lundi 31 décembre 2012

2012.

Bon. La fin du monde n’a pas eu lieu, et vous n’avez par conséquent même pas eu l’occasion d’être sauvée par John Cusack. Quelle déception !
Ne soyons pas rancuniers : 2012 mérite toutefois son petit bilan.

2012, c’est donc, pour vous:

- 2 clips
- 1 très court-métrage (merci, concours Nikon)
- 128 cacas nerveux (64 par clip, en moyenne)
- 242 personnes qui sont passées devant vous sans vous saluer parce que bon, hein, c’est bien connu, les hôtesses d’accueil sont des cruches qui n’ont pas fait d’études et ne méritent même pas un regard
- 66 séances de cinéma (vous êtes décidément en petite forme)
- 1 séance que vous avez payée, parce que votre carte UGC était restée dans un autre jean (10,80 pour « Camille Redouble », putain…)
- 1 série culte (vous êtes devenues accro à « Community »)
- 28 danseurs à diriger (vous voulez définitivement faire une comédie musicale un jour)
- 1 zombie (votre premier !) et quelques beaux morts-vivants
- 1 bagarre (bon, d’accord, une semi-bagarre)
- 2 refus des commissions de financement régionales (« votre court-métrage est vraiment très bien écrit, mais il n’y a pas de message »)…
- 1 autographe de Steven Spielberg, et la bourde qui va avec…
- 1 Steven Spielberg, quand même, quoi !

Et hop ! En bonus, vos films préférés de l’année, ceux qui vous ont encore plus donné envie de faire du cinéma, de croquer le Septième Art à pleines dents, d’en faire votre vie :

1) Skyfall. Parce que ça faisait longtemps que vous n’aviez pas vu un film avec un désir de cinéma aussi absolu. Parce que vous en avez savouré chaque minute, que vous avez ri, que vous avez frissonné. Parce que vous n’aviez pas vu de plans aussi sublimes depuis longtemps. Et parce que jamais vous n’auriez pensé aimer autant un James Bond.

2) Starbuck. Parce que vous avez rarement été aussi émue, aussi transportée, aussi touchée, aussi enthousiasmée. Et pourtant, Dieu sait que vous détestez les enfants !

3) Ted. Parce que vous auriez VOULU faire ce film. Parce que vous vous êtes retrouvée dans l’humour, dans les références géniales aux années 80. Parce que Seth McFarlane est le dieu de la comédie. Parce que qui, franchement, arrive à être aussi drôle ?

4) Argo. Parce que c’est une sacrée déclaration d’amour à la magie du cinéma, et que vous en auriez pleuré de bonheur.

5) Cheval de Guerre. Parce que le plan séquence dans les tranchées vous hante encore. Parce que vous avez détesté le début avec le gamin, et que vous êtes tombée amoureuse du reste du film. Parce que peu de réalisateurs savent faire ça de toutes façons…

Et puis il y a les moments de bonheurs : God Bless America, qui n’est pas parfait mais tellement attachant, tellement savoureux, tellement JUBILATOIRE ; Rebelle, sublime ; Radiostars (si, si, un film français), qui vous a émue et vous a fait sourire, et Dieu sait que c’est difficile ; Moi, Député, qui vous a franchement fait pleurer de rire ; Le Hobbit, bien sûr, pour le bonheur des retrouvailles ; Avengers, plaisir coupable, du fun non-stop, du grand, grand, grand cinéma pop-corn ; Les Femmes du Bus 678, merveille d’émotion et de révolte ; The Impossible, impossible à détester ; Dark Shadows, qui n’est peut-être pas le meilleur Burton, mais dont certains moments étaient tout de même particulièrement jubilatoires ; Jason Bourne : l’héritage, que vous pensiez détester et qui vous a scotchée pendant deux heures ; et enfin le Millenium de Fincher, pour son incroyable générique d’ouverture…

L’année n’est pas tout à fait terminée, et vous avez raté pas mal de films ; le classement aurait sans doute été différent si vous aviez vu Frankenweenie, John Carter ou encore Les Bêtes du Sud Sauvage. Mais en attendant, quand même… qu’est-ce que c’était bon!


Bonne année à tous, Merry Pippin, soyez sages, et à l’année prochaine!

dimanche 18 novembre 2012

Kick-Ass.

Ca y est, vous l’avez fait. Vous avez craqué. Vous avez riposté contre le sinistre personnage qui avait décidé de ruiner votre séance de cinéma…

Des années que vous serrez les dents, que vous ne dites rien et que vous fantasmez en secret sur les mille sévices que vous pourriez faire subir aux sombres crétins qui parlent, crient, téléphonent dans les salles obscures. Ceux qui shootent en continu dans les fauteuils, qui décident de faire pleuvoir du pop-corn, voire même qui profitent du rang du fond pour une fellation (si, si).
Parce que nom de Zeux, on RESPECTE LE FILM !

Mais là… là… !

Vous étiez allée voir « Looper ».
Il faut savoir que les abrutis dans les salles de cinéma, c’est comme les envies de faire pipi ou le pop-corn bruyant : ça n’arrive jamais durant un film que vous n’avez pas envie de voir. Vous avez passé les heures les plus tranquilles de votre vie devant des longs-métrages fades et inintéressants ; le visionnage d’un grand film a toujours été une lutte acharnée pour la tranquillité – le plus grand luxe que vous offre votre carte illimitée, c’est celui de pouvoir partir si vous constatez qu’il n’y a plus de bonnes places, ou que la salle est remplie de dégénérés du bulbe.
Vous n’avez rien contre les salles pleines, non – les avants premières sont d’ailleurs souvent très agréables : la salle est, pour le coup, remplie d’un public désirant vraiment voir le film, et il n’y a rien de meilleur que de rire ou de crier en chœur.

Fin de la digression. Ce que vous essayez de dire, c’est qu’une séance de cinéma, ça relève du sacré. PARFAITEMENT !

« Looper », donc. Le tunnel de publicité passé, les lumières s’éteignent et le film commence. Et voilà, hop, quatre jeunes gens fort distingués entrent par la sortie et décident de s’inviter.
Qu’ils ne paient pas, vous vous en fichez comme de votre premier cours de vidéo – vous pourriez même presque trouver ça beau, en bonne naïve que vous êtes : « comme c’est émouvant, ces gens qui ont tellement envie de voir un bon film, et qui osent braver la loi pour faire triompher le cinéma ! »

Euh. Ouais. Ca doit surtout être parce qu’il fait plus chaud à l’intérieur.

Les voici donc qui se scindent en deux groupes, un à gauche, un à droite. Le premier groupe monte les escaliers et s’approche dangereusement de vous. Joseph Gordon-Levitt est à l’écran depuis une minute environ, mais vous n’arrivez pas à vous concentrer sur lui. Et ce n’est même pas à cause de son maquillage pourri – vous sentez la catastrophe arriver.
L’Abruti en Chef – appelons ainsi le leader de ce merveilleux petit gang de puceaux – décide d’interpeller ses amis (qui sont donc de l’autre côté de la salle) en criant. Dans sa sa main, son portable est, bien sûr, allumé et lumineux. Ô, comme tout cela commence bien… Dans la salle, personne ne dit mot (courageux spectateurs), mais le petit merdeux semble sentir les vibrations négatives qui commencent à former un petit nuage flottant dans sa direction. Il prend donc l’initiative (toujours debout) de tourner sur lui-même en criant à la cantonade « je vous emmerde ! Je vous emmerde ! HAHAHA ! ».
Oh, malheureux. Chez vous, ce ne sont plus des vibrations négatives, mais des pulsions de mort. Pulsions qui ne doivent pas pulser très fort, parce que l’Abruti en Chef décide de s’asseoir sur la marche A COTE DE VOUS. Au bout de quelques secondes, il fait encore mieux – il s’appuie contre vous. Bien au chaud contre votre douillette épaule. Le portable toujours allumé.

OK. Il ne fait désormais aucun doute que Steven, le dieu du cinéma, vous envoie un signe assez clair. Il faut agir. Vous vous tournez donc vers l’animal à votre gauche et vous emparez de son téléphone portable, dans l’idée de le faire voler à travers la salle, comme vous en rêvez depuis des années. Le hic, c’est que le propriétaire dudit téléphone a la poigne ferme, et, même s’il n’a pas du anticiper votre action, il ne lâche certainement pas prise. Zut.
Super déception. Vous tirez, il tire, rien à faire, et en plus il proteste (comment ça, c’est normal ?). Vous vous redressez donc et, bien droite, vous vous tournez vers lui et déclamez quelque chose qui devait ressembler à « maintenant tu fermes ta gueule, tu éteins ton portable, et tu respectes le film et les gens qui le regardent. TU FERMES TA GUEULE ! ».
(Eh bien oui. Le problème avec les gens très gentils, c’est que quand ils finissent par exploser, ils explosent très fort. Et puis vous n’avez jamais prétendu être un modèle de politesse, d’abord).
L’Abruti en Chef a l’air surpris, mais ne se laisse pas faire. « Immonde damoiselle, comment osez-vous me parler ainsi ? Je n’ai point pour intention de sortir ! » (pour la compréhension du public, vous avez pris la liberté de traduire ses paroles en français).
Chez vous, le surmoi a disparu. Vous restez ferme – chose amusante, cela vous arrivez très rarement dans la vraie vie. « Maintenant tu sors. TU DEGAGES ! ». Si, si, vous l’avez fait. C’est très libérateur.
Bon, est-ce qu’à ce moment là, vous auriez vraiment du le frapper ? Tout le monde vous dira que non, votre cerveau le premier. Mais il l’avait cherché. Et puis ce n’était pas grand-chose, juste une petite tape éducative sur la tête, quoi…

L’avantage, c’est qu’avec l’effet de surprise, il n’a pas répondu. Ceci dit, il n’a pas bougé non plus, et a commencé à vous menacer, sans toutefois passer à l’acte – ce qui n’est peut-être pas plus mal, parce que vous auriez répondu, et même si vous vous seriez probablement fait lamentablement botter les fesses, vous auriez pu être très très très méchante. EH BEN OUAIS !

Finalement, vous lui avez simplement dit que s’il voulait jouer au con, il allait perdre, et vous êtes partie chercher le vigil, ce qui a eu pour effet immédiat de les faire fuir. Même pas drôle. Un doigt d’honneur et puis s’en vont.

Bon, vous passerez sur les détails (le personnel du cinéma qui ne veut plus vous laisser partir de peur que vous vous fassiez agresser, le jeu de cache-cache dans le centre commercial, le retour des abrutis dans le cinéma, etc etc), mais tout s’est bien terminé. Sans bagarre, en tous cas.
Trois choses, toutefois :

- les autres spectateurs n’ont pas moufté, du début à la fin. Et Dieu sait que vous n’avez pas chuchoté… Jusqu’où faudrait-il donc que ça aille ?
- Etre une fille, c’est drôle. Parce que, même en jouant la carte de l’honnêteté et en avouant au personnel que c’est plutôt vous qui l’avez touché, vous êtes « la jeune fille qui s’est fait agresser ». Intéressant.
(PERSONNE ne vous agresse ! Non mais oh !)
- Le meilleur endroit pour vous cacher d’une bande d’écervelés qui vous en veut, c’est définitivement une librairie. Ha, ha, ha !



(Pardon, madame la police ! Ne me mettez pas en prison pour ce billet ! Ce n’est pas une apologie de la violence et malgré les apparences, je suis très saine d’esprit !)


vendredi 2 novembre 2012

Jeu.

Un intrus s'est glissé dans cette image, sauras-tu le retrouver?


(Fnac des Halles, 31 octobre 2012)

lundi 15 octobre 2012

Vivante, et prête à faire chier le monde.

Une fois n’est pas coutume, vous n’avez pas pu poster récemment car vous étiez très, très occupée – cinématographiquement occupée !
Non, vous n’étiez pas au trente-sixième dessous, en train de broyer du noir tout en sacrifiant des bébés animaux dans l’espoir de faire décoller votre carrière en vendant votre âme à Satan. Vous n’avez pas été kidnappée, violée et enterrée dans la forêt par un pervers quelconque, organisateur d’obscurs petits festivals n’ayant d’autres objectifs que de favoriser les rencontres avec des actrices à la fesse facile.
Ceci dit, vous n’étiez pas non plus à Hollywood, occupée à signer des contrats juteux avec des producteurs bedonnants autour d’une salade à soixante dollars – ne nous emballons pas.

Voici donc un résumé non-exhaustif de ces dernières semaines.

Vous avez réalisé votre deuxième clip, et, au passage, bon nombre de vos fantasmes de mise en scène : morts-vivants, scènes dansées, chorégraphies, et surtout références à tout ce que vous aimez, de « Jurassic Park » aux slashers des années quatre-vingt dix. Rien que d’y penser, vous en ronronnez encore.
Vous aviez toujours rêvé de faire du clip, et c’est encore mieux que ce que vous imaginiez. Alors certes, vous n’avez pas une grosse maison de disques derrière vous, et vous jouissez donc d’une certaine liberté (et, accessoirement, de zéro budget, mais on ne peut pas tout avoir). Mais tout de même ! Travailler en musique est un exercice absolument jubilatoire. Et puis, soyons honnêtes – ce n’est pas forcément déplaisant de travailler sans prise de son. On gagne un temps fou, et vous pouvez vous permettre de diriger vos comédiens pendant que la caméra tourne, ce qui s’avère positivement délicieux. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir dire à son acteur principal « oui, vas-y, maintenant, titille-lui le moignon ! Parfait ! Et lèche-le, pour voir ? Super, maintenant tu danses le tango ! ».

Profitons en pour faire une parenthèse « ingé son » : vous avez adoré travailler sans prise de son, mais vous n’avez absolument rien contre les ingénieurs du son, que cela soit clair ; et puis, ce n’est pas vous qui avez inventé le célèbre dicton « quelle est la différence entre Dieu et un ingénieur du son ? Dieu, lui, ne se prend pas pour un ingénieur du son ».
(Pardon, mais vous vous deviez de l’écrire un jour).
Tous les ingénieurs du son avec lesquels vous avez travaillé récemment étaient adorables. Certes, l’un d’entre eux aime à raconter qu’il est agent secret et qu’il sauve régulièrement des jeunes femmes en détresse dans les pays en guerre, et l’autre s’est visiblement donné pour objectif de tenter sa chance avec toute votre équipe, de la stagiaire à peine majeure à la scripte mère de famille. Cela n’enlève rien à leur professionnalisme et à leur gentillesse… ça contribue simplement un peu plus au mythe.

Revenons-en à nos animaux laineux à quatre pattes (ou à trois, ou plus, mais alors dans un bocal avec du formol, ce qui est tout de même moins glamour, quoique plus rigolo).

Le problème des clips, c’est que ça reste un produit de commande. Vous n’avez donc PAS le final cut. C’est affreux – vous n’arrivez pas à vous y faire. Lorsque l’on change un plan, un seul, dans votre montage, c’est comme si l’on vous coupait un bras et que l’on vous le greffait dans l’oreille, ni plus ni moins.
Vous en rêvez la nuit et la première chose qui vous vient à l’esprit le matin est un gros juron.
Plus vous avancez dans ce métier et plus vous acquérez la certitude que tous les réalisateurs meurent à quarante ans d’une crise cardiaque (Spielberg ne compte pas, il n’est pas humain. C’est un dieu, tout le monde sait ça).


Vous avez également pris des vacances, il faut bien l’avouer, travaillé comme hôtesse d’accueil (vous ne vous êtes en effet toujours pas résolue à épouser un vieux milliardaire libidineux), travaillé comme seconde assistante sur un court-métrage, travaillé comme hôtesse d’accueil, aidé à l’organisation d’un festival de court-métrages, et travaillé comme hôtesse d’accueil… oui, cette répétition est malheureusement volontaire.
Vous êtes par ailleurs une très mauvaise hôtesse d’accueil, puisque vous consacrez vos heures de travail à rédiger une note de blog géante où vous racontez votre petite vie alors que cela ne va MEME PAS changer la face du monde.

Bref, vous voici de retour, et une fois n’est pas coutume (bis), vous fourmillez de projets, et espérez donc nourrir prochainement ce petit site avec plein d’anecdotes sur cette chose bizarre, absurde, difficile, parfois vaine mais toujours fantastique qu’est le métier de réalisateur.


PS à l’ami lecteur : aucun rapport, mais saches, ô fidèle visiteur, que ce blog est en lice pour les Golden Blog Awards ! Pour le vote, c’est ici, avec ma reconnaissance éternelle: http://www.golden-blog-awards.fr/blogs/je-veux-faire-du-cinema-mais-je-n-y-arrive-pas.html
(oui, Blogspot rechigne à m'afficher le lien, alors vous êtes obligés de copier-coller, je fais au mieux pour réparer ça, ARG)

jeudi 2 août 2012

La bat-anecdote.

Voilà, ça y est. Vous vous êtes enfin décidée à braver la foule, le pop-corn et les écrans de Smartphones, et vous êtes allée voir « The Dark Knight ».

Du moins, vous avez essayé.

Tout avait pourtant bien commencé ; votre séance n’était pas complète, vous étiez bien placée, et les gens autour de vous semblaient plutôt enclins à respecter le film et à rester sages. Même les publicités avaient été supportables, et vous aviez été gâtée au niveau des bandes-annonces. Que demander de plus ?

C’était sans compter sur le principe du Yin et du Yang : si tout se passe bien, quelque chose va FORCEMENT couiller quelque part, pour faire une balance.
En l’occurrence, pour vous, ce fut le son. Selina Kyle venait tout juste de se jeter élégamment par la fenêtre, juste après dérobé le collier de perles ; le gros « boum » qui a suivi vous a fait penser qu’elle devait peser bien plus qu’on ne pouvait le supposer. Mauvaise langue ! Le boum n’était autre que le bruit du son qui lâche, qui pète, qui a décidé de prendre des vacances sans vous. Telle Catwoman, vous vous êtes donc jetée dans les escaliers, bondissant vers la sortie afin de prévenir le personnel du cinéma.
(D’accord. Il se peut que cette image ait été quelque peu enjolivée et que la scène, vue de l’extérieur, ait été un peu moins "James Bond" et un peu plus "éléphant cherchant les marches dans l’obscurité" . Soit.)

Le hic, c’est qu’en dépit de votre prestation héroïque, de ce sacrifice magnifique d’une cinéphile prête à rater trois minutes de blockbuster estival pour sauver cent cinquante personnes, le son n’est jamais revenu.

Après une demi-heure d’attente, de tests sonores et d’excuses maladroites du cinéma, le diagnostic fut sans appel : la séance ne reprendra pas, merci, au revoir, mais si vous voulez il reste des places tout devant sur les côtés à la séance suivante.

MEME PAS UNE COMPENSATION POP-CORNAIRE !

Bref. Cette expérience inédite vous a confrontée à une situation nouvelle : le manque. Le coitus interruptus cinématographique.

C’est affreux ! Vous errez alors sans but, en proie à une étrange sensation d’inachevé. Vous êtes comme un chiot larmoyant que l’on aurait ôté à sa mère avant qu’il ne soit sevré.
C’est donc officiel : le cinéma peut se tenir fièrement aux côtés de la nourriture, de la drogue ou du sexe ; c’est une faim physique qui ne saurait s’éteindre avant que le cœur ne soit rassasié.

Enculé de Batman !

mercredi 1 août 2012

Le petit milieu de l'audiovisuel... ou pas.

Horreur !

Vous avez été démasquée.

Vous travaillez actuellement pour une agence d’hôtesses, passage obligé pour tout individu de sexe féminin pesant moins de cent-vingt kilos et ayant un jour été en quête de travail.

Par contrat, « le port de la veste est obligatoire en toute saison ». Vous passez donc vos journées à mariner dans votre malheureux tailleur, les dessous de bras comme des piscines et le visage en feu, à l’accueil d’un restaurant d’entreprise. Toujours avec le sourire, cela va de soi. Classieuse, mais dégoulinante.

Le hic, c’est que l’une de vos « connaissances » – sur un célèbre réseau social commençant par Face et finissant par Book – vous a reconnue.
Connaissance, car vous ne vous étiez jamais rencontrés ; le jeune homme en question vous avait contactée après avoir vu, par hasard, l’un de vos courts métrages sur internet. Vous ne vous étiez jamais vraiment parlé depuis.
Vous avez donc reçu un message de sa part, message vous demandant s’il s’agissait bien de votre petite personne à l’accueil de ce grand groupe de banlieue parisienne.

Inutile de dire que vous vous êtes sentie comme Peter Parker à qui l’on viendrait de retirer son masque.

Vous vous êtes empressée de répondre par l’affirmative, mais en précisant toutefois que ce n’était que temporaire, un clip et deux courts métrages vous attendant pour la rentrée. Non mais oh.
(Fichu honneur. Ne pourriez-vous donc pas vous asseoir dessus ?)

Votre ami d’internet vous a toutefois vite rassurée… Il n’est, en effet, pas premier assistant sur le tournage du dernier long-métrage dont tout le monde parle ; il n’est pas non plus acteur à succès, producteur riche et désœuvré ou même régisseur-esclave sur une émission destinée à la TNT. Comme vous, il a un travail dit alimentaire, et comme vous, il est simplement en CDD dans l’entreprise où vous officiez.

Dans la vraie vie, il veut être réalisateur.

L’honneur est sauf !

Tout de même… Vous avez trouvé ce job grâce à une amie actrice, qui travaille pour l’agence d’hôtesses en question (oui – même là, il vous a fallu être pistonnée).

Votre formatrice sort, quant à elle, de la télévision, et travaille sur des programmes courts et autres expositions de photographies.

Quant au prestataire qui vous emploie pour cette mission, c’est un ancien acteur/animateur…


Moralité, si le verre est à moitié plein : tout cela est extrêmement rassurant. Vous n’êtes pas seule.

Moralité, si le verre est à moitié vide : ON N’EST PAS DANS LA MERDE !


(Sur ce, il est l’heure d’aller rejoindre un ami réalisateur. Dans son restaurant de hamburgers, bien sûr !)

mercredi 27 juin 2012

Chroniques de la Terre du Milieu – Un Hobbit sur la route.

Il ne fera plus jamais beau. C’est, en tous cas, l’impression que vous avez ; vous êtes en totale dépression météorologique.

Tiens, c’est étrange, ce temps sinistre vous rappelle quelque chose… Voyons voir… C’était l’été, mais il pleuvait un jour sur deux, et vous avez du apprendre à tout faire sous la pluie… Ah, oui, la Nouvelle-Zélande. What else !

Quelle meilleure occasion pour continuer les Chroniques de la Terre du Milieu ? Avec un temps pareil, l’écriture vous semble être une délicieuse tentation… même si, dans votre imaginaire, vous vous visualisez dans un bon gros fauteuil au coin du feu, un chai tea latte viennois à vos côtés et l’ordinateur sur vos genoux (vision bien éloignée de la réalité, puisque vous êtes dans un studio en banlieue parisienne et que les simples vitrages, en plus d’une horrible lumière grise et crue, laissent passer les cris des moutards de l’école d’en face. Diantre.)

La Nouvelle-Zélande, donc… Il fallait au moins ça pour vous faire acheter (et porter !) un K-way et des chaussures de marche. Mais quelle aventure ! Et quelle poisse, accessoirement. La preuve en images, et en un article.

Mardi 13 décembre 2011 (coïncidence amusante, vous n’aviez jamais remarqué que c’était un treize). Vous quittez le parc national d’Abel Tasman, au Nord de l’Ile du Sud, pour vous rendre à Kaikoura, quelques centaines de kilomètres plus bas. Vous êtes de très bonne humeur ; tout d’abord, vous êtes en voiture avec une amie et de la bonne musique (pour ne pas dire que vous chantez à tue-tête sur un vieux CD de Blondie acheté pour une bouchée de pain dans un centre commercial), et vous adorez l’idée de ce road-trip dans une contrée lointaine.
Ensuite, vous avez, la veille, réussi à parcourir treize kilomètres à pied en moins de quatre heures, dans la forêt, sous la pluie, sans rien à manger (une seule boutique à l’orée du parc national, qui avait bien sûr été mise à sac juste avant votre départ), et vous vous sentez donc invincible et particulièrement en forme – vous êtes officiellement une Indiana Jones, une Ellen Ripley, rien ne vous fait peur et vous êtes prête à en faire dix fois plus, par l’enfer ! (NB : le parc national d’Abel Tasman est censé être l’un des plus beaux endroits du monde. Des plages de sable fin, une eau claire, bref, le paradis. QUAND IL NE PLEUT PAS. Sinon, vous vous retrouvez à randonner sous la pluie, à défaut de pouvoir admirer les colonies de phoques en kayak dans des lagons comme les aimerait Jack Sparrow.) (Ceci dit, c’était très chouette. Quand même.)
Enfin, vous vous dirigez vers une bourgade réputée mondialement pour ses animaux marins, et l’idée de nager avec des dauphins et de voir des baleines vous fait sourire niaisement (OK, d’accord, ça fait moins Ellen Ripley, là).

BREF. Vous êtes particulièrement joyeuse. Même s’il pleut…

Au milieu de la route, soudain, un ralentissement : les voitures sont arrêtées et passent au compte-goutte sur un pont. Vous passez ledit pont à votre tour et ooooh ! Un tournage ! Des camions régie et des bonhommes en K-way avec des talkie-walkie !


Bah. C’est mignon, mais ça ne peut pas être le tournage du Hobbit : tout le monde sait qu’il a lieu loin des routes, dans des endroits reculés, et qu’il est au moins aussi protégé qu’un chef d’état en visite en Irak. Aucune chance. Vous continuez à rouler – accessoirement, il est midi passé, et vous mourrez de faim. Et il pleut. Pas de regrets.
Vous continuez sur quelques kilomètres, et, après une dizaine de minutes, arrivez dans une petite ville répondant au doux nom de Havelock.


Quelques maisons, un port et ouf, un restaurant – un énième restaurant avec une petite figurine de moule vous accueillant joyeusement à l’entrée. Vive la mer, vive les moules, et à table, alors !


Pour changer, votre serveur est FRANÇAIS – c’est assez incroyable, le nombre de Français qui ont eu l’idée brillante d’aller s’installer en Nouvelle-Zélande pour changer de vie. Vous n’en avez jamais croisé autant, pas même à New-York pendant les vacances scolaires… Ceci dit, les Français de Nouvelle-Zélande sont autrement plus sympathiques que les affreux bourgeois à mèche de quinze ans écumant la Grosse Pomme dans leurs gilets Abercrombie.
L’avantage d’avoir un serveur français, pour le coup, c’est que vous entamez immédiatement une petite discussion ; depuis combien de temps êtes-vous ici ? D’où vous venez, en France ? Et tiens, c’est quoi ce tournage sur la route ?

(la musique de « Psychose » commence. La scène de la douche, cela va sans dire.)

« Le tournage ? C’est la suite du Seigneur des Anneaux, bien sûr ! Ils sont là pour trois jours, et le soir ils viennent manger ici. Toute l’équipe est super sympa, on rigole bien… »

Bon, là, tout va assez vite – il y a comme un truc qui se brise à l’intérieur de vous. LA.SUITE.DU.SEIGNEUR.DES.ANNEAUX.
Peter Jackson est dans un rayon de moins de dix kilomètres. Le film le plus attendu de l’année se tourne là, tout de suite, maintenant, à côté de vous, et vous l’avez dépassé parce que VOUS AVIEZ FAIM !!! (vous êtes bien un Hobbit, tiens.)

Alors c’est peut-être le stress accumulé au cours du voyage, le fait que vous ne savez pas quoi faire, que vous vous sentez très stupide, ou encore simplement la tristesse de réaliser que vous ne pourrez probablement rien y faire mais bon, voilà, autant l’avouer : vous éclatez en sanglots.

AU REVOIR, ELLEN RIPLEY.

Vous ne pouvez pas rester pour attendre le soir, et manger avec toute l’équipe ; votre planning est très serré, et il vous reste encore plusieurs centaines de kilomètres à parcourir avant la nuit. Si vous aviez du temps et un budget illimité, bien sûr, la question ne se poserait pas, et vous regrettez plus que jamais que vos parents ne possèdent pas une chaine hôtelière de luxe, et vous vous dites que vous auriez quand même pu investir au moins une fois par semaine dans un ticket d’Euromillions. Mais les faits sont là : vous ne pouvez pas rester, point barre.
Vous ne pouvez pas non plus partir sans avoir rien fait ; vous pensez au discours du président des Etats-Unis dans « Independance Day » : « Nous ne voulons pas disparaître sans nous battre ! ». Eh bien là, euh, voilà, c’est un peu pareil.

Heureusement, vous avez une co-équipière de choc qui, bien qu’elle ne comprenne pas trop comment il est possible de pleurer pour un film de plus de trois heures avec des nains poilus qui se battent contre d’autres mecs bizarres en costumes, décide de faire demi-tour et de vous emmener jeter un œil sur ce fameux tournage. Reconnaissance éternelle – nous ne sommes pas grand-chose sans nos amis.

Vous voilà donc reparties en sens inverse. Hé ! Il ne pleut même plus. Vous avez mal au bide comme si vous alliez passez votre Bac une troisième fois (quoi ? C’est bien connu, les cinéastes sont des cancres. Ca, et le fait que les équations différentielles mériteraient d’être jetées aux oubliettes et dévorées par les Nazgûls).


Vous arrivez de nouveau au niveau du pont… Sur votre gauche, une aire routière ; sur votre droite, des toilettes. La production a réquisitionné l’aire, qui est donc fermée par des barrières et des régisseurs armés jusqu’aux dents, mais les toilettes semblent accessibles. Stratégie : vous êtes des filles. Vous allez donc faire semblant d’avoir très, très, très envie de faire pipi, et vous approchez des toilettes. Ni vu, ni connu. Action !

Devant les toilettes sont garés des camions contenant de gros tonneaux. Le genre « gros tonneaux à bière pour Hobbits ». Pas de vrais tonneaux, quoi, des accessoires de cinéma. Hmmm. Vous les fixez bien du coin de l’œil, pour pouvoir ensuite crier que vous les avez vus en vrai quand vous les apercevrez dans le film. Ha, ha ! A défaut de mieux…
Vous faites pipi à côté d’une dame à l’air sévère avec une oreillette ; vous vous dites qu’elle a CARREMENT un look de productrice, et vous commencez à fantasmer : c’est effectivement une des « executives » de Warner Bros. Elle va vous demander un mouchoir, vous allez lui en donner un et entamer la conversation ; bien sûr, vous allez sympathiser immédiatement, grâce à votre sens de l’humour surdéveloppé, et elle va vous emmener avec elle sur le tournage, où elle vous présentera à Peter Jackson, parce que bon, quand même, vous avez parcouru plus de vingt mille kilomètres, alors quel hasard extraordinaire de tomber sur eux, et…
La femme sort des toilettes sans même un regard pour vous. Bon.

Vous sortez des toilettes et, plus déterminée que jamais, vous foncez droit sur le régisseur qui monte la garde devant l’entrée de l’aire. Il est jeune, il a l’air sympa et puis zut à la fin, les Néo-Zélandais sont tous plus gentils les uns que les autres, il ne peut pas vous envoyer bouler.

- Bonjour… Il se passe quoi ici ?
- Oh, euh, rien, des travaux sur la route…
- Ah. Non parce que, en fait, je suis réalisateur (oui, bon, vous décidez d’essayer de l’impressionner un peu), et je sais reconnaître un tournage quand j’en vois un, je ne suis pas stupide. Et je sais que c’est un tournage.
- Euuuuh (le type est super, super gêné, et commence à vous parler en regardant en l’air. Mon Dieu – on dirait vous, il n’arrive pas à vous envoyer promener, il est trop gentil) … Euh oui, bon, OK, c’est un tournage.
- Merci. Et ce ne serait pas le tournage de « The Hobbit », par hasard ?
- Euuuuh… j’ai rien le droit de vous dire…
- Non mais bon, en fait on me l’a dit. Je sais que c’est « The Hobbit ».
- Je peux rien dire, je suis désolé… (mais il se passe quoi dans le ciel, à la fin ? Arrête de regarder en l’air !)
- Bon, écoutez. Je viens de France, je ne suis là qu’un mois. Je ne vous cherchais pas et je vous tombe dessus par hasard, juste parce que vous êtes sur le chemin que j’emprunte aujourd’hui. C’est pour ainsi dire le destin ! Alors euh, sachant que je viens de très, très loin, que je veux être réalisateur et que le cinéma c’est toute ma vie… Je peux passer ? S’il vous plaît… ?
- J’ai pas le droit…
- S’il vous plaît…
- Je suis désolé, je ne peux pas.

Voilà. TOUT CA POUR CA. Ô rage, ô désespoir, ô ventouseur ennemi ! Qu’étiez-vous censée faire ? Vous roulez par terre en pleurant, ou partir dignement ? La deuxième option paraissait plus raisonnable. Au moins, vous avez essayé…

Comme on dit : si proche, et pourtant si loin. Gnnnnnn, que c’est FRUSTRANT ! Foutu destin ! Pourquoi vous mettre l’eau à la bouche pour ensuite vous narguer ainsi ? Vous auriez préféré ne jamais tomber sur ce maudit tournage.

En repartant, vous essayez d’emprunter un chemin à travers champs, le long de la route – peine perdue, vous ne croisez pas Peter.
Votre voiture est arrêtée encore une fois quelques kilomètres plus loin, en direction d’Havelock, et vous comprenez enfin le manège ; les voitures sont autorisées à passer quand la caméra ne tourne pas… sinon, elles sont dans le champ.


En bonne groupie que vous êtes, vous profitez donc de cette pause pour photographier tout le paysage autour de vous – Nord, Sud, Est, Ouest. Voilà. On ne sait jamais.




Quoiqu’il en soit, la production a mis le paquet – c’est la route principale, la seule à des kilomètres à la ronde, et ils ont les moyens de la bloquer… Vous voyez mal Gaumont bloquer l’A6.

Eh bien oui, lecteur, voilà, c’est tout. On vous a envoyé bouler – votre journalisme d’investigation n’est pas encore au point. Vos techniques de persuasion non plus.
En plus, vous n’avez vu aucune baleine à Kaikoura. Bon, d’accord, vous avez nagé avec les dauphins en eaux profondes ; toutefois, cette expérience restera surtout inoubliable du fait que l’intégralité de votre bateau, vous incluse, a vomi comme Regan dans
« L’Exorciste ». Ah, la vie d’aventurier…

Deux jours intéressants, comme on dit !

mardi 29 mai 2012

Ouf.

L'ami d'un ami vient de partager ses sentiments sur le dernier Festival de Cannes. Youpi: vous voilà un petit peu défrustrée (en français dans le texte, oui).

"Cannes 2012 : 1H 22 de queue pour aller voir des films que personne n'ira voir quand ils sortiront en salles ... invasion de réfugiés roumains quémendant quelques centimes d'euros à des branchouilles/têtes à claques sortant bourrés du Baron à 8h00 du matin... fêtes cafardeuses envahies par des VRP de "je ne sais pas quoi" qui n'ont aucun rapport avec le cinéma... coin presse étouffant de monde où tu es obligé de t'asseoir sur d'autres journaleux pour taper des textes que personne ne lit et qui sont eux mêmes noyés dans la masse d'autres textes que personne ne lit non plus ... ambiance flashy/technoïde constante transformant la ville en un clone hirsute de Las Vegas... vieilles bourges botoxées se retrouvant à mater des films de la compète au détriment de jeunes cinéphages sans badge rêvant d'avoir des places... j'en passe et des meilleures. Résultat des courses : rentré trois jours plus tôt que prévu. Les films, je les verrais plus tard tranquillou en projo, en salles, en dvd, sur le câble, en vhs, en super 8 ou sur un des 10000 clones de Mega Upload. C'était mon 30e et dernier Cannes."

Aaaah, ça va beaucoup mieux.

Vous, ce que vous retiendrez de Cannes, c'est le Palmarès. Enfin, les thèmes qui s'en dégagent et qui fleurent bon l'été, la joie de vivre, les rires d'enfants : euthanasie, pédophilie, religion, homosexualité... Vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Hop hop hop, au boulot. A la rentrée, vous devez être prête à présenter un scénario pour un chouette film de deux heures et demie, de préférence dans une langue étrangère bizarre. Ce sera l'histoire de deux nonnes lesbiennes très âgées, espionnées par des caméras de télé-réalité. Leur univers bascule le jour où l'une d'elle est accusée de pédophilie, ce qui déclenche une attaque cérébrale chez l'autre. Alors elles décident de s'entre-euthanasier. Voilà.

Quoique ce pourrait peut-être être plus sympa si la première dévorait, nue, le visage de la deuxième. A voir.


(BAM! Palme d'Or, direct.)

samedi 19 mai 2012

La vie d'artiste.

Comme nous l’avons déjà vu*, le fait d’être considéré comme un cinéaste prometteur par son entourage peut parfois s’avérer problématique.

Votre famille et vos amis ayant une foi indéfectible en vous, ils se font en effet un plaisir de donner votre nom chaque fois que quelqu’un mentionne une activité ayant un tant soit peu un rapport avec l’audiovisuel.
Vous n’osez pas critiquer : ils pensent aider. Aussi, au lieu de faire voler des tables en leur hurlant de ne jamais donner votre numéro de téléphone sans vous avoir consultée, nom de Zeus de putain de bordel de merde, vous souriez bêtement en baragouinant les remerciements de circonstance.

Vous voulez être réalisateur, oui. Vous voulez écrire, oui. Pour autant, cela veut-il dire que vous êtes équipée au niveau image, montage et même son, ou que vous maîtrisez tous les aspects des différents métiers du spectacle, de la lumière au mixage, en passant par l’installation d’une scène en plein air ? NON.

Voilà comment vous avez par exemple passé des après-midis entiers à maudire la moitié de l’hémisphère Nord en vous prenant la tête sur des devis pour des films institutionnels que vous saviez irréalisables. Parce que hé, untel a un contact qui aimerait bien mettre une vidéo de présentation de sa société sur son site internet, alors vous pourriez le faire pour pas cher, vous, la fille dont la caméra mini-DV a rendu l’âme il y a des années et qui ne possède même pas un ordinateur digne de ce nom pour faire du montage…

Voilà comment vous avez été propulsée réalisatrice de la captation d’un spectacle son et lumière géant en plein air l’été dernier, sans même avoir pu donner votre avis ou même votre accord, ce qui n’est finalement pas important puisque hé, untel organise un concert géant et ce serait super si vous pouviez le faire pour pas cher avec votre matériel, ça vous ferait une expérience d’enfer et pourquoi est-ce qu’on douterait de vous puisque vous êtes la meilleure des a) amies, b) petites-filles, c) membre de la famille à différent degré (à cocher selon les cas de figure).

STOP !

Vous voulez bien écrire des scenarii, des romans, des articles, des chroniques, des lettres de motivation, des fiches de lecture, des lettres d’amour, des dissertations, des notes d’intentions, des bandes démos, des discours de remerciement, des spectacles de stand-up, des vœux de mariage, des lettres d’insulte, n’importe quoi, peu importe, vous pouvez. Parce que c’est ce que vous savez faire, et que vous en avez les moyens.
Vous voulez bien réaliser ou simplement mettre en scène des courts métrages, des longs métrages, des publicités, des films institutionnels, des captations en tous genres, des spectacles, des comédies musicales, des spectacles de fin d’année, des mariages, des enterrements, des dépucelages même, n’importe quoi, tant qu’on vous en donne les moyens. Et avec plaisir, en plus.

Vous ne savez pas, en revanche, éclairer un spectacle pour trois mille personnes, faire la prise d’un son d’un concert ou plus simplement tourner un film sans caméra. Et même si vous avez essayé mille fois de le faire comprendre à votre grand-père, grand-mère, oncle, tante, cousine, coiffeuse, boucher, ami, amie, amis, il n’y a rien à faire – vous serez toujours la fille vers qui on se tournera. Parce que vous êtes trop gentille, trop stupide, trop fauchée, trop au chômage, et que chacun de ces adjectifs conviendra forcément à quelqu’un qui sera fier de pouvoir dire qu’il connaît LA personne idéale pour gérer l’évènement de l’année : VOUS.

Voilà pourquoi votre week-end est gâché par l’épée de Damoclès numéro quatre cent cinquante deux qui pend au dessus de votre tête : vous êtes censée appeler, non, on insiste pour que vous appeliez illico un intellectuel de gauche, professeur de philosophie de son état, qui désire réaliser « Entre les murs 2 » avec ses élèves. A trois cent kilomètres de là. Avec votre aide, bien entendu.
Alors oui, vous êtes ouverte d’esprit, et vous voulez bien aider ; mais il faut bien avouer qu’en général, les lecteurs de Télérama vénérant François Bégaudeau sont assez sectaires – vous vous voyez mal parler des bienfaits de « Shaun of the Dead » autour d’une bière. Vous avez carrément peur, en fait.

AU SECOURS !



* Voir l’article « Et ils vécurent heureux, et eurent beaucoup de DVD »
(http://jeveuxfaireducinema.blogspot.fr/2010/05/et-ils-vecurent-heureux-et-eurent.html)


mercredi 16 mai 2012

The Party.

Aujourd’hui commence le 65ème Festival de Cannes. Cela méritait bien un article… (Quelle originalité ! Quelle audace !)

(La musique du « Petit Dinosaure » commence.)


Depuis environ deux mois, tout le monde s’évertue à vous poser LA question : irez-vous au Festival de Cannes cette année ?
Beeeuuah… non.
Vous n’avez pas de court-métrage à y présenter, donc pas d’accréditation, et encore moins d’argent. Au revoir palmiers, croisette, soleil ! Au revoir vieux riches, starlettes et scientologues ! Au revoir le cinéma, aussi…

La vérité, c’est que vous êtes très triste. Vous adorez le Festival de Cannes ! Quand vous n’y êtes pas, vous avez l’impression qu’une grande fête a lieu sans vous. Bon, quand vous y êtes aussi, en fait. Mais le lecteur intelligent aura compris l’idée.

D’accord – vos origines y sont peut-être aussi pour quelque chose. Vous avez grandi dans une ville où il ne fait jamais beau, et vous vivez à Paris. Le simple fait de passer dix jours au bord de la Méditerranée, entourée de restaurants qui proposent des fruits de mer et de la bouillabaisse, vous rend bêtement heureuse.

Toutefois… il n’y a rien à faire : vous aimez faire la queue pendant des heures en plein soleil pour essayer d’aller voir un film qui, de toute façon, sortira dans quelques mois. Vous aimez manger un panini insipide assise sur une bordure de trottoir en regardant passer tous les gens portant une accréditation autour du cou. Vous aimez flâner dans les allées du Marché du Film en volant des posters d’œuvres improbables à droite et à gauche, afin de décorer vos toilettes en rentrant. Vous aimez passer devant le tapis rouge à l’heure de la montée des marches, et sentir la fébrilité ambiante. Vous aimez aller manger un cookie au Kinder entre deux projections dans le petit coffee shop en face du Palais des Festivals. Vous aimez mettre votre réveil à neuf heures dans le but d’aller à la séance de onze, puis vous rendormir quand il sonne en vous disant que vous n’y arriverez jamais. Vous ne vous lassez pas de remonter la Croisette dans tous les sens, d’y repérer ses stars, ses énergumènes, ses présentateurs télé, ses mamies siliconées, ses étudiants plein d’espoir dans leurs costumes H&M, ses happenings. Vous adorez retrouver des amis cinéphiles que vous ne voyez pas souvent, et déjeuner dans des bouis-bouis avec eux en parlant de cinéma à mille à l’heure.
Vous aimez même vous faire refuser l’entrée à une soirée parce que vous êtes en ballerines, pas en talons aiguilles. Tourner pendant des heures à la recherche d’une place de parking. Ou encore participer à la guerre des flyers dans les couloirs du Short Film Corner, luttant sans relâche au jour le jour pour faire remonter votre petite affiche de film.



Vous n’avez pas honte d’admettre que vous aimez ce putain de microcosme puant et suffisant, duquel vous vous sentez pourtant tellement proche. Cannes, tout le monde crache dessus, mais les gens pleurnichent quand ils n’y vont pas.
Il y a sûrement une part de masochisme en vous : nul autre endroit ne peut rendre aussi bien compte de la concurrence. Vingt-trois aspirants réalisateurs au mètre carré, c’est effrayant. Vous relativisez, tout de même : c’est toujours mieux que les cinquante-deux aspirants acteurs.

Pourtant, on ne peut pas dire que l’an dernier, votre festival de Cannes ait été un franc succès. Professionnellement parlant, en tous cas.
La partie « incrustation » fut en revanche une réussite totale. Des plages privées aux salons du Carlton, en passant par la réception de luxe dans les salons de l’ambassadeur au Palais des Festivals, vous êtes entrée partout – même avec vos ballerines. Vous n’avez pas payé un verre, pas un, pendant toute la durée des festivités. De la soirée Martini à la soirée Cointreau, vous avez régulièrement croisé Jean-Pierre Lavoignat et autres Frédéric Beigbeder (en train de se faire monter dessus sur une banquette, toujours). Vous avez assisté à une soirée filmée par Le Petit Journal. On vous a même proposé de la drogue – que de chemin parcouru depuis votre premier festival et les soirées « chips et coca » sur le balcon de la résidence Pierre & Vacances.
Pour autant… Vous n’alliez pas vous jeter sur Thierry Frémaux en lui demandant de l’aide pour votre carrière future. Vous avez votre honneur, tout de même.

Le fait de partir avec votre petit-ami n’a pas vraiment aidé. Essayez un peu de faire une soirée au bras d’un apprenti réalisateur de sexe masculin ! Vous ne serez rien d’autre que la potiche en robe du soir qui accompagne le monsieur. La prochaine fois, vous vous fabriquerez une pancarte : « Je suis réalisateur aussi. Arrêtez de regarder mes seins, ma bande démo est mieux ».

Il n’y a rien à faire – vous donneriez quand même n’importe quoi pour passer ne serait-ce qu’une journée à Cannes. Rien qu’une toute petite, minuscule journée. Même juste cinq minutes, si elles s’écoulent en compagnie d’Ewan McGregor. Ou simplement deux minutes, juste le temps d’acheter un magazine de cinéma avec un t-shirt en cadeau dedans.
S’il te plaît, dieu des jeux-concours, aide une petite réalisatrice perdue !

De là où vous êtes, même la gare de Juan les Pins a des allures d’Hollywood…



lundi 14 mai 2012

SOIS BONNE ET TAIS TOI.

Vous êtes scandalisée. Outrée, révoltée, fâchée, écoeurée.

La famine en Afrique ? Les Néo-Nazis en Grèce ? Les élections françaises ? Le monde du cinéma ? Non : la MODE.

Vous êtes obligée de passer par le centre commercial pour aller au cinéma. En allant voir « Dark Shadows », vous aviez remarqué qu’une grande enseigne de mode masculine avait lancé une collection Men In Black. Soit.
Aujourd’hui, en sortant de « La cabane dans les bois », vous constatez qu’une autre enseigne a une collection de t-shirts Star Wars absolument fantastique. Or, il se trouve que cette enseigne est MIXTE…

Encore une fois, votre légendaire naïveté vous a explosé au visage – comment avez-vous pu croire une seule seconde que les filles auraient droit à un beau t-shirt Star Wars ?

Tu es une fille ? Alors sois bonne et tais toi ! Les t-shirts sympa, le fun, c’est pour les garçons. Toi, tu es priée de mettre ton corps forcément parfait en avant dans d’insipides débardeurs moulants aux tons pastel d’une banalité affligeante.

Ce n’est pas JUSTE !

En plus, il y a un marché à prendre – vous ne voyez pas pourquoi il ne pourrait pas y avoir de beaux t-shirts Star Wars pour les filles, bien coupés et légèrement décolletés. Ou même, puisque les filles sont visiblement toutes des salopes désireuses d’en montrer le plus possible, de beaux t-shirts Star Wars minuscules à souhait, exhibant fièrement nombril et nichons, ouverts dans le dos, et représentant Leïa à quatre pattes en train de miauler. Au moins ça, quoi !

Le plus triste, c’est que vous avez retourné le magasin pour essayer de trouver un t-shirt de fille sympa… et vous avez trouvé ce qui est apparemment censé être l’équivalent du t-shirt Dark Vador. Accroche-toi, lecteur, et admire la photo volée ci-jointe.




On ne le dira jamais assez : être une fille, c’est vraiment pas facile.

La vie normale. (2)

Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que vous n’êtes pas intermittente du spectacle – vous ne l’avez jamais été. Vos cinq cent sept heures, vous les avez effectuées en stage, ou mieux encore, au noir. Quand vous déprimez parce que vous n’avez pas de travail, cela signifie que vous allez devoir puiser dans vos économies pour payer votre loyer, et qu’il n’y a aucun revenu en vue. Quand certains de vos amis dépriment parce qu’ils n’ont pas de travail, cela signifie qu’ils s’ennuient parce qu’ils ne tournent pas de gros films actuellement, mais tout va bien, parce qu’ils touchent au moins mille cinq cent euros de congés spectacle. Net.

Vous ne comptez pas vous lancer sur l’épineux sujet du statut intermittent – vous n’êtes pas là pour ça. Vous en avez simplement marre des gens qui prétendent compatir à vos soucis alors qu’ils ont commencé leur vie professionnelle avec des stages payés cinq cent euros la semaine. Des gens qui râlent quand leurs piges sont inférieures à trois cent euros, et qui ignorent qu’un SMIC ne permet pas vraiment de s’amuser.
Un de vos collaborateurs aime à raconter partout qu’il refuse les journées de travail à moins de mille euros…

Bon nombre de personnes, acteurs ou techniciens, acceptent de travailler bénévolement – cela ne les dérange pas parce qu’ils ont leurs heures, donc une sécurité financière. Quand vous acceptez de travailler bénévolement, cela signifie que vous ne gagnez pas d’argent, et qu’il faudra se remettre à ouvrir du courrier très rapidement. Youpi !
Vous ne savez pas vraiment ce que vos amis pensent de votre situation. Une chose est sûre, c’est qu’aucun d’entre eux, qu’il travaille ou non dans le milieu du spectacle, ne semble comprendre que vous êtes perpétuellement fauchée. Sinon, ils ne vous proposeraient pas constamment de :
a) manger des hamburgers à douze euros (le hamburger, pas le menu)
b) donner cinquante euros pour aider un petit Africain orphelin et séropositif qui peint avec ses pieds, en échange d’un bloc de papier à lettres à votre nom (ah non, merde, ça c’est la Croix-Rouge, pas vos amis)
c) faire un tour d’Europe en voiture, partir en trek dans le désert tunisien, réserver un séjour de luxe aux Canaries, voire, tant qu’on y est, louer une villa à Los Angeles ou à Miami.
Les trois quarts sont blessés quand vous refusez, en plus – c’est sûr qu’après trois ans d’économies acharnées pour partir en Nouvelle-Zélande, vous alliez être d’attaque de suite pour de nouvelles aventures… Peut-être qu’en fait, vous êtes riche, et tout le monde le sait, sauf vous.

Blague à part, c’est parfois un peu difficile à vivre. Vous ne dites rien, mais voir vos amis partir à longueur de temps, c’est frustrant. Putain – vous saviez que vous auriez du être ingénieur. C’est entièrement de votre faute, après tout, vous n’aviez qu’à être bonne en maths.
Certes, vous êtes viscéralement anti-mariage, et vous ne comptez pas avoir d’enfants avant un bon milliard d’années – même si, à en croire des quarantenaires frustrées, votre utérus est d’ores et déjà en train de se dessécher comme un vieux pruneau sous le soleil de midi (et alors ? Vous adopterez des petits Chinois). Vous n’en restez pas moins humaine, et le fait d’avoir une forme de sécurité financière, ou même simplement de pouvoir suivre quand on vous emmène au restaurant vous ferait plaisir. Car non, les cadres et autres ingénieurs en tous genre ne prennent pas systématiquement le menu C à huit euros cinquante.

Vous aimeriez tellement avoir un travail. Un truc sympa, même en dehors de l’audiovisuel… Juste quelque chose qui vous permettrait d’utiliser un tant soi peu votre cerveau, qui ne demande que ça, et où vous pourriez parler d’autre chose que de la météo avec vos collègues. Vous avez fini par vous faire à l’idée que vous ne serez jamais intermittente, et que tant que vous ne vivrez pas de l’écriture ou de la réalisation, ce qui reste d’ailleurs totalement hypothétique, vous aurez besoin d’un travail d’appoint. OK, pas de problème – mais ce travail pourrait-il au moins, s’il vous plaît, être INTERESSANT ?

Pour vivre de votre art, au rythme où vous allez, il vous faudrait au moins être un vampire, par sécurité…
Franchement – pour une caissière qui devient écrivain, combien d’apprentis auteurs resteront à jamais des losers ?

Le plus pathétique, dans l’histoire, c’est le soin que vous mettez à faire croire aux autres à quel point votre vie est géniale. Bon, elle n’est pas dégueulasse en soi, c’est sûr. Mais vous trichez sur les versions.
Version honnête pour honnête fille décomplexée : je veux être réalisateur. Je fais de l’intérim la plupart du temps, et parfois je réalise un truc ; ça ne paye pas.
Version hypocrite pour réunion d’anciens élèves : je veux être réalisateur. Ouuuais. J’ai passé pas mal de temps à la télé, ouaaais, puis j’ai beaucoup bossé en boîte de prod’… Là j’ai deux courts sur le feu et je viens de réaliser mon premier clip, ouais, ouais, ça marche pas trop mal quoi…

Vous êtes monstrueuse !

Finalement, vous n’appartenez à aucun clan ; vous êtes plus ou moins exclue du petit monde de l’audiovisuel, et vous n’avez pas le statut intermittent. Pour autant, vous n’êtes pas non plus une vraie salariée, une honnête travailleuse gagnant sa vie comme tout le monde. C’est quoi, votre place ?
Votre devise, c’est : si tu n’arrives pas à faire des films, tu te dois au moins de faire de ta vie un film. Mais comment faire quand le quotidien vous rattrape ? On ne peut pas survivre en se payant péniblement un voyage tous les trois ans…
Vous êtes sans doute bonne à jeter à la poubelle.

Ou alors vous êtes une vieille chanson de Green Day. C’est déjà mieux, mais c’est pas encore ça…

I walk a lonely road
The only one that I have ever known
Don't know where it goes
But it's home to me and I walk alone

samedi 12 mai 2012

La vie normale. (1)

Vous avez vingt-huit ans. La plupart de vos amis sont soit propriétaires, soit mariés, soit, pire encore, parents. Vous êtes locataire, vous avez un travail un jour sur deux et vous êtes allergique à toute forme d’engagement – le simple fait d’acheter un billet de train deux mois à l’avance vous oppresse.

Votre grand-mère aimerait vraiment, vraiment, vraiment vous voir « en robe blanche », pour reprendre son expression. Et si vous pouviez accessoirement lui offrir quelques héritiers… Pauvre Mamie. Elle aurait sans doute été plus heureuse avec une autre petite fille, ou en tous cas avec une version de vous qui serait, par exemple, esthéticienne à Mulhouse (pardon à toutes les esthéticiennes de Mulhouse).

Le fait est que votre vie est tout, sauf normale. Et vous n’avez pas particulièrement envie qu’elle le devienne.
Il va falloir que votre grand-mère comprenne que vous n’avez pas grandi en fantasmant devant des princesses idiotes dont le seul but dans la vie était de se marier. Votre héroïne préférée n’était pas même une princesse – c’était Belle dans « La Belle et la Bête » et même qu’elle était trop cool, elle voulait partir à l’aventure et tout, et en plus elle lisait tout le temps et était super cultivée, nah.
Quand vous étiez petite, vous vouliez être un pirate, un explorateur. Vos modèles féminins étaient Marion Ravenwood, Ellie Sattler, Sandra Bullock dans « Speed » ou encore les héroïnes de James Cameron. Et encore – vous vous identifiiez plus à Indiana Jones.
C’est vraiment étrange que vous ne soyez pas lesbienne, tiens.

Le problème, c’est que la normalité de la vie a vite fait de vous rattraper. Même les grands aventuriers doivent se nourrir et se loger, et c’est là que le bât blesse. Fini de jouer, on ne rigole plus : vous êtes censée être une adulte responsable.
Que les choses soient claires : vous détestez ne rien faire. Travailler, vous ne demandez que ça. Le hic, c’est que vous ne parvenez pas à vivre de l’audiovisuel (y en a-t-il ici qui ne l’auraient pas encore compris ?). Vous faites des choses incroyablement intéressantes et formidablement bénévoles… Vous êtes donc bien obligée de vous tourner vers l’intérim et autres joyeux contrats à durée déterminée, en attendant qu’un vieux milliardaire pas trop libidineux amoureux de votre plume décide de vous coucher sur son testament avant de mourir sur un yacht dans la baie cannoise (attention, hein : il mourra dignement lors d’un grand moment culturel empli d’émotion, comme la lecture d’un bon livre. Pas en pleine gâterie prodiguée par une prostituée russe de seize ans n’ayant même pas de seins).

Or, ce qui est intéressant, quand on a un diplôme de «Technicien Supérieur de l’Audiovisuel, option Réalisation» (mention Très Bien, s’il vous plaît), ainsi qu’un «European Master of Arts, majoring in Audio-visual/Directing», c’est que, une fois sortis du contexte, ces diplômes ne veulent plus rien dire. En d’autres termes, quand vous cherchez du travail, vous vous retrouvez niveau Bac. Bac scientifique, mais Bac tout de même.
Vous avez donc été, pêle-mêle, femme de chambre, opératrice de saisie, gouvernante, secrétaire, réceptionniste, hôtesse d’accueil ou encore agent administratif (un terme poli pour dire que vous ouvrez du courrier). Vous vous refusez à travailler chez Mc Donald’s, Virgin ou tout autre entreprise où vous seriez confrontée à des clients et où l’on pourrait vous reconnaître – c’est idiot mais c’est comme ça.
Vous êtes très fâchée, pour ne pas dire blessée, quand certains de vos proches, parfois même votre père, vous énoncent des énormités telles que « mais pourquoi tu ne cherches pas un boulot dans le montage ou la production ? » … Ah ben oui tiens, vous n’y aviez pas pensé. Parce que bon, être assistante de production ou même servir des cafés à Kad Merad, c’est quand même drôlement moins bien que de distribuer le courrier dans tout le service paie d’une boîte du neuf-trois. Gnnnnn. Si vous pouviez être millième assistante régie, production ou même son, bien sûr que vous le seriez…
Vous voilà donc cantonnée à des tâches ingrates dans des sociétés diverses et variées.

Vous vous retrouvez ainsi confrontée aux gens qui y travaillent – des gens « normaux ». Inutile de mentir : cela fait parfois du bien. Vous êtes toujours très bien accueillie, et, cela ne surprendra personne, les gens « normaux » sont bien plus sincères et gentils que les joyeux drilles qui composent le milieu de l’audiovisuel. Moins de pétasses, moins de fils à papa, moins de fourberies, moins de vils personnages en tous genres – même si tous ne sont pas comme ça, cela va sans dire.
Les gens « normaux » sont toutefois plus… plus… comment dire… NORMAUX. Trop normaux. Parfois terriblement terre à terre et premier degré.

Eté 2010. Vous êtes assise dans le bureau du patron, signant la fin d’un CDD de cinq mois fort sympathique. Le patron en question, par politesse, vous fait la conversation pendant que vous dédicacez divers documents.
« - Alors, qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ?
- Ben, je vous l’ai dit, je veux être réalisateur, je prépare un court-métrage, là…
- Oui, je sais, mais bon, le cinéma c’est un hobby. Tu comptes faire quoi, pour de vrai ?
- … »
S’ensuivent quelques charmantes minutes moralisatrices sur la vie que vous devriez avoir. Espèce de saltimbanque !

Hiver 2011. Vous travaillez dans le service abonnement d’un grand groupe de presse – un service exclusivement féminin. Tout le monde est adorable et deux des filles ont le même âge que vous : l’une a un enfant, et l’autre… deux. Pouin pouin pouin pouuuuin (musique de la déception).
Le neveu du patron vient passer quelque temps au sein du service pour se faire de l’argent de poche ; lui aussi a votre âge. Vos collègues l’interrogent sur son avenir proche… « Oh, moi, je n’ai pas envie de me caser. Je suis jeune, j’ai encore envie de sortir, de faire la fête et de voyager ! »
« Tu as bien raison, roucoulent-elles en réponse, tu as le temps ! »… Après quoi elles se tournent vers vous : « et toi ? »
Vous ? Ben, tout pareil. Vous êtes trop jeune pour vous caser et vous voulez voyager. La sentence tombe immédiatement, d’un premier degré absolument déprimant : « Tu as tort - l’horloge tourne, tu devrais déjà avoir commencé à faire des enfants ! Tu n’es plus toute jeune ! », et blablabla, et prêchi-prêcha, et excusez-moi mais je croyais que les femmes avaient le droit de vote et pouvaient diriger le monde ?

Vous ne voulez pas cracher dans la soupe – vous avez toujours été accueillie très chaleureusement, et les personnes que vous avez pu côtoyer étaient des modèles de gentillesse. Mais, objectivement… vous êtes bien souvent la plus jeune, et on ne peut pas dire que vous ayez les mêmes sujets de conversation. Vos différents emplois sont purement alimentaires, et vous ne vous y épanouissez pas… du tout. Mais que faire d’autre ? Vous avez besoin d’argent, et le vieillard pas trop libidineux se fait attendre...


(à suivre dès demain!)

mardi 17 avril 2012

… Mais un peu quand même.

Tout bien réfléchi, vous vous en fichez. Vous êtes jalouse, certes, mais vous ne déprimez pas pour autant – même si vous sombrerez sans doute en repensant à ce message d’ici une semaine, quand vous aurez repris l’intérim et autres ouvertures de courrier.

Votre bonne humeur reste, pour le moment, inébranlable.

Vous n’aviez rien réalisé depuis plus d’un an et demi. Un an et demi ! Dieu sait s’il s’en est passé, des choses, en un an et demi. Autant être honnête : on ne peut pas dire que vous ayez constamment eu l’envie de vous battre et de continuer. Vous avez, honteusement, pas mal pleuré sur votre sort.

Et, aussi bête que cela puisse paraître, votre petite journée de tournage vous a fait comprendre une chose : vous êtes faite pour ça, nom de Zeus de nom de Zeus.
Ce n’est pas même que vous aimez ça, non – bien sûr que vous aimez ça, le cinéma est toute votre vie. C’est simplement que vous SAVEZ que votre place est là. Que vous voulez faire ça jusqu’à la fin de vos jours.
Et ce n’est pas Morgan Freeman qui va tout gâcher.

Bon, qui sait – toute l’équipe vous a sans doute trouvée lamentable, tyrannique ou pire, invisible. Tant pis… Cela n’enlève rien à cette délicieuse sensation.


C’était la minute kitsch, merci, au revoir.

(Et oui, il est possible que la jeune réalisatrice enthousiaste ait repris le dessus sur la vieille jalouse aigrie. Qu’il est dur d’être schizophrène !)

(Deuxième message reçu, pour l’anecdote : « Oh. Il y a aussi Mélanie Laurent……. » )

lundi 16 avril 2012

... OU PAS!

(attention, lecteur ! Ce mini-billet est signé non plus par la jeune réalisatrice enthousiaste, mais par la vieille jalouse aigrie).

Voici une parfaite petite illustration de votre ironique petite vie : vous venez à peine de poster votre dernier article (un article joyeux, une fois n’est pas coutume) quand vous recevez un message de votre cadreuse, amie très proche qui, comme vous l’avez déjà mentionné, travaille bien plus que vous, la plupart du temps sur de « gros » longs métrages.

« Je fais des renforts sur un film américain aujourd’hui ! On vient de m’appeler en urgence! Il y a Morgan Freeman, le frère de James Franco, Mark Wahlberg aussi je crois, et je ne sais plus qui d’autre ! Tuerie ! »

Gnnnnn.

Happy Days

Oh, oh. Il se passe un truc bizarre – vous êtes de bonne humeur. Vous êtes même excessivement joyeuse, pour ne pas dire que vous êtes sur un petit nuage depuis maintenant une dizaine de jours. Serait-il possible qu’il vous soit arrivé quelque chose de positif ?

(Les nuages s’écartent, les rayons de soleil vous illuminent et les anges entonnent un «Alleluiah»)

OUI !

Vous avez tourné votre premier clip.
Mais, au-delà de la joie d’avoir bougé un peu vos fesses ankylosées, c’est la joie que tout se soit bien passé qui l’emporte.

Monter un projet, c’est un peu comme être bipolaire : vous alternez les phases de profonde dépression et de bonheur absolu. Haut, bas, haut, comme le déodorant. Votre clip n’a pas échappé à la règle, et la préparation en fut pour le moins épique. Mais voilà : pour une fois dans votre vie, vous avez été bien entourée. Cela ne signifie pas seulement que l’équipe était compétente et que vous aviez du très bon matériel (même si tourner avec la meilleure des caméras de cinéma, avoir un chef opérateur qui vous fait des flares à la J.J. Abrams sur demande ou encore découvrir qu’il est possible d’affectionner son producteur, ça a du bon) ; non, cela signifie surtout que votre équipe était sincèrement motivée, de la maquilleuse à l’assistant-réalisateur, en passant par les électros (si, si). Pas d’abominables techniciens blasés qui n’ont que faire de ce sur quoi ils travaillent, qu’il s’agisse du dernier blockbuster à la mode ou d’un film érotique glauque dans la banlieue de Rouen – tant qu’ils font leurs heures…
Chacun des membres de votre belle équipe vous a généreusement offert sa journée et vous avez eu l’impression, pour la première fois depuis des années, de retrouver enfin le plaisir simple de faire un film entre amis, comme à l’époque du lycée.

Même les problèmes les plus épineux ont fini par tourner à votre avantage. L’un de vos acteurs se désiste la veille au soir ? Pas de problème, votre deuxième assistant-réalisateur se dévoue pour passer devant la caméra… et s’avère, en plus d’être bon et extrêmement photogénique, être le sosie de Jude Law.

Vous n’auriez jamais imaginé, dans vos rêves les plus fous, que tout se passe si bien. Vous appréhendiez quelque peu les rapports avec votre nouveau chef opérateur, qui s’évertuait à vouloir vous faire louer dix mètres de rail pour un travelling dont vous n’aviez pas besoin. Dix mètres. Pour vous, cela s’apparentait à mettre des explosions dans un film d’auteur. Pourtant, une fois sur le plateau, la collaboration s’est faite sans encombre, dans la bonne humeur et le respect du chef que vous êtes (que c’est bon de le dire, parfois. Ha ha !)…
Et que dire des acteurs ? A votre niveau, un comédien sur deux est, la plupart du temps, mauvais. Sur ce projet, vous dirigiez douze personnes, de tous âges, hommes et femmes, et tout le monde a été parfait. La disponibilité et la gentillesse sont une chose, mais ces comédiens avaient, cerise sur le gâteau, tout à fait compris ce que vous vouliez; chaque prise fut un régal. Pour vous, cela s’appelle… de la science-fiction.

Vos acteurs n’ont pas donné que leur temps – ils vous aussi plus ou moins donné leur corps ! Le clip demandait sensualité, baisers et, il faut bien l’avouer, coups de langues. Et, contrairement à ce que vous auriez pu penser, ce genre de choses détend énormément… Vous rigoliez tellement, à vrai dire, que vous n’arriviez plus à crier «coupez».
C’est officiellement décidé : vous mettrez désormais du sexe dans tous vos films. Rien de tel pour mettre tout le monde à l’aise. Et puis vous aimez tant lancer des phrases comme « Tout le monde en place pour l’insert nichon ! » - c’est votre côté glamour.

Le plus incroyable, finalement, c’est que la magie s’est prolongée au-delà du tournage. Le montage a été facile, merveilleusement facile – vous ne vous étiez jamais pris la tête avec autant de plaisir. Vous n’avez même pas overdosé la chanson… Quant au résultat final, il est à la hauteur de vos espérances, et plus encore. Vous pouvez vous passer ce clip plusieurs fois de suite sans vous lasser ; vous riez encore au dixième visionnage, et le jeu hilarant des acteurs vous permet de découvrir à chaque fois un gag que vous n’aviez pas encore vu. Vous ne révolutionnerez pas le monde du clip, mais vous avez un produit de qualité, techniquement impeccable, extrêmement cinématographique, et vous racontez une petite histoire – chose qui vous tenait à cœur.

En fait, tout est tellement parfait que vous vous sentez étrangement détachée. Ce clip fonctionne, il est beau, et vous en gardez un excellent souvenir – il ne peut pas être de vous !

Si l’on en croit le principe du Yin et du Yang, vous allez devoir faire très, très attention en traversant la route dans les jours à venir…

lundi 19 mars 2012

Girl Power dans ton cul.

Vous avez, pendant quelques temps, travaillé avec une productrice qui prenait la cause féministe très à cœur, et c’était assez fatigant. Elle vous reprenait systématiquement quand vous disiez que vous vouliez être réalisateur (ré-a-li-sa-TRICE !), et faisait ce truc horrible qui consiste à mettre la lettre e à la fin du mot « auteur ». Une auteure. Non mais franchement.

Quiconque appartient au genre féminin sait que ce n’est pas forcément facile, qu’il s’agisse de discrimination au travail ou simplement d’un crétin de l’autre sexe qui vous traitera de pisseuse si vous émettez l’envie de faire une pause en voiture.
Il y a des femmes incroyables qui ont fait avancer les choses, qui ont touché à des vrais problèmes. Et il y a les autres, les poilues insupportables qui décrédibilisent les femmes, tout comme les vieux hippies malodorants et anarchistes décrédibilisent la cause écologiste. Celles qui font disparaître le « mademoiselle » des documents administratifs, par exemple…

Tout cela pour dire que vous n’êtes pas spécialement portée sur le féminisme ; enfin, vous êtes en tous cas loin d’être une extrémiste, et vous ne chipotez pas sur des idioties. Disons que vous êtes le genre qui se présenterait comme étant réalisateur à une manifestation en faveur de l’avortement… !

Alors d’accord, nous sommes en France, en 2012, et vous n’êtes donc pas spécialement à plaindre. Mais lorsque l’on se destine à être réalisateur (ré-a-li-sa-TRICE !), on ne peut pas s’empêcher, de temps à autres, de se poser la question : être une fille, ça aide, ou pas ?

Certes, vous avez parfois du mal à vous faire respecter, notamment par les techniciens de sexe masculin (comme c’est étrange…). Mais objectivement, vous diriez qu’il y a autant de bon que de mauvais. Et puis, il ne faut pas se leurrer, les nichons, ça aidera toujours.
Ce que vous préférez, c’est l’idée que vous avez toujours une chance d’être la première femme réalisateur (ré-a-li-sa-TRICE !) de nationalité française à remporter l’Oscar. Pitié, Michel Hazanavicius, ne change jamais de sexe.

Alors, pourquoi cette réflexion, pourquoi ce billet ?

La semaine dernière, vous avez reçu un message d’un parfait inconnu qui venait de voir votre film, et qui tenait à vous féliciter. Jusque là, tout allait bien.
Contente, vous avez immédiatement fait part de votre satisfaction à la première personne qui passait par là, à savoir votre petit-ami… qui a bien rigolé et vous a dit que ce n’était pas une critique de film, mais de la drague foireuse.
Bien entendu, vous avez été vexée, très vexée – vos films ne sont-ils donc pas assez bons pour mériter des critiques sympathiques, sans arrière-pensée ?
Et paf, vous avez répondu à l’inconnu pour le remercier. Non mais oh.

La réponse de l’intéressé a cette fois-ci été plus explicite. Voilà, vous êtes merveilleuse et tous vos films sont géniaux, énormes, très bien écrits et tiens, deviens mon amie sur Facebook tant qu’on y est.
Quelle déception. Votre traître de petit-ami a raison, mais vous devez, en plus, ajouter l’inconnu à la longue liste des cinéphiles désespérés tentant leur chance vers une pauvre inconnue ayant réalisé deux malheureux courts métrages et ne méritant pas tant d’attention. Si encore vous ressembliez à Cameron Diaz – mais non ! Les types n’ont même pas besoin de votre photo pour écrire, de toutes façons. Ils doivent supposer que vous avez ce qu’il faut là où il faut. Mais vous n’êtes pas qu’un trou à fourrer, vous êtes aussi un cinéaste en herbe qui aimerait bien qu’on juge ses films objectivement !

C’est extrêmement frustrant. Vous faites des films pour qu’ils soient vus, et vous êtes toujours très touchée quand quelqu’un prend le temps de vous écrire un petit mot – ça encourage à continuer. Mais quand une bonne moitié de vos critiques positives ne sont que de pathétiques tentatives de flirt, il y a de quoi se poser des questions. Ils sont biens, vos films, ou pas ?! Ne devriez-vous accepter que les critiques des filles et des homosexuels ?


Etre une fille, c’est nul.

Dèsfois.


Kathryn Bigelow n’a quand même pas eu son Oscar parce que son lifting était réussi… Si?

jeudi 8 mars 2012

Chroniques de la Terre du Milieu - Hairy Feet (2)


Vous voilà donc assise dans un mini-van quelque peu bordélique, en compagnie d’un Maori pour le moins imposant. Vous allez toutefois vite découvrir qu’il est tout aussi génial et gentil qu’il est énorme.
Il coche votre nom sur sa liste et vous tend un papier à lire et à signer immédiatement : la close de confidentialité.

Alors voilà : vous n’êtes donc pas censée diffuser vos photos où que ce soit, ni même les montrer. Bien que ce point vous chagrine, vous comprenez la volonté de la production, et la respectez… même si vous avez la légère impression qu’entre la bande-annonce de «Bilbo le Hobbit» et les différents making-of qui courent sur internet, vous ne dévoileriez pas grand-chose d’extraordinaire. Vos photos restent donc sagement sur votre ordinateur, attendant le jour où les deux films seront sortis et où vous pourrez enfin les exhiber fièrement. Tant pis.
Mais vous n’êtes pas non plus supposée, si l’on en croit le texte, raconter ce que vous avez vu. Hmmm. Voici un point délicat. Avez-vous le droit d’écrire cet article ? Après avoir lu et relu la clause de confidentialité, vous en êtes arrivée à la conclusion suivante : vous n’avez pas le droit de parler de ce qui sera dans le film. Vous ne déflorerez donc rien et ne mentionnerez pas ce qui a été conçu, construit, filmé pour les deux volets de « Bilbo le Hobbit ». En revanche, il vous semble bien innocent de raconter comme se passe la visite, à quoi ressemblait votre guide, et les quelques anecdotes qu’il a pu vous raconter.
Ces réflexions peuvent paraître idiotes mais vous préférez vous poser la question : il serait dommage que l’on décide de vous attaquer et de s’en prendre à votre misérable compte en banque, qui suffirait à peine à payer un repas aux pontes de la Warner. Ou, pire, que l’on vous oblige à fermer votre blog.
Bien entendu, si l’heureux lecteur qui parcourt ces lignes estime qu’il y a un danger de mort imminent, il a tout fait le droit de faire part de son avis sur la question…

Retour à nos moutons (c’est de circonstance).
Vous signez la close, non sans frémir, et vous voilà partis. Vous êtes la première à monter à bord et avez donc l’occasion de bavarder un peu avec votre chauffeur ; quelle délicieuse surprise ! Il se trouve que le monsieur a participé à l’aventure du « Seigneur des Anneaux », et regorge d’anecdotes. Les deux heures de route que vous passerez en sa compagnie (une heure aller, une heure retour, tout de même) seront donc émaillées de souvenirs ravis et d’histoires incroyables. Vous êtes sur un petit nuage. Vous êtes pratiquement sûre qu’en l’écoutant, vous avez des étoiles dans les yeux et la bouche ouverte niaisement. Peut-être même un peu de bave aux lèvres. Tant pis – vous assumez.
Vous sympathisez avec les autres occupants de la voiture ; comme vous, certains voyagent seuls – leurs compagnons de route ne sont pas non plus de grands fans de la trilogie… (votre amie ne l’a pas vue). Vous voilà donc en grande conversation avec un Maori géant, un bel Anglais et une Polonaise. Etrangement, plus vous vous éloignez de Rotorua pour vous approcher de la Comté, plus le ciel se dégage... La journée va être belle !

Ce voyage en voiture est, pour vous, le plus surréaliste des voyages en voitures. Votre nouvel ami, Super-Chauffeur, vous parle de Peter, d’Orlando et des autres avec un naturel désarmant. C’est tellement étrange – votre conversation les rend réels. Ils sont vrais, ils existent. Ils ont parlé, ils ont rit avec la personne qui vous parle.
Super-Chauffeur a joué le rôle d’un Uruk-hai ; il est mort d’une flèche tirée par Legolas. Orlando Bloom est donc son super copain – il n’arrête pas de vous parler de lui. C’est surnaturel.
Toute sa tribu Maori (à Super-Chauffeur, pas à Orlando Bloom...) a d’ailleurs participé à la trilogie ; comme tous les Maoris, ils ont joué des Uruk-hai et autres méchants belliqueux. A l’entendre, vous avez l’impression que tout le pays a participé, ce qui n’est probablement pas loin de la vérité.
Peter (personne dans la voiture ne songe à demander « Peter qui ? », c’est amusant) est visiblement la personne la plus sympathique du monde, et Super-Chauffeur est intarissable. Il aime bien Peter, c’est toujours un plaisir de lui rendre service ; à sa demande, il a officié sur plusieurs postes, notamment en tant que garde du corps.
Normal, quoi.

Bercée par les histoires merveilleuses de votre chauffeur, vous arrivez à votre destination gonflée à bloc. La voiture se gare devant le café de la Comté, une bâtisse en bois servant de point de départ à la visite. Tout, autour de vous, n’est que collines verdoyantes et moutons. Rien d’autre à perte de vue que la nature. Le soleil brille, il commence à faire chaud, et vous êtes heureuse. « Heureux, E, R, E », comme dirait Roger Rabbit.

Vous embarquez dans un bus de type « bus scolaire américain », et laissez votre chauffeur au café ; un guide prend le relais. Nom de Zeus, le guide.
Pas étonnant qu’il ait eu le job : ce type est un Hobbit. Un vrai de vrai. Il est blond et ses cheveux frisés forment une épaisse tignasse. Et surtout, surtout… il marche pieds nus. Joyeux, convivial, tout content ; un bon Hobbit joufflu comme on les aime.
Et hop, c’est parti. Les lieux de tournage se situent au sein d’un grand domaine appartenant à des fermiers du coin. Techniquement, c’est une propriété privée ; le bus passe donc une barrière et pénètre dans les champs, ou plutôt les collines, où paissent des centaines de bestioles à quatre pattes. Tout le monde est fébrile et regarde par la fenêtre avec une impatience non contenue – on se croirait à la première visite du Jurassic Park, quand les dinosaures refusent de se montrer. Après quelques minutes de slalom sur des chemins de terre, entre vaches et moutons, où le guide vous explique que tel ou tel emplacement boueux servait à garer les camions ou les loges, le bus se gare enfin.

Vous y êtes. La Comté s’étend devant vous, et c’est immense ! Ce n’est pas un faux décor de film en carton-pâte – vous êtes VRAIMENT chez les Hobbits.
Le guide est un chic type, vraiment drôle. Il demande si votre petit groupe de touristes est composé de fans « normaux », ou de fans « fanatiques » ; vos petits camarades et vous, à l’unanimité, vous autoproclamez fans normaux. Pas d’hystériques qui font peur – tout va bien.
Chouette, dit le guide. Il va pouvoir en profiter pour vous raconter plein d’histoires sur les fans légèrement frappadingues qui ont visité les lieux. C’est comme au collège : se moquer des autres, ça créé des liens. Il est doué, ce guide. Voici donc les trois meilleures anecdotes.

3) Commençons avec la charmante histoire d’un charmant petit couple ; le guide n’a pas réussi à identifier leur langue, mais ce n’était certainement pas de l’anglais. La femme, en l’occurrence, ne le parlait pas du tout ; son mari lui traduisit donc intégralement la visite, au fur et à mesure. Mais pas dans leur langue, non. En elfique.

2) Un homme seul vint un jour visiter Hobbitebourg. Au lieu de suivre le guide et d’écouter ses explications, il alla s’asseoir sous l’arbre sous lequel lisait Frodon, et refusa catégoriquement de suivre le groupe. Le guide le laissa donc tranquille pendant qu’il emmenait les autres. Mais que faisait cet homme ? Eh bien il lisait, comme Frodon. Grand fan de Tolkien, il n’avait jamais vu la trilogie, et avait décrété qu’il irait lire « Le Seigneur des Anneaux » sous le fameux arbre, au cœur de la Comté ; s’il estimait qu’il était bien dans l’ambiance décrite par le livre, qu’il retrouvait les lieux tels qu’ils étaient censés être, alors il accepterait de voir les films.
Il a finalement été satisfait.

1) La meilleure anecdote est une anecdote luxueuse… Un fan est venu à la Comté et en a profité pour acheter une réplique de l’anneau à la boutique du café (pour ceux qui se posent la question, la bague en question valait huit-cents dollars néo-zélandais, soit environ cinq-cents euros). Il est ensuite allé s’offrir un vol en hélicoptère au dessus du Parc National du Tongariro, dont les célèbres volcans ont servi de décor au royaume de Sauron. La suite se devine aisément…
Il a jeté l’anneau dans le volcan.


La visite est un pur bonheur, comme chacun se doute. Le soleil cogne et, tartinée de crème solaire, vous suivez le groupe en mitraillant les lieux de vos deux appareils photos, tout en répondant aux petites devinettes que le guide vous pose sur les films. Vous êtes officiellement une touriste, une méga-touriste même, mais vous êtes à vingt mille kilomètres de chez vous, et il n’y a pas de témoins. Et puis, vous ne pouvez pas TOUJOURS jouer les blasées – vous êtes un être humain, tout de même.

De retour au café, on vous offre une collation (les Hobbits ont le sens de l’hospitalité), et vous en profitez pour acheter quelques souvenirs. C’est là que vous découvrez la Sobering – de sober + ring : la bière conçue spécialement pour le tournage.
Peter Jackson étant connu pour faire des dizaines de prises, la chose s’est avérée quelque peu problématique quand il s’agissait des scènes où les Hobbits boivent de la bière. Une brasserie locale a donc conçu une bière à un pour cent d’alcool, afin que les comédiens puissent éviter le coma éthylique au bout de dix prises.
Pour l’anecdote, c’est la bière la plus insipide que vous ayez jamais bue – mais c’est sans doute celle que vous avez bue le plus religieusement !


Au retour, dans la voiture, tout le monde n’a qu’un mot à la bouche : Bilbo. Le tournage est en cours, et tout le monde s’échange fébrilement des informations, chacun espérant croiser l’équipe du film dans son périple néo-zélandais.
La Polonaise vous explique qu’un ami à elle a bu un verre avec Ian McKellen dans un bar. L’Anglais connaît plusieurs personnes qui sont tombées sur Orlando Bloom. Tout le monde, en tous cas, s’accorde à dire que le tournage se fait sur l’île du Sud.
Super-Chauffeur vous dit de ne pas vous faire trop d’illusions : l’équipe s’éloigne toujours des routes principales, et le tournage n’est pas facile à trouver. C’est mal vous connaître, vous et votre légendaire chance malchanceuse.
Mais ceci est une autre histoire…

lundi 5 mars 2012

Chroniques de la Terre du Milieu - Hairy Feet (1)


6 décembre 2011, bien trop tôt le matin…


Vous sortez de votre motel sous une pluie fine et allez attendre sur le trottoir. Vous ressemblez à une touriste, ce qui vous déplaît fortement – chaussures de marche, appareil photo en bandoulière et, abomination suprême, k-way. De la fumée s’échappe d’une bouche d’égout et parfume toute la rue d’une bonne odeur d’œuf pourri ; c’est le quai de la station Châtelet-Les-Halles puissance mille. Cet endroit pue, c’est une abomination.
Mais qu’est-ce que vous foutez là ?

Flashback numéro un.
Un mois auparavant, vous avez arpenté le Net dans ses moindres recoins pour être sûre de ne pas rater Hobbitebourg / Hobbiton, le village des Hobbits, lors de votre voyage en Nouvelle-Zélande. Aucun risque : l’endroit est plus que célèbre et possède un site internet très détaillé. Vous y avez donc appris que le seul moyen d’aller vénérer les lieux est de prendre part à une visite guidée – moyennant quelques dizaines de dollars, cela va sans dire. Boarf – quitte à payer un billet d’avion et à subir vingt-quatre heures de vol, autant ne pas rater ça : c’est une formalité !

Vous avez un peu faim mais il est hors de question d’avaler quoi que ce soit tant que vous marinerez dans cette odeur. Vous surveillez l’heure sur votre téléphone portable : votre rendez-vous ne devrait plus tarder.

Flashback numéro deux.
Une semaine auparavant, vous avez écrit aux responsables du site pour les avertir de votre visite prochaine, et vérifier ainsi qu’il n’y aurait aucun problème. La réponse fut rapide, fort sympathique, et plutôt rassurante. Oui, le site serait ouvert lors de votre passage dans la région. Oui, vous pouviez venir sans réserver. Et tenez, nous vous envoyons même les horaires de départ de toutes les visites.

Vous commencez à stresser, parce que l’horaire de votre rendez-vous a été dépassé d’environ deux minutes et que si vous échouez sur ce coup là, vous n’aurez pas d’autre chance avant un bon bout de temps. Vous n’êtes même pas sûre de ce que vous attendez, mais vous guettez désespérément le coin de la rue.
Grrrrrrrooooou, fait votre ventre.

Flashback numéro trois.
Première semaine de votre périple néo-zélandais, quatrième jour d’aventure… soit la veille de votre interminable attente sur le trottoir. Vous vous rendez de Coromandel à Rotorua – en français dans le texte, vous descendez vers le Sud après avoir atterri à Auckland. Votre fenêtre pour visiter Hobbitebourg se situe donc ici, entre deux étapes. Il se trouve que, par miracle, la ville des semi-hommes est en plein milieu de votre parcours (merci, dieu du cinéma ! Merci, dieu des voyageurs !). Elle répond au doux nom de Matamata…
Bien entendu, votre GPS a décidé de mourir juste à la sortie d’Auckland, et vous devez donc trouver tout cela par vous-même. Mais c’est toujours un plaisir que de s’arrêter dans une station-service ressemblant en tous points à un décor de film américain, et de demander au pompiste s’il n’aurait pas, par hasard, entendu parler des Hobbits (vous ne voulez pas avoir l’air trop bête, aussi commencez-vous systématiquement vos phrases par « I have a silly question… »).

On vous envoie au « Visitor Centre », au centre-ville ; pas spécialement difficile à trouver, étant donné la taille de la bourgade.
Vous voici donc devant l’office de tourisme en question. On peut difficilement le rater, puisqu’une grosse sculpture herbue représentant un trou de Hobbit est implantée sur le trottoir. En face, sur le terre-plein central, au centre de l’avenue, un gros panneau proclame « Welcome to Hobbiton », un Gollum en pierre à ses côtés. Pas de doute, vous êtes arrivée. Enfin, presque…
Vous entrez dans le « Visitor Centre » et vous dirigez vers le comptoir (oui, oui, nous sommes toujours dans le flashback numéro trois), afin de faire part à l’autochtone en fonction de votre désir d’embarquer pour la dernière visite de la journée, à dix-sept heures et des poussières. BAM ! Raté. Selon la demoiselle à l’accent improbable qui vous fait face, cette dernière visite n’existe pas. Du moins, pas encore – cet horaire ne s’appliquera qu’à partir de Noël. Bien entendu, vous avez raté la dernière visite, la vraie, partie une petite heure plus tôt.
Un courant glacé s’insinue dans vos entrailles… Vous n’allez quand même pas rater CA ? Eh bien non ! L’ami néo-zélandais a tout prévu. Des navettes sillonnent la région et peuvent passer prendre les joyeux touristes à leur hôtel, dans les grandes villes environnantes. En l’occurrence, on pourra venir vous chercher le lendemain matin, à la première heure, à Rotorua, et vous pourrez passer la matinée à folâtrer dans les vertes collines. C’est plus cher, et vous devrez écraser une demi-journée dans votre programme du lendemain. Mais la question se pose-t-elle ? Non.
Vous vous dirigez donc vers Rotorua, un peu déçue mais soulagée. En chemin, vous ne pouvez vous empêcher de vous demander où se cache, exactement, le village des Hobbits. Vous savez que le décor se trouve dans une ferme, hors de la ville. Mais où ? On est souvent déçu lorsque l’on met les pieds sur un décor de cinéma : on réalise que les cadrages trichent énormément et que tout est en réalité minuscule. Pas ici : la région entière, sur des dizaines de kilomètres, n’est composée que de collines verdoyantes. A perte de vue, de l’herbe verte sur un paysage vallonné. Vous avez l’impression de reconnaître les lieux à chaque virage, c’est un supplice. Mais vous savez que dans un peu plus de douze heures, vous y serez…


Un peu plus de douze heures après, justement, vous revoilà sur votre trottoir, toujours à faire le pied de grue dans les odeurs de soufre. Rotorua est une ville réputée pour ses phénomènes géothermiques. Alors oui, c’est incroyable, c’est impressionnant, aaaah, ooooh, des flaques d’eau bouillantes, des lacs multicolores, des geysers, des enfants Maori qui meurent ébouillantés en jouant entre les maisons (euh… véridique). Mais ça pue. CA PUE !
Et puis ça y est, il arrive. Un mini-van estampillé « Hobbiton » tourne au coin de la rue et se dirige vers vous.
AAAAAAAAAAAAH !!!


La suite demain.
Eh ouais, je fais du teasing. Je suis comme ça, moi.

mardi 21 février 2012

Chroniques de la Terre du Milieu.


Pas de panique ! Aucun puceau féru d’informatique ne se cache derrière ce titre quelque peu pompeux, et cet article ne va pas parler princesses, dragons et épées. Ce n’est point l’introduction d’une longue saga d’héroïc-fantasy, et l’auteur de ces lignes n’a même jamais essayé les jeux de rôles.



Il se trouve que vous avez une devise : à défaut de réussir à faire des films, on se doit de vivre sa vie comme s’il s’agissait d’un film.
Vous avez donc ouvert, il y a quelques années, un compte-épargne destiné aux voyages lointains, très lointains. Ce petit comptounet dormait donc tranquillement sans rien demander à personne quand vous avez finalement décidé, en décembre dernier, de le réveiller brusquement. Très brusquement, même : vous l’avez intégralement vidé.
Mais qu’est-ce que trois ans d’épargne intensive face à l’appel de l’autre bout du monde ? Toutes ces heures d’intérim passées à ouvrir du courrier en compagnie de collègues quarantenaires fans de la série « Scènes de Ménages » n’auront pas servi à rien. Justice a été faite : vous êtes partie découvrir la Nouvelle-Zélande.

Ah, la Nouvelle-Zélande. Inutile de mentir : avant « Le Seigneur des Anneaux », vous n’en saviez pas grand-chose, mis à part que c’était loin. Après « Le Seigneur des Anneaux », vous vous représentiez le pays exactement comme dans les films : un mélange de forêts elfiques, de collines verdoyantes emplies de Hobbits et de paysages somptueux à l’image du Rohan.
C’est un peu ça, en fait. Y compris pour les Hobbits : pas mal de Neo-Zélandais se baladent pieds nus – ou alors, vous avez juste trouvé le moyen de tomber systématiquement sur des gens bizarres.
Bon, c’est aussi beaucoup d’autres choses, et vous en avez pris plein les mirettes pour un bon bout de temps (heureusement d’ailleurs, parce que vous n’êtes pas prête de repartir de sitôt). Mais ce blog étant consacré au Septième Art, vous essaierez de vous tenir aux anecdotes s’y rapportant…
C’est assez délicat – vous ne voulez pas passer pour une infecte frimeuse, mais vous ne pouvez PAS ne pas raconter votre visite à Hobbitebourg ou aux studios Weta; les lecteurs de ce blog seront les seuls à même de comprendre vraiment l’émotion qui a pu vous éteindre lorsque vous avez mis les pieds au cinéma Embassy, à Wellington, ou lorsque vous êtes tombée PAR HASARD sur le tournage de « Bilbo le Hobbit »… (si, si).
Vous décidez donc de prendre le risque de vous faire jeter des cailloux. Tant pis – il faut que vous partagiez ça.

Il faut tout de même savoir que visiter la Nouvelle-Zélande, c’est un peu comme faire un grand jeu de piste sur les traces du « Seigneur des Anneaux » ; où que vous alliez, vous allez tomber sur un lieu de tournage (que vous n’identifierez pas forcément…) ou sur quelqu’un qui a participé à l’aventure. C’est un peu comme un grand pèlerinage, en fait. Vous vous sentez obligée d’embrasser le sol au moins une fois par jour.

Voilà pourquoi le récit de ce périple va nécessiter différentes notes – ça, et le fait que vous voulez éviter d’emmerder le monde en écrivant un roman… Bon, pas dix mille articles non plus, mais trois ou quatre probablement. Voilà l’heureux lecteur averti !

Le premier épisode – la visite de Hobbitebourg - arrive donc très vite… Stay tuned !