corn, et oui, les gens derrière vous n’ont pas arrêté de parler. Mais au final, ce n’était guère plus catastrophique qu’une séance lambda dans notre beau pays. Les fauteuils étaient même plus confortables (seraient-ils conçus pour des gens plus gros ?), ils pouvaient bouger d’avant en arrière (quelle technologie de pointe), et surtout, surtout ! Les publicités commencent AVANT l’heure de la séance. A l’heure dite, seul un tunnel de bandes-annonces précède le film – que demande le peuple ?

Vous remarquez tout de même que, fait inquiétant, vous n’avez pas du tout rit au même moment que vos petits condisciples. Etrange. Sans vouloir paraître géniale, vous êtes même obligée d’avouer qu’il semblerait bien que vous ayez rit aux répliques les plus subtiles, là où les rires se sont fait entendre sur des choses plus… lourdes. Si, si. Impossible de généraliser : vous vous voyez donc dans l’obligation de retourner aux Etats-Unis aussi vite que possible pour étudier les faits, et étayer – ou pas – cette thèse. Vous devriez même réitérer l’expérience dans plusieurs villes, plusieurs états. Road-tripper jusqu’à Hollywood semble être une bonne idée, tiens. Dommage que vous n’ayez pas un rond.


Vous avez récemment rencontré quelqu’un de profondément anti-américain. Vous trouvez cela parfaitement stupide, non seulement du fait que cela semble être une sorte de mode absurde et qu’il est souvent de bon ton de l’être chez nombre de gens de votre âge, mais également parce que cela ne rime à rien, tout simplement. Personne n’aurait idée de dire « Je n’aime pas les Chiliens », ou « Je suis complètement anti-Suédois ». On ne peut pas détester un peuple ! Une personne est une personne, qu’elle soit blanche, noire, gay, musulmane… ou américaine, tiens. En l’occurrence, vous vous entendez plus que bien avec bon nombre d’Américains, et ils ne vous paraissent pas plus cons ou arrogants que les Italiens, les Chinois ou les Marocains. Tout ceci pour dire que vous assumez votre amour de l’Amérique, tout comme vous assumez votre amour des films de divertissements. Et que, s’il y a une chose à retenir de ce voyage, Nom de Zeus, c’est bien que vous mourrez d’envie, plus que jamais, de faire du cinéma.

Et si vous ne voyez pas le rapport, ce n’est pas grave. Parce que je le vois, moi !

(Ah tiens, si, en fait il y a bel et bien un pays dont je n’aime pas trop la population. Un pays de grincheux, d’innommables ronchons avec une tendance à la flemmardise souvent prononcée. Mais je vous laisse deviner lequel.)



- Aucun rapport, mais je profite de ce post pour vous exhorter à aller jeter un œil, et même deux, au site L’Ouvreuse. Un site fait par des gens qui ont du goût, du style, encore un peu de goût, et un sens aiguisé du second, voire du millième degré, ce qui fait du bien. Comme quoi tout n’est pas à jeter dans notre cher pays, finalement. J’en profite également pour les remercier, parce qu’ils me promeuvent gentiment même quand je n’écris pas pendant des semaines… Ils sont forts, quand même.