mercredi 6 avril 2011

Top modèles et quête d’identité.

Samedi soir. Vous sortez du cinéma avec une certitude : vous voulez être Simon Pegg et Nick Frost. Est-ce normal, pour un individu femelle de vingt-sept ans, de vouloir ressembler à un gros nerd au physique de, euh, de gros nerd?

Le fait est que vous accepteriez volontiers de ressembler à Nick Frost si l’on vous garantissait une carrière comme la sienne. Et encore plus à Simon Pegg – oh, oui. Vous accepteriez même une bonne bedaine de buveur de bière si vous pouviez être à l’origine d’un film de zombies absolument culte, ou jouer dans un bon film de science-fiction. Si ça, ce n’est pas se sacrifier pour son art…

Toujours est-il que ceci vous renvoie à votre éternel problème : vous êtes une fille. Et le hic, c’est qu’il semblerait que la réussite cinématographique passe par le fait d’être un gros barbu. Ou, du moins, un barbu.

Le cas Simon Pegg mis à part, vous avez en effet passé votre courte vie à constater que la barbe fait partie intégrante du rêve américain. Steven Spielberg. Georges Lucas. Peter Jackson. Guillermo Del Toro. Francis Ford Coppola. David Fincher. Les frères Coen. Et on ne peut pas dire que Tim Burton soit rasé de frais. Même Quentin Tarantino a une petite barbichette. Riquiqui, certes, mais une barbichette quand même. James Cameron compte également comme un barbu, d’autant qu’il ne ressemble vraiment plus à rien depuis qu’il a changé de tête.

D’accord, il reste des Martin Scorcese, des J.J. Abrams, des Woody Allen. Mais le pourcentage est minime, vous devez bien l’admettre.

Alors oui, Kathryn Bigelow a obtenu l’Oscar de la meilleure réalisatrice. Vous pouvez donc, visiblement, recevoir un Oscar si vous n’êtes pas barbue, ce qui est plus ou moins rassurant. Mais vous ne voulez pas être Kathryn Bigelow ! Vous voulez être Steven Spielberg ! C’est comme ça : vos plus grandes idoles sont BARBUES. Point barre.

A défaut, vous allez acheter une casquette. Ca aussi, ça marche bien, la casquette – il suffit de regarder n’importe quel making-of pour comprendre qu’il s’agit de l’accessoire indispensable du réalisateur, loin devant le mégaphone ou la chaise en toile.

Quelle tragique condition que la vôtre – tant d’ambition et la certitude de n’être jamais un réalisateur respecté comme il se doit. Parce que, tout de même, vous savez que vous n’aurez aucune crédibilité, sans votre barbe.

Quand on vous dit que c’est dur, d’être une fille…