mardi 17 avril 2012

… Mais un peu quand même.

Tout bien réfléchi, vous vous en fichez. Vous êtes jalouse, certes, mais vous ne déprimez pas pour autant – même si vous sombrerez sans doute en repensant à ce message d’ici une semaine, quand vous aurez repris l’intérim et autres ouvertures de courrier.

Votre bonne humeur reste, pour le moment, inébranlable.

Vous n’aviez rien réalisé depuis plus d’un an et demi. Un an et demi ! Dieu sait s’il s’en est passé, des choses, en un an et demi. Autant être honnête : on ne peut pas dire que vous ayez constamment eu l’envie de vous battre et de continuer. Vous avez, honteusement, pas mal pleuré sur votre sort.

Et, aussi bête que cela puisse paraître, votre petite journée de tournage vous a fait comprendre une chose : vous êtes faite pour ça, nom de Zeus de nom de Zeus.
Ce n’est pas même que vous aimez ça, non – bien sûr que vous aimez ça, le cinéma est toute votre vie. C’est simplement que vous SAVEZ que votre place est là. Que vous voulez faire ça jusqu’à la fin de vos jours.
Et ce n’est pas Morgan Freeman qui va tout gâcher.

Bon, qui sait – toute l’équipe vous a sans doute trouvée lamentable, tyrannique ou pire, invisible. Tant pis… Cela n’enlève rien à cette délicieuse sensation.


C’était la minute kitsch, merci, au revoir.

(Et oui, il est possible que la jeune réalisatrice enthousiaste ait repris le dessus sur la vieille jalouse aigrie. Qu’il est dur d’être schizophrène !)

(Deuxième message reçu, pour l’anecdote : « Oh. Il y a aussi Mélanie Laurent……. » )

lundi 16 avril 2012

... OU PAS!

(attention, lecteur ! Ce mini-billet est signé non plus par la jeune réalisatrice enthousiaste, mais par la vieille jalouse aigrie).

Voici une parfaite petite illustration de votre ironique petite vie : vous venez à peine de poster votre dernier article (un article joyeux, une fois n’est pas coutume) quand vous recevez un message de votre cadreuse, amie très proche qui, comme vous l’avez déjà mentionné, travaille bien plus que vous, la plupart du temps sur de « gros » longs métrages.

« Je fais des renforts sur un film américain aujourd’hui ! On vient de m’appeler en urgence! Il y a Morgan Freeman, le frère de James Franco, Mark Wahlberg aussi je crois, et je ne sais plus qui d’autre ! Tuerie ! »

Gnnnnn.

Happy Days

Oh, oh. Il se passe un truc bizarre – vous êtes de bonne humeur. Vous êtes même excessivement joyeuse, pour ne pas dire que vous êtes sur un petit nuage depuis maintenant une dizaine de jours. Serait-il possible qu’il vous soit arrivé quelque chose de positif ?

(Les nuages s’écartent, les rayons de soleil vous illuminent et les anges entonnent un «Alleluiah»)

OUI !

Vous avez tourné votre premier clip.
Mais, au-delà de la joie d’avoir bougé un peu vos fesses ankylosées, c’est la joie que tout se soit bien passé qui l’emporte.

Monter un projet, c’est un peu comme être bipolaire : vous alternez les phases de profonde dépression et de bonheur absolu. Haut, bas, haut, comme le déodorant. Votre clip n’a pas échappé à la règle, et la préparation en fut pour le moins épique. Mais voilà : pour une fois dans votre vie, vous avez été bien entourée. Cela ne signifie pas seulement que l’équipe était compétente et que vous aviez du très bon matériel (même si tourner avec la meilleure des caméras de cinéma, avoir un chef opérateur qui vous fait des flares à la J.J. Abrams sur demande ou encore découvrir qu’il est possible d’affectionner son producteur, ça a du bon) ; non, cela signifie surtout que votre équipe était sincèrement motivée, de la maquilleuse à l’assistant-réalisateur, en passant par les électros (si, si). Pas d’abominables techniciens blasés qui n’ont que faire de ce sur quoi ils travaillent, qu’il s’agisse du dernier blockbuster à la mode ou d’un film érotique glauque dans la banlieue de Rouen – tant qu’ils font leurs heures…
Chacun des membres de votre belle équipe vous a généreusement offert sa journée et vous avez eu l’impression, pour la première fois depuis des années, de retrouver enfin le plaisir simple de faire un film entre amis, comme à l’époque du lycée.

Même les problèmes les plus épineux ont fini par tourner à votre avantage. L’un de vos acteurs se désiste la veille au soir ? Pas de problème, votre deuxième assistant-réalisateur se dévoue pour passer devant la caméra… et s’avère, en plus d’être bon et extrêmement photogénique, être le sosie de Jude Law.

Vous n’auriez jamais imaginé, dans vos rêves les plus fous, que tout se passe si bien. Vous appréhendiez quelque peu les rapports avec votre nouveau chef opérateur, qui s’évertuait à vouloir vous faire louer dix mètres de rail pour un travelling dont vous n’aviez pas besoin. Dix mètres. Pour vous, cela s’apparentait à mettre des explosions dans un film d’auteur. Pourtant, une fois sur le plateau, la collaboration s’est faite sans encombre, dans la bonne humeur et le respect du chef que vous êtes (que c’est bon de le dire, parfois. Ha ha !)…
Et que dire des acteurs ? A votre niveau, un comédien sur deux est, la plupart du temps, mauvais. Sur ce projet, vous dirigiez douze personnes, de tous âges, hommes et femmes, et tout le monde a été parfait. La disponibilité et la gentillesse sont une chose, mais ces comédiens avaient, cerise sur le gâteau, tout à fait compris ce que vous vouliez; chaque prise fut un régal. Pour vous, cela s’appelle… de la science-fiction.

Vos acteurs n’ont pas donné que leur temps – ils vous aussi plus ou moins donné leur corps ! Le clip demandait sensualité, baisers et, il faut bien l’avouer, coups de langues. Et, contrairement à ce que vous auriez pu penser, ce genre de choses détend énormément… Vous rigoliez tellement, à vrai dire, que vous n’arriviez plus à crier «coupez».
C’est officiellement décidé : vous mettrez désormais du sexe dans tous vos films. Rien de tel pour mettre tout le monde à l’aise. Et puis vous aimez tant lancer des phrases comme « Tout le monde en place pour l’insert nichon ! » - c’est votre côté glamour.

Le plus incroyable, finalement, c’est que la magie s’est prolongée au-delà du tournage. Le montage a été facile, merveilleusement facile – vous ne vous étiez jamais pris la tête avec autant de plaisir. Vous n’avez même pas overdosé la chanson… Quant au résultat final, il est à la hauteur de vos espérances, et plus encore. Vous pouvez vous passer ce clip plusieurs fois de suite sans vous lasser ; vous riez encore au dixième visionnage, et le jeu hilarant des acteurs vous permet de découvrir à chaque fois un gag que vous n’aviez pas encore vu. Vous ne révolutionnerez pas le monde du clip, mais vous avez un produit de qualité, techniquement impeccable, extrêmement cinématographique, et vous racontez une petite histoire – chose qui vous tenait à cœur.

En fait, tout est tellement parfait que vous vous sentez étrangement détachée. Ce clip fonctionne, il est beau, et vous en gardez un excellent souvenir – il ne peut pas être de vous !

Si l’on en croit le principe du Yin et du Yang, vous allez devoir faire très, très attention en traversant la route dans les jours à venir…