lundi 19 mars 2012

Girl Power dans ton cul.

Vous avez, pendant quelques temps, travaillé avec une productrice qui prenait la cause féministe très à cœur, et c’était assez fatigant. Elle vous reprenait systématiquement quand vous disiez que vous vouliez être réalisateur (ré-a-li-sa-TRICE !), et faisait ce truc horrible qui consiste à mettre la lettre e à la fin du mot « auteur ». Une auteure. Non mais franchement.

Quiconque appartient au genre féminin sait que ce n’est pas forcément facile, qu’il s’agisse de discrimination au travail ou simplement d’un crétin de l’autre sexe qui vous traitera de pisseuse si vous émettez l’envie de faire une pause en voiture.
Il y a des femmes incroyables qui ont fait avancer les choses, qui ont touché à des vrais problèmes. Et il y a les autres, les poilues insupportables qui décrédibilisent les femmes, tout comme les vieux hippies malodorants et anarchistes décrédibilisent la cause écologiste. Celles qui font disparaître le « mademoiselle » des documents administratifs, par exemple…

Tout cela pour dire que vous n’êtes pas spécialement portée sur le féminisme ; enfin, vous êtes en tous cas loin d’être une extrémiste, et vous ne chipotez pas sur des idioties. Disons que vous êtes le genre qui se présenterait comme étant réalisateur à une manifestation en faveur de l’avortement… !

Alors d’accord, nous sommes en France, en 2012, et vous n’êtes donc pas spécialement à plaindre. Mais lorsque l’on se destine à être réalisateur (ré-a-li-sa-TRICE !), on ne peut pas s’empêcher, de temps à autres, de se poser la question : être une fille, ça aide, ou pas ?

Certes, vous avez parfois du mal à vous faire respecter, notamment par les techniciens de sexe masculin (comme c’est étrange…). Mais objectivement, vous diriez qu’il y a autant de bon que de mauvais. Et puis, il ne faut pas se leurrer, les nichons, ça aidera toujours.
Ce que vous préférez, c’est l’idée que vous avez toujours une chance d’être la première femme réalisateur (ré-a-li-sa-TRICE !) de nationalité française à remporter l’Oscar. Pitié, Michel Hazanavicius, ne change jamais de sexe.

Alors, pourquoi cette réflexion, pourquoi ce billet ?

La semaine dernière, vous avez reçu un message d’un parfait inconnu qui venait de voir votre film, et qui tenait à vous féliciter. Jusque là, tout allait bien.
Contente, vous avez immédiatement fait part de votre satisfaction à la première personne qui passait par là, à savoir votre petit-ami… qui a bien rigolé et vous a dit que ce n’était pas une critique de film, mais de la drague foireuse.
Bien entendu, vous avez été vexée, très vexée – vos films ne sont-ils donc pas assez bons pour mériter des critiques sympathiques, sans arrière-pensée ?
Et paf, vous avez répondu à l’inconnu pour le remercier. Non mais oh.

La réponse de l’intéressé a cette fois-ci été plus explicite. Voilà, vous êtes merveilleuse et tous vos films sont géniaux, énormes, très bien écrits et tiens, deviens mon amie sur Facebook tant qu’on y est.
Quelle déception. Votre traître de petit-ami a raison, mais vous devez, en plus, ajouter l’inconnu à la longue liste des cinéphiles désespérés tentant leur chance vers une pauvre inconnue ayant réalisé deux malheureux courts métrages et ne méritant pas tant d’attention. Si encore vous ressembliez à Cameron Diaz – mais non ! Les types n’ont même pas besoin de votre photo pour écrire, de toutes façons. Ils doivent supposer que vous avez ce qu’il faut là où il faut. Mais vous n’êtes pas qu’un trou à fourrer, vous êtes aussi un cinéaste en herbe qui aimerait bien qu’on juge ses films objectivement !

C’est extrêmement frustrant. Vous faites des films pour qu’ils soient vus, et vous êtes toujours très touchée quand quelqu’un prend le temps de vous écrire un petit mot – ça encourage à continuer. Mais quand une bonne moitié de vos critiques positives ne sont que de pathétiques tentatives de flirt, il y a de quoi se poser des questions. Ils sont biens, vos films, ou pas ?! Ne devriez-vous accepter que les critiques des filles et des homosexuels ?


Etre une fille, c’est nul.

Dèsfois.


Kathryn Bigelow n’a quand même pas eu son Oscar parce que son lifting était réussi… Si?

jeudi 8 mars 2012

Chroniques de la Terre du Milieu - Hairy Feet (2)


Vous voilà donc assise dans un mini-van quelque peu bordélique, en compagnie d’un Maori pour le moins imposant. Vous allez toutefois vite découvrir qu’il est tout aussi génial et gentil qu’il est énorme.
Il coche votre nom sur sa liste et vous tend un papier à lire et à signer immédiatement : la close de confidentialité.

Alors voilà : vous n’êtes donc pas censée diffuser vos photos où que ce soit, ni même les montrer. Bien que ce point vous chagrine, vous comprenez la volonté de la production, et la respectez… même si vous avez la légère impression qu’entre la bande-annonce de «Bilbo le Hobbit» et les différents making-of qui courent sur internet, vous ne dévoileriez pas grand-chose d’extraordinaire. Vos photos restent donc sagement sur votre ordinateur, attendant le jour où les deux films seront sortis et où vous pourrez enfin les exhiber fièrement. Tant pis.
Mais vous n’êtes pas non plus supposée, si l’on en croit le texte, raconter ce que vous avez vu. Hmmm. Voici un point délicat. Avez-vous le droit d’écrire cet article ? Après avoir lu et relu la clause de confidentialité, vous en êtes arrivée à la conclusion suivante : vous n’avez pas le droit de parler de ce qui sera dans le film. Vous ne déflorerez donc rien et ne mentionnerez pas ce qui a été conçu, construit, filmé pour les deux volets de « Bilbo le Hobbit ». En revanche, il vous semble bien innocent de raconter comme se passe la visite, à quoi ressemblait votre guide, et les quelques anecdotes qu’il a pu vous raconter.
Ces réflexions peuvent paraître idiotes mais vous préférez vous poser la question : il serait dommage que l’on décide de vous attaquer et de s’en prendre à votre misérable compte en banque, qui suffirait à peine à payer un repas aux pontes de la Warner. Ou, pire, que l’on vous oblige à fermer votre blog.
Bien entendu, si l’heureux lecteur qui parcourt ces lignes estime qu’il y a un danger de mort imminent, il a tout fait le droit de faire part de son avis sur la question…

Retour à nos moutons (c’est de circonstance).
Vous signez la close, non sans frémir, et vous voilà partis. Vous êtes la première à monter à bord et avez donc l’occasion de bavarder un peu avec votre chauffeur ; quelle délicieuse surprise ! Il se trouve que le monsieur a participé à l’aventure du « Seigneur des Anneaux », et regorge d’anecdotes. Les deux heures de route que vous passerez en sa compagnie (une heure aller, une heure retour, tout de même) seront donc émaillées de souvenirs ravis et d’histoires incroyables. Vous êtes sur un petit nuage. Vous êtes pratiquement sûre qu’en l’écoutant, vous avez des étoiles dans les yeux et la bouche ouverte niaisement. Peut-être même un peu de bave aux lèvres. Tant pis – vous assumez.
Vous sympathisez avec les autres occupants de la voiture ; comme vous, certains voyagent seuls – leurs compagnons de route ne sont pas non plus de grands fans de la trilogie… (votre amie ne l’a pas vue). Vous voilà donc en grande conversation avec un Maori géant, un bel Anglais et une Polonaise. Etrangement, plus vous vous éloignez de Rotorua pour vous approcher de la Comté, plus le ciel se dégage... La journée va être belle !

Ce voyage en voiture est, pour vous, le plus surréaliste des voyages en voitures. Votre nouvel ami, Super-Chauffeur, vous parle de Peter, d’Orlando et des autres avec un naturel désarmant. C’est tellement étrange – votre conversation les rend réels. Ils sont vrais, ils existent. Ils ont parlé, ils ont rit avec la personne qui vous parle.
Super-Chauffeur a joué le rôle d’un Uruk-hai ; il est mort d’une flèche tirée par Legolas. Orlando Bloom est donc son super copain – il n’arrête pas de vous parler de lui. C’est surnaturel.
Toute sa tribu Maori (à Super-Chauffeur, pas à Orlando Bloom...) a d’ailleurs participé à la trilogie ; comme tous les Maoris, ils ont joué des Uruk-hai et autres méchants belliqueux. A l’entendre, vous avez l’impression que tout le pays a participé, ce qui n’est probablement pas loin de la vérité.
Peter (personne dans la voiture ne songe à demander « Peter qui ? », c’est amusant) est visiblement la personne la plus sympathique du monde, et Super-Chauffeur est intarissable. Il aime bien Peter, c’est toujours un plaisir de lui rendre service ; à sa demande, il a officié sur plusieurs postes, notamment en tant que garde du corps.
Normal, quoi.

Bercée par les histoires merveilleuses de votre chauffeur, vous arrivez à votre destination gonflée à bloc. La voiture se gare devant le café de la Comté, une bâtisse en bois servant de point de départ à la visite. Tout, autour de vous, n’est que collines verdoyantes et moutons. Rien d’autre à perte de vue que la nature. Le soleil brille, il commence à faire chaud, et vous êtes heureuse. « Heureux, E, R, E », comme dirait Roger Rabbit.

Vous embarquez dans un bus de type « bus scolaire américain », et laissez votre chauffeur au café ; un guide prend le relais. Nom de Zeus, le guide.
Pas étonnant qu’il ait eu le job : ce type est un Hobbit. Un vrai de vrai. Il est blond et ses cheveux frisés forment une épaisse tignasse. Et surtout, surtout… il marche pieds nus. Joyeux, convivial, tout content ; un bon Hobbit joufflu comme on les aime.
Et hop, c’est parti. Les lieux de tournage se situent au sein d’un grand domaine appartenant à des fermiers du coin. Techniquement, c’est une propriété privée ; le bus passe donc une barrière et pénètre dans les champs, ou plutôt les collines, où paissent des centaines de bestioles à quatre pattes. Tout le monde est fébrile et regarde par la fenêtre avec une impatience non contenue – on se croirait à la première visite du Jurassic Park, quand les dinosaures refusent de se montrer. Après quelques minutes de slalom sur des chemins de terre, entre vaches et moutons, où le guide vous explique que tel ou tel emplacement boueux servait à garer les camions ou les loges, le bus se gare enfin.

Vous y êtes. La Comté s’étend devant vous, et c’est immense ! Ce n’est pas un faux décor de film en carton-pâte – vous êtes VRAIMENT chez les Hobbits.
Le guide est un chic type, vraiment drôle. Il demande si votre petit groupe de touristes est composé de fans « normaux », ou de fans « fanatiques » ; vos petits camarades et vous, à l’unanimité, vous autoproclamez fans normaux. Pas d’hystériques qui font peur – tout va bien.
Chouette, dit le guide. Il va pouvoir en profiter pour vous raconter plein d’histoires sur les fans légèrement frappadingues qui ont visité les lieux. C’est comme au collège : se moquer des autres, ça créé des liens. Il est doué, ce guide. Voici donc les trois meilleures anecdotes.

3) Commençons avec la charmante histoire d’un charmant petit couple ; le guide n’a pas réussi à identifier leur langue, mais ce n’était certainement pas de l’anglais. La femme, en l’occurrence, ne le parlait pas du tout ; son mari lui traduisit donc intégralement la visite, au fur et à mesure. Mais pas dans leur langue, non. En elfique.

2) Un homme seul vint un jour visiter Hobbitebourg. Au lieu de suivre le guide et d’écouter ses explications, il alla s’asseoir sous l’arbre sous lequel lisait Frodon, et refusa catégoriquement de suivre le groupe. Le guide le laissa donc tranquille pendant qu’il emmenait les autres. Mais que faisait cet homme ? Eh bien il lisait, comme Frodon. Grand fan de Tolkien, il n’avait jamais vu la trilogie, et avait décrété qu’il irait lire « Le Seigneur des Anneaux » sous le fameux arbre, au cœur de la Comté ; s’il estimait qu’il était bien dans l’ambiance décrite par le livre, qu’il retrouvait les lieux tels qu’ils étaient censés être, alors il accepterait de voir les films.
Il a finalement été satisfait.

1) La meilleure anecdote est une anecdote luxueuse… Un fan est venu à la Comté et en a profité pour acheter une réplique de l’anneau à la boutique du café (pour ceux qui se posent la question, la bague en question valait huit-cents dollars néo-zélandais, soit environ cinq-cents euros). Il est ensuite allé s’offrir un vol en hélicoptère au dessus du Parc National du Tongariro, dont les célèbres volcans ont servi de décor au royaume de Sauron. La suite se devine aisément…
Il a jeté l’anneau dans le volcan.


La visite est un pur bonheur, comme chacun se doute. Le soleil cogne et, tartinée de crème solaire, vous suivez le groupe en mitraillant les lieux de vos deux appareils photos, tout en répondant aux petites devinettes que le guide vous pose sur les films. Vous êtes officiellement une touriste, une méga-touriste même, mais vous êtes à vingt mille kilomètres de chez vous, et il n’y a pas de témoins. Et puis, vous ne pouvez pas TOUJOURS jouer les blasées – vous êtes un être humain, tout de même.

De retour au café, on vous offre une collation (les Hobbits ont le sens de l’hospitalité), et vous en profitez pour acheter quelques souvenirs. C’est là que vous découvrez la Sobering – de sober + ring : la bière conçue spécialement pour le tournage.
Peter Jackson étant connu pour faire des dizaines de prises, la chose s’est avérée quelque peu problématique quand il s’agissait des scènes où les Hobbits boivent de la bière. Une brasserie locale a donc conçu une bière à un pour cent d’alcool, afin que les comédiens puissent éviter le coma éthylique au bout de dix prises.
Pour l’anecdote, c’est la bière la plus insipide que vous ayez jamais bue – mais c’est sans doute celle que vous avez bue le plus religieusement !


Au retour, dans la voiture, tout le monde n’a qu’un mot à la bouche : Bilbo. Le tournage est en cours, et tout le monde s’échange fébrilement des informations, chacun espérant croiser l’équipe du film dans son périple néo-zélandais.
La Polonaise vous explique qu’un ami à elle a bu un verre avec Ian McKellen dans un bar. L’Anglais connaît plusieurs personnes qui sont tombées sur Orlando Bloom. Tout le monde, en tous cas, s’accorde à dire que le tournage se fait sur l’île du Sud.
Super-Chauffeur vous dit de ne pas vous faire trop d’illusions : l’équipe s’éloigne toujours des routes principales, et le tournage n’est pas facile à trouver. C’est mal vous connaître, vous et votre légendaire chance malchanceuse.
Mais ceci est une autre histoire…

lundi 5 mars 2012

Chroniques de la Terre du Milieu - Hairy Feet (1)


6 décembre 2011, bien trop tôt le matin…


Vous sortez de votre motel sous une pluie fine et allez attendre sur le trottoir. Vous ressemblez à une touriste, ce qui vous déplaît fortement – chaussures de marche, appareil photo en bandoulière et, abomination suprême, k-way. De la fumée s’échappe d’une bouche d’égout et parfume toute la rue d’une bonne odeur d’œuf pourri ; c’est le quai de la station Châtelet-Les-Halles puissance mille. Cet endroit pue, c’est une abomination.
Mais qu’est-ce que vous foutez là ?

Flashback numéro un.
Un mois auparavant, vous avez arpenté le Net dans ses moindres recoins pour être sûre de ne pas rater Hobbitebourg / Hobbiton, le village des Hobbits, lors de votre voyage en Nouvelle-Zélande. Aucun risque : l’endroit est plus que célèbre et possède un site internet très détaillé. Vous y avez donc appris que le seul moyen d’aller vénérer les lieux est de prendre part à une visite guidée – moyennant quelques dizaines de dollars, cela va sans dire. Boarf – quitte à payer un billet d’avion et à subir vingt-quatre heures de vol, autant ne pas rater ça : c’est une formalité !

Vous avez un peu faim mais il est hors de question d’avaler quoi que ce soit tant que vous marinerez dans cette odeur. Vous surveillez l’heure sur votre téléphone portable : votre rendez-vous ne devrait plus tarder.

Flashback numéro deux.
Une semaine auparavant, vous avez écrit aux responsables du site pour les avertir de votre visite prochaine, et vérifier ainsi qu’il n’y aurait aucun problème. La réponse fut rapide, fort sympathique, et plutôt rassurante. Oui, le site serait ouvert lors de votre passage dans la région. Oui, vous pouviez venir sans réserver. Et tenez, nous vous envoyons même les horaires de départ de toutes les visites.

Vous commencez à stresser, parce que l’horaire de votre rendez-vous a été dépassé d’environ deux minutes et que si vous échouez sur ce coup là, vous n’aurez pas d’autre chance avant un bon bout de temps. Vous n’êtes même pas sûre de ce que vous attendez, mais vous guettez désespérément le coin de la rue.
Grrrrrrrooooou, fait votre ventre.

Flashback numéro trois.
Première semaine de votre périple néo-zélandais, quatrième jour d’aventure… soit la veille de votre interminable attente sur le trottoir. Vous vous rendez de Coromandel à Rotorua – en français dans le texte, vous descendez vers le Sud après avoir atterri à Auckland. Votre fenêtre pour visiter Hobbitebourg se situe donc ici, entre deux étapes. Il se trouve que, par miracle, la ville des semi-hommes est en plein milieu de votre parcours (merci, dieu du cinéma ! Merci, dieu des voyageurs !). Elle répond au doux nom de Matamata…
Bien entendu, votre GPS a décidé de mourir juste à la sortie d’Auckland, et vous devez donc trouver tout cela par vous-même. Mais c’est toujours un plaisir que de s’arrêter dans une station-service ressemblant en tous points à un décor de film américain, et de demander au pompiste s’il n’aurait pas, par hasard, entendu parler des Hobbits (vous ne voulez pas avoir l’air trop bête, aussi commencez-vous systématiquement vos phrases par « I have a silly question… »).

On vous envoie au « Visitor Centre », au centre-ville ; pas spécialement difficile à trouver, étant donné la taille de la bourgade.
Vous voici donc devant l’office de tourisme en question. On peut difficilement le rater, puisqu’une grosse sculpture herbue représentant un trou de Hobbit est implantée sur le trottoir. En face, sur le terre-plein central, au centre de l’avenue, un gros panneau proclame « Welcome to Hobbiton », un Gollum en pierre à ses côtés. Pas de doute, vous êtes arrivée. Enfin, presque…
Vous entrez dans le « Visitor Centre » et vous dirigez vers le comptoir (oui, oui, nous sommes toujours dans le flashback numéro trois), afin de faire part à l’autochtone en fonction de votre désir d’embarquer pour la dernière visite de la journée, à dix-sept heures et des poussières. BAM ! Raté. Selon la demoiselle à l’accent improbable qui vous fait face, cette dernière visite n’existe pas. Du moins, pas encore – cet horaire ne s’appliquera qu’à partir de Noël. Bien entendu, vous avez raté la dernière visite, la vraie, partie une petite heure plus tôt.
Un courant glacé s’insinue dans vos entrailles… Vous n’allez quand même pas rater CA ? Eh bien non ! L’ami néo-zélandais a tout prévu. Des navettes sillonnent la région et peuvent passer prendre les joyeux touristes à leur hôtel, dans les grandes villes environnantes. En l’occurrence, on pourra venir vous chercher le lendemain matin, à la première heure, à Rotorua, et vous pourrez passer la matinée à folâtrer dans les vertes collines. C’est plus cher, et vous devrez écraser une demi-journée dans votre programme du lendemain. Mais la question se pose-t-elle ? Non.
Vous vous dirigez donc vers Rotorua, un peu déçue mais soulagée. En chemin, vous ne pouvez vous empêcher de vous demander où se cache, exactement, le village des Hobbits. Vous savez que le décor se trouve dans une ferme, hors de la ville. Mais où ? On est souvent déçu lorsque l’on met les pieds sur un décor de cinéma : on réalise que les cadrages trichent énormément et que tout est en réalité minuscule. Pas ici : la région entière, sur des dizaines de kilomètres, n’est composée que de collines verdoyantes. A perte de vue, de l’herbe verte sur un paysage vallonné. Vous avez l’impression de reconnaître les lieux à chaque virage, c’est un supplice. Mais vous savez que dans un peu plus de douze heures, vous y serez…


Un peu plus de douze heures après, justement, vous revoilà sur votre trottoir, toujours à faire le pied de grue dans les odeurs de soufre. Rotorua est une ville réputée pour ses phénomènes géothermiques. Alors oui, c’est incroyable, c’est impressionnant, aaaah, ooooh, des flaques d’eau bouillantes, des lacs multicolores, des geysers, des enfants Maori qui meurent ébouillantés en jouant entre les maisons (euh… véridique). Mais ça pue. CA PUE !
Et puis ça y est, il arrive. Un mini-van estampillé « Hobbiton » tourne au coin de la rue et se dirige vers vous.
AAAAAAAAAAAAH !!!


La suite demain.
Eh ouais, je fais du teasing. Je suis comme ça, moi.