lundi 29 novembre 2010

French touch.

Quand une vidéo de trois minutes résume des pages et des pages de critique… Que dire ? Si je partage ceci, c’est (forcément) que je trouve cette chose merveilleuse, pour ne pas dire génialissime.

http://www.dailymotion.com/video/xfkkc4_palmashow-comment-s-ecrit-un-film-d-auteur-francais-y_fun

Mon Dieu, ces gens sont entrés dans ma tête, c’est effrayant, j’ai l’impression que tout cela sort de moi ! On a encore violé mon esprit ! Arg !

Bref. Je n’avais pas le plaisir de connaître ces gugusses, que je tiens désormais en très haute estime (sourire victorieux) – si vous les connaissez, ben, embrassez les pour moi, tiens.

vendredi 26 novembre 2010

Projection et stressomètre (1)

Lorsque vous êtes quelque peu déprimée, vous allez vous réfugier dans une salle obscure. Passées vos sombres réflexions sur le fait qu’aller au cinéma seule est, selon vous, l’apothéose de l’abandon et du désespoir (vous êtes quelqu’un de très sociable), vous vous laissez aller, oubliez tout et vivez deux heures de bonheur parfait durant lesquelles vous êtes AILLEURS.
Et dire qu’il y en a qui se demandent pourquoi les films d’auteurs chiantesques ne sont pas votre truc… Eh oui, cinéma français, parfois nous n’avons pas envie que nos problèmes nous soient renvoyés au visage, qui plus est d’une façon grise et moche.

Toujours est-il que, sachant que vous allez au cinéma aussi souvent que possible… à la base, on peut dire que vous passez actuellement beaucoup, beaucoup de temps chez vos amis à l’uniforme bleu.
(Eh bien oui, quoi. Vous ne pensiez quand même pas que ce métier aidait à avoir constamment le moral ?)

Pas plus tard qu’hier, le film que vous alliez voir a débuté sans les sous-titres, et surtout totalement anamorphosé ; un petit incident qui s’ajoute à votre liste d’anecdotes cinématographiques, ou plutôt de petites catastrophes de projection. Quand on passe sa vie au cinéma, on finit par avoir vécu plus ou moins tous les cas de figures. Plusieurs fois !
Pas de son. Lumières qui ne s’éteignent pas. Pellicule qui casse. Mauvais film. Bagarre – si, si. Les deux zouaves avaient roulé vers l’avant sur plusieurs rangées en s’envoyant des insultes qui dévoilaient de façon parfaite leur quotient intellectuel. En même temps, vous n’en aviez que faire – vous aviez déjà vu le film, et puis vous étiez trop concentrée sur votre Magnum, qui s’était fracassé dans son emballage et que vous deviez laper à l’aide du bâtonnet (ne jamais acheter de glace au cinéma).

Et puis, bien entendu, il y a le pire des cas de figures ; celui pour lequel vous ne souriez pas en vous disant que le projectionniste est un être humain, et que tout cela est plutôt mignon (oui, oui, mignon. J’ai dit).
Le pire des cas de figures, c’est celui qui, malheureusement, tend à croître d’une façon dramatiquement exponentielle dans nos chères petites salles obscures : le crétin qui répond au téléphone.
Variante : le crétin en bande, qui est entré dans la salle pour se réchauffer et qui, non content de mener à voix haute une conversation d’un formidable intérêt avec ses amis, ose déclamer (très fortement) : « C’est quoi le film ? »
Bon sang, vous pourriez tuer. Le cinéma, c’est sacré. Pour vous, acheter un seau de pop-corn est passible de la peine de mort. Et que dire des infectes imbéciles qui consultent leur téléphone pendant le film ? Votre fantasme absolu, c’est de vous lever, d’attraper le machiavélique appareil et de le jeter aussi loin que votre bras sportif (…) le permet. Calmement, impassiblement, comme un grand méchant de cinéma (Alan Rickman vous a toujours inspirée).
Alors les gens qui répondent au téléphone… ceux dont le téléphone sonne… Rien que d’y pensez, vous virez au rouge et de la fumée sort de vos oreilles.
Et ils sont TOUJOURS assis à côté de vous ! Loi de Murphy.
Pour l’anecdote, il faut tout de même préciser que, pour ce qui est de la sonnerie, l’ennemi public numéro un n’est pas un ado, une racaille ou une blonde écervelée. C’est un VIEUX. Un papy-mamie. Quelqu’un qui est bien gentil, mais qui ne comprend visiblement rien à la technologie de base, et dont le vieux Nokia va diffuser joyeusement une sonnerie archaïque pendant la scène la plus poignante du film – loi de Murphy, je vous dis.
Souvenez-vous donc de cette projection de « Des Hommes et des Dieux »… La salle était comble, et on pouvait y compter environ dix personnes de moins de soixante ans – jamais vous n’avez entendu autant de sonneries. Le plus drôle, c’est quand l’intéressé feint de ne rien remarquer. « C’est pas mon portable, la la la, je me concentre très fort sur l’écran ».
Un peu étrange, tout de même, ce choix musical du réalisateur à la fin du film, sur ce long plan enneigé… Ah, non, pardon, c’est le vieux devant moi.


Il faut bien avouer, toutefois, qu’aucune de ces projections n’égale, sur l’échelle de l’apocalypse cinématographique, les projections de vos films d’école.

Il y a le jury, certes. Les remarques cinglantes, les humiliations et les traumatismes qui vont avec (le jour où vous gagnerez votre Oscar, vous avez prévu de dire une phrase sur votre professeur d’Histoire de l’Art dans votre discours. Histoire de lui clouer le bec une bonne fois pour toutes, même si les Oscars ne l’intéressent probablement pas, et qu’il préfère sans doute réfléchir à sa triste condition de mortel devant un film expérimental insoutenable).

Mais il y a aussi la technique, qui ne suit pas. Pourquoi suivrait-elle ? Ce ne serait pas drôle…

De toute façon, s’il y a bien une chose dont vous êtes sûre, c’est que vous risquez de mourir d’une attaque foudroyante à quarante ans (si toutefois vous parvenez à vos fins, et finissez effectivement par devenir, officiellement, réalisatrice...). Trop de stress. La préparation, le tournage, la postproduction, les interminables disputes avec les producteurs, les caprices des uns et des autres (je dis bien des uns et des autres… pas des acteurs !), tout cela, c’est une chose. Mais lorsqu’enfin, après la bataille, épuisée par des semaines de montage, mixage et autres activités vous ayant réduite à l’état de goule, alors que vous n’aspirez qu’à un repos bien mérité, la projection s’annonce… le stressomètre fait un bond en avant. Il implose, même. Et vos films d’école ne vous ont guère aidée, à ce niveau là.

En premier lieu parce que vous n’êtes pas sans savoir que le projecteur de l’école raye les bobines… Si, si.
Mais pour cela, il faut d’abord arriver à la projection – mener le film à bien (faut-il préciser à nouveau que, en soi, c’est déjà toute une aventure ?), et ne pas malmener sa pellicule. Car, gag ! Vous montez « à l’ancienne », sur une belle pièce de musée où vous coupez et collez la pellicule en question. Et, cerise sur le gâteau, vous devez projeter la copie de travail. Voyez-vous, on a pensé, en haut lieu, que le fait de travailler directement sur la copie définitive du film vous inciterait à en prendre soin. Ce dont vous prenez surtout soin, finalement, c’est votre ulcère, là…


(Oui, je tiens à vous conter les mémorables projections en question. Toutefois, elles méritent un article à elles seules).

(Wow. Quel suspense. Je fais un petit cliffhanger, là, non ?)

(Non ? Vraiment ?)

(Bon. Tant pis. Je vous raconterai quand même).

mercredi 3 novembre 2010

La vie, la mort, et Jurassic Park.

J’adore le Japon. Non, pire que ça – je rêve désespérément d’aller au Japon. Le pays du Soleil-Levant se situe dans le Top Ten de mes fantasmes exotiques, aux côtés de « aller à Los Angeles pour un rendez-vous professionnel » et « aller à l’aéroport de Wellington pour y voir Gollum ». Vous imaginez ? Ce n’est même pas pour une raison cinématographique, c’est dire. Il va de soi que non, je n’ai pas de mèches roses assorties à mes chaussures compensées d’inspiration érotico-mangaïesque. Oh, je ne renie pas un bon manga de temps à autres, et je pourrais mourir pour un bon restaurant (je suis un être humain, tout de même), mais je ne suis pas du genre à attendre trois heures sous la pluie pour entrer à Japan Expo en écoutant de la pop japonaise (même si, avouons-le, Berryz Kôbô, c’est cooooool). C’était une précision nécessaire…
Quoiqu’il en soit, j’aime le Japon. Aussi avais-je été interpellée par la façon dithyrambique dont mon professeur d’Histoire de l’Art nous parlait de « Hiroshima, mon amour », d’Alain Resnais. Il en parlait… amoureusement, justement. Alléchée par l’histoire (et par les propos de l’être diabolique, donc), je me rendis, sans préjugés, au cours durant lequel nous devions assister à la projection du film. En fait, j’étais même persuadée d’adorer…
Alors pardon, Monsieur Resnais, pardon. Mais ce fut long, interminable et douloureusement, abominablement soporifique. Je ne crois pas avoir ressenti autre chose que de la peur. Oui, de la peur : mon Dieu, que m’arrive-t-il ? Suis-je si différente des autres êtres de mon espèce ? Pourquoi n’ai-je pas les mêmes… préférences ?
Je n’étais pas seule, comme je le découvris dans le regard effaré de quelques uns de mes condisciples (très peu – nous sommes en France, ne l’oubliez pas). Or, je me souviens tout de même (ha, ha, ha) que l’une de mes petites camarades avait pour habitude de clamer haut et fort sa vénération pour cette œuvre. Cette jeune demoiselle, vêtue comme une « artiste », était fière de dire que ce film avait changé sa vie. Hmmmmm (bruit dubitatif). Ayant pris connaissance de la chose (disons, du long-métrage), je commençais à douter quelque peu de la sincérité de ses propos…

Que voulez-vous ? Les étudiants en cinéma se croient obligés de citer des classiques – souvent les pires – lorsqu’il leur est demandé de citer leur film préféré. Ce n’est pas forcément méchant ou prétentieux… Il nous est simplement physiquement impossible de dire « Bonjour, je suis là parce que j’ai vu « Terminator 2 » quarante-trois fois en quinze ans et que j’aimerais en réaliser une énième séquelle ». Comme nous l’avons déjà vu, nous ne somme pas formatés en ce sens…
J’ai récemment eu droit, pour la trois-cent-quarantième fois, à la grande question.

Jeune étudiant
Et alors, ton film préféré ?

Vieille créature aigrie
« Jurassic Park » – et toi ?

Jeune étudiant
Moi ? En ce moment, je dirais « Ascenseur pour l’Echafaud », de Louis Malle…

Vieille créature aigrie (qui passe, alors, pour une débile mentale)
Hmmmmmmm.

« En ce moment » ? Comment ça, « en ce moment » ? On a un film préféré ou on ne l’a pas ! Et au diable les préjugés. Quand on vieillit, on apprend à assumer… Bon, surtout quand on quitte l’école, en fait, et que l’on n’a plus peur que la STASI nous dénonce au professeur d’Histoire de l’Art.


« Jurassic Park » a été diffusé une énième fois cette semaine, et, comme à chaque fois, vous avez un petit pincement au cœur. Pas un petit pincement de regret, non, un petit pincement d’affection. JP, c’est un membre de votre famille, quelque chose de plus familier que votre grand-tante ou que vos cousins. Vous avez grandi avec JP, et il vous a accompagnée tout au long des grands moments de votre vie. La veille de votre entrée à l’Ecole (hasard extraordinaire, tout de même !), il a été diffusé – vous aviez pris ça comme un signe divin. C’est à lui que vous devez le début de votre grande histoire amoureuse (oui, on peut « pécho » avec JP). Vous le connaissez par cœur, vous l’avez parodié, vous l’avez vu mille fois et pourriez le revoir mille autres. JP vous consolera toujours quand vous allez mal, et JP vous donnera toujours l’impression d’être à la maison si vous êtes loin. Et puis, il faut bien l’avouer : on ne s’ennuie jamais avec JP.
Vous avez toujours peur quand le sol tremble à nouveau et que Ian Malcolm rappelle ses camarades à la Jeep. Vous stressez toujours quand la Petite Futée rend difficile l’accès à la remise. Vous avez toujours un frisson d’angoisse quand vous voyez de la gelée verte. Et vous rêvez toujours au moins une fois par mois que vous êtes poursuivie par des Raptors / un T-Rex / les deux (bon, d’accord, là, c’est peut-être pathologique).

That’s entertainment !

Le prénom du héros de votre premier film d’école n’était autre que Ian.
Vous citez au moins une fois par jour, la plupart du temps de façon inconsciente, une réplique de « Jurassic Park » (ou hum, parfois, aussi, de « Independance Day ». Mais vous n’y pouvez rien si Jeff Goldblum a eu tant de bons rôles, et joue tellement bien le joyeux cynique blasé. Gloire à Jeff Goldblum).
Tout ce que vous avez retenu de « The Social Network », c’est que Joseph Mazzello était le troisième colocataire au fond à droite. Joseph qui ? Ben, Tim. Le petit garçon qui a vomi dans la voiture.
Voiture que vous vous êtes d’ailleurs jurée de posséder un jour, même si rouler dedans impliquera probablement de vous faire jeter des cailloux (certaines mauvaises langues s’appliquent depuis des années à vous faire comprendre que vous auriez l’air ridicule, pour ne pas dire franchement con).
S’il vous arrivait de vous marier (une aberration hautement improbable, mais on ne sait jamais), vous souhaiteriez remplacer la marche nuptiale par le célèbre thème de John Williams. Une affirmation véridique, même s’il est vrai que vous hésitez un peu depuis qu’un ami l’a dénommée « la marche des dinosaures »…

Toute votre vie, je vous dis.

Alors qu’une petite péronnelle ose prétendre qu’elle est là parce qu’elle a vu « Hiroshima mon Amour » étant petite… cela vous fait bien rire, et vous ne pouvez vous résoudre à y croire. Ou alors elle n’a vraiment, vraiment pas eu une enfance normale.

Ou, pire encore, VOUS n’êtes pas normale. Mais ceci reste encore à déterminer.



(Pour en revenir à ma digression originelle… Puisque vous ne l’avez pas demandé – mon fantasme exotique très précis impliquant le Japon est le suivant : « Lire un roman de Haruki Murakami au Japon ». Gloire à Haruki Murakami).