mercredi 2 mars 2011

Start spreading the neeeeews…


Bon. Râler, c’est bien beau, mais il faut aussi vendre un peu de rêve, parfois…

Il se trouve justement que le destin a choisi de vous envoyer en pèlerinage cinématographique.

Oui, le destin ! Jugez un peu : on vous offre l’an dernier un week-end à Barcelone pour votre anniversaire. Or, votre vol aller, ce petit coquinou, se situe en plein dans une grève des contrôleurs aériens ; tant mieux ! Air France, qui n’est certainement pas la SNCF, se fait gentiment pardonner en vous offrant une petite fortune en bons d’achats (en plus du voyage à Barcelone, cela va de soi) – en même temps, si la SNCF se faisait pardonner quand il le faut, vous seriez milliardaire.

Le facétieux destin, toujours d’humeur gracieuse, décide ensuite de vous aider à choisir votre destination. Et figurez-vous que vous n’avez pas le choix ! La seule destination correspondant pilepoil à vos prix, c’est New York. Oooooh, zut alors.

New York. NEW YORK, quoi. Bon, flashforward – le passage où vous vous roulez par terre en criant, les larmes jaillissant de vos petits yeux émus, sera épargné au gentil lecteur. Personne n’a envie de vous voir vous débattre sous le coup de l’hystérie, créature encore plus pitoyable que la malheureuse héroïne de «L’Exorciste» (avec le pipi sur la moquette, oui oui, c’est l’émotion).

Vous n’êtes d’ailleurs pas sûre qu’il faille vraiment montrer vos émotions. Etrangement, votre liste d’amis Facebook est scindée en deux (quelle référence… mais jugez un peu) : d’un côté, vos amis humains, ceux qui ont une vie normale, semblent encore plus excités que vous. De l’autre, vos amis intermittents, ceux qui travaillent à la télévision et dans le monde enchanteur de l’audiovisuel (…), jouent les blasés et semblent y être tous allés trente fois. Ne nie pas, lecteur, tu te situes forcément dans une de ces catégories. Vous essayez donc d’être une hystérique-cool. Yeah. Pas trop joyeuse pour ne pas que l’on se moque de vous (« Han, trop la honte, c’est la première fois qu’elle met les pieds là-bas, alors que moi j’y achète régulièrement des sweat-shirts Abercrombie & Fitch avec lesquels je me la pète nonchalamment dans Paris »), et pas trop blasée pour ne pas passer pour une infecte frimeuse. Nom de Zeus, que c’est dur de gérer son image publique.

Bref. New York. Depuis votre plus tendre enfance, vous la voyez au cinéma ou à la télévision pratiquement une fois par jour. Comme tout le monde, vous la connaissez pour ainsi dire par cœur. Et là… là… vous allez la voir en vrai. La sentir. La toucher. La goûter. Non, cet article n’est pas sexuel. (De toute façon, vous écrivez en regardant le tapis rouge des Oscars. Autant dire que vous divaguez – écrire n’est pas chose aisée quand on fantasme de toutes ses forces sur son futur tapis rouge).

Cerise sur le gâteau, quinze heures d’avion aller-retour représentent au moins six films. Elle est pas belle, la vie ?

Et voilà, vous y êtes. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et vous êtes encore une fois droguée sans l’être. Vous aimez l’univers entier, vous pourriez chanter et danser, et si vous étiez un tant soi peu douée, vous claqueriez vos pieds en l’air en sautant.

Vous vous payez le luxe de prendre un taxi pour vous rendre à votre hôtel, et malgré votre peur de mourir qui croit à chaque seconde (personne ne devrait être autorisé à conduire comme CA), vous comprenez rapidement que vous êtes en train de longer les décors de la scène finale de Men in Black, quelque part dans le Queens. Mais siiii, rappelez-vous, le vaisseau extra-terrestre du cafard géant avec le globe, et tout… Bon, d’accord, prise hors contexte, cette phrase ne veut rien dire - s’il vous plaît, ne laissez pas les gentils Monsieurs en blanc m’emmener.

Soudainement, cela vous frappe, et vous comprenez : New York, en fait, c’est Disneyland !

Il y a effectivement des Mickey partout. Ben, oui. Des Mickey et Minnie qui arpentent les lieux touristiques comme s’il s’agissait effectivement de leur parc, en quête de touristes crédules prêts à leur filer de l’argent pour une photo. Chacun son truc, hein : à Paris, il faut esquiver les Roumaines. A New-York, il faut esquiver les Mickey. (Pardon…)

Mais cela va plus loin que les souris mutantes en robe à pois ! Autour de vous, d’innombrables touristes, banane à la taille, parlent diverses langues ; ça sent la pizza à tous les coins de rue, et vous vous promenez, hot-dog à la main, au milieu d’attractions issues des films avec lesquels vous avez grandi. CQFD : vous êtes à Disneyland.

Bien entendu, vos références sont quelques peu… éclectiques. Woody Allen prétend certes avoir grandi sous les montagnes russes de Coney Island, mais cela ne change rien au fait que Godzilla, après avoir pondu dans Madison Square Garden, est mort sur le pont de Brooklyn. Que vous préfèrerez quand même emprunter, d’ailleurs, parce que les tunnels, dans le coin, ne sont pas très sûrs – c’est un gros baraqué à la bouche de traviole qui vous l’a dit. Wall Street, c’est bien, mais pas autant que les squelettes de dinosaures du Muséum d’histoire naturelle. Vous retombez en enfance dans Central Park (vous y croisez Balto et passez par le zoo), mais pas trop quand même : vous n’oubliez pas que les extraterrestres géants aiment bien y dévorer de malheureux terriens. Vous vous baladez dans Little Italy et Hell’s Kitchen, mais rien à faire, vous n’êtes pas trop branchée gangster – vous préférez fantasmer sur le sommet de l’Empire State Building. And so on…

Oui, vous avez été biberonnée aux films d’action et à l’entertainment – pas forcément ce qui se fait de mieux, mais que voulez-vous, ça marque… Et puis merde, même si « Godzilla » est une plante potagère de la famille des crucifères, ça vous fait quand même plus vibrer que « Sex and the City ». C’est comme ça.

Vous avez également la chance d’aller assister à une comédie musicale. Il faut bien l’avouer, vous aviez tout de même un peu peur… Au final, rien à redire – c’est même plutôt un enchantement total. Vous avez pour ainsi dire pris votre pied ! Quand vous pensez qu’ici, on se mange des « Cléopâtre » et autres « Le Roi Soleil »… rien que d’y penser, vos oreilles saignent. Les Américains ont le sens du spectacle, c’est tout. C’est bien simple : dans le métro, même les clodos sont plus divertissants que les nôtres. (Re-pardon...)

Autant pousser l’expérience au maximum: vous décidez d’aller au cinéma. On vous a tellement dit et redit que les Américains ne sont que d’infâmes bouffeurs de pop-corn, totalement irrespectueux des séances et bruyamment bordéliques – à vous de juger. Et puis, il est vrai que finalement, vous avez pas mal voyagé et pourtant, vous testez rarement le cinéma à l’étranger. Allez, soyons fous, il vous faut pénétrer ce lieu de culte, ne serait-ce que pour votre culture. Quel aventurière vous faites, tout de même.

Vous dénichez donc un bon gros cinéma, et choisissez un bon gros film bien stupide. Choix stratégique : quel intérêt d’aller voir une œuvre que vous attendez impatiemment si la séance est gâchée par une bande d’incontinents verbaux incapables de se passer de sauce sur le saut de maïs sauté ? Sans compter que vous risquez de ne pas tout comprendre…

NB : le film choisi restera cependant secret – s’agissant d’une comédie sirupeuse de nature dégoulinante, vous n’assumez que moyennement.

Verdict : oui, il y avait du pop-corn, et oui, les gens derrière vous n’ont pas arrêté de parler. Mais au final, ce n’était guère plus catastrophique qu’une séance lambda dans notre beau pays. Les fauteuils étaient même plus confortables (seraient-ils conçus pour des gens plus gros ?), ils pouvaient bouger d’avant en arrière (quelle technologie de pointe), et surtout, surtout ! Les publicités commencent AVANT l’heure de la séance. A l’heure dite, seul un tunnel de bandes-annonces précède le film – que demande le peuple ?

Vous remarquez tout de même que, fait inquiétant, vous n’avez pas du tout rit au même moment que vos petits condisciples. Etrange. Sans vouloir paraître géniale, vous êtes même obligée d’avouer qu’il semblerait bien que vous ayez rit aux répliques les plus subtiles, là où les rires se sont fait entendre sur des choses plus… lourdes. Si, si. Impossible de généraliser : vous vous voyez donc dans l’obligation de retourner aux Etats-Unis aussi vite que possible pour étudier les faits, et étayer – ou pas – cette thèse. Vous devriez même réitérer l’expérience dans plusieurs villes, plusieurs états. Road-tripper jusqu’à Hollywood semble être une bonne idée, tiens. Dommage que vous n’ayez pas un rond.


Vous avez récemment rencontré quelqu’un de profondément anti-américain. Vous trouvez cela parfaitement stupide, non seulement du fait que cela semble être une sorte de mode absurde et qu’il est souvent de bon ton de l’être chez nombre de gens de votre âge, mais également parce que cela ne rime à rien, tout simplement. Personne n’aurait idée de dire « Je n’aime pas les Chiliens », ou « Je suis complètement anti-Suédois ». On ne peut pas détester un peuple ! Une personne est une personne, qu’elle soit blanche, noire, gay, musulmane… ou américaine, tiens. En l’occurrence, vous vous entendez plus que bien avec bon nombre d’Américains, et ils ne vous paraissent pas plus cons ou arrogants que les Italiens, les Chinois ou les Marocains. Tout ceci pour dire que vous assumez votre amour de l’Amérique, tout comme vous assumez votre amour des films de divertissements. Et que, s’il y a une chose à retenir de ce voyage, Nom de Zeus, c’est bien que vous mourrez d’envie, plus que jamais, de faire du cinéma.

Et si vous ne voyez pas le rapport, ce n’est pas grave. Parce que je le vois, moi !

(Ah tiens, si, en fait il y a bel et bien un pays dont je n’aime pas trop la population. Un pays de grincheux, d’innommables ronchons avec une tendance à la flemmardise souvent prononcée. Mais je vous laisse deviner lequel.)



- Aucun rapport, mais je profite de ce post pour vous exhorter à aller jeter un œil, et même deux, au site L’Ouvreuse. Un site fait par des gens qui ont du goût, du style, encore un peu de goût, et un sens aiguisé du second, voire du millième degré, ce qui fait du bien. Comme quoi tout n’est pas à jeter dans notre cher pays, finalement. J’en profite également pour les remercier, parce qu’ils me promeuvent gentiment même quand je n’écris pas pendant des semaines… Ils sont forts, quand même.

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