jeudi 31 mars 2011

Api Birzdè.

Nom de Zeus ! Ce blog a déjà un an. Un an, pas assez d’articles, mais encore mille emmerdes à raconter. Et quelques bons moments aussi, d’accord.

Outre le fait qu’un anniversaire reste une bonne excuse pour se goinfrer de génoise et faire péter le Champomy, profitons de l’occasion pour établir un joyeux bilan de l’année qui vient de s’écouler (oui, il s’agit là de masochisme).

Mars 2010 à mars 2011 représente donc, pour vous, dans le désordre :

Un court-métrage.
Mais seulement deux jours de tournage.
Neuf mois de saisie de données.
Neuf cent vingt tournages sur lesquels vous n’avez pas travaillé.
Huit mille quatre cent quatre vingt quinze chèques endossés (approximativement).
Deux jours « surprise » au festival de Deauville.
Une journée de figuration très drôle sur le court-métrage d’un ami, où vous avez eu droit à votre première expérience de la prothèse au cinéma – en l’occurrence, de magnifiques dents de vampires moulées sur vos canines. La grande classe !
La honte de votre vie avec M. Night Shyamalan.
Six semaines d’écriture et de travail pour un producteur anglais qui, en fait, n’existait pas. *
Un après-midi sur le tournage d’un film avec Ethan Hawke, sans Ethan Hawke.
Quelques heures passées aux Auditoriums de Boulogne pour y préparer une projection de votre film – expérience plutôt intéressante, puisqu’on vous y a considérée comme réalisatrice, au même titre que Daniel Auteuil par exemple, qui passait par là. D’abord.
Zéro heure sur cinq cent sept.
Une nuit de mixage dans le studio où l’on double «Les Frères Scott» (vous n’avez jamais regardé et c’est sûrement nul, mais ça le fait, non ?)
Une master-class de Terry Gilliam aux côtés de Liev Schreiber, humble petit fan comme vous.
Un coucou d’Al Pacino, entouré d’une nuée de fans en délire sur Broadway.

Pas beaucoup d’euros, pas encore la gloire, mais beaucoup de bonheur, somme toute. Comme qui dirait, en fait, ça pourrait être pire…

Accessoirement, c’est aussi plein de belles rencontres, notamment grâce à ce bl… site. Rencontres qui vous ont redonné foi en votre pays : non, tous les Français ne consacrent pas tout leur temps libre à l’allumage de cierges en l’honneur de Saint Chiant du Film d’Auteur. Il existe des insurgés qui luttent dans l’ombre, des irréductibles qui croient encore au cinéma et qui, à défaut de le révolutionner avec vous (pour l’instant !), vous redonnent constamment espoir – vous n’êtes pas seeeeeeule !


* La réalité est toujours pire que la fiction, et cette vile anecdote justifiera un article à elle seule… quand vous aurez digéré l’affront qui vous a été fait, et que vous serez capable de la raconter sans proférer insultes et envies pressantes d’éviscérations et autres dépeçages en règle.

dimanche 20 mars 2011

It's like ten thousand spoons when all you need is a knife

Vous voulez savoir ce qu’est l’ironie? L’ironie, c’est quand la vie se moque de vous jusqu’au bout.

Petite illustration comique.

En ce glorieux 17 mars, jour de la non moins glorieuse St Patrick, vous êtes en route pour aller fêter dignement vos origines irlandaises. En voiture avec trois autres personnes, famille et amis, n’ayant absolument aucun rapport, si ce n’est par vous, avec le monde du cinéma.
Vous êtes d’ailleurs en retraite dans votre QG de campagne, chez vos parents, en province. Province qui, il faut bien l’avouer, s’avère être la région de France où la production audiovisuelle est la plus... inexistante. Enlevez le France 3 régional, et vous aurez peu de chance d’y croiser une caméra ou un projecteur. Vous n’avez même pas une chaîne locale de laquelle vous pourriez rire. Le vide absolu.

Aucun risque, a priori, que l’audiovisuel vienne vous narguer. Votre pauvre ego fatigué est en VACANCES.

Quelle était la donc probabilité pour que :

1) Vous preniez un auto-stoppeur ?

Probabilité quasi-nulle. Vous n’aviez pas croisé d’auto-stoppeurs depuis 1912, et la voiture était pratiquement remplie. Mais vous étiez de bonne humeur. Diantre !

2) Cet auto-stoppeur vous annonce que sa petite amie désire être réalisatrice ?

Probabilité infinitésimale, surtout si l’on en croit votre situation géographique. Nom de Zeus, vous n’étiez quand même pas sur le périph’ ! Et puis, des apprentis réalisateurs, il y en a à la pelle, et vous vous en fichez. Mais des réalisatrices en herbes ! Des concurrentes ! Des... des ENNEMIES ! Vous la haïssez immédiatement.

3) La petite amie en question soit actuellement à Los Angeles...

(votre cœur saigne)

3 bis) ... A Los Angeles, en train de parfaire sa formation au célèbre Cal Arts, école où a notamment étudié Tim Burton, mais je-dis-ça-je-dis-rien ?

(votre cœur coule franchement, là)

Alors ? Honnêtement ? Quelle était la probabilité que ce type se retrouve dans votre voiture et vienne vous achever de façon aussi cruelle et sordide ?

Quand on pense que le voyage n’a même pas duré quinze minutes...
Nous sommes donc d’accord : la probabilité frôlait le zéro abyssal, la nullité intersidérale. En d'autres termes, le destin vous nargue. CQFD.

Cette anecdote confirme également ceci : tous les auto-stoppeurs sont bel et bien des psychopathes sans remords. CQFD, deuxième.
La prochaine fois, ce sont eux qui devront avoir peur de vous. Non mais oh !

samedi 12 mars 2011

Bouh, la loose!

Vous êtes lucide : vous savez que personne ne risque de vous appeler après avoir vu votre court-métrage en festival, vous proposant amour, gloire et beauté. Ou juste du travail. Toutefois, vous aimez l’idée que votre film soit vu par de parfaits inconnus. Et s’ils y prennent plaisir et même, récompense suprême, rient, vous aurez tout gagné.
Bien entendu, avant cela, il vous faut passer l’étape des sélections ; mais, motivée comme vous l’êtes, du moins pour l’instant, vous l’envoyez absolument partout. Partout incluant notamment le Japon et le Brésil. Votre producteur va être tellement heureux quand il apprendra que vous lui avez gardé les notes de la Poste – cette simple pensée suffit à votre bonheur.

Et puis ça y est : un beau jour, vous recevez un email. Email contenant les mots magiques : vous-êtes-sélectionnée. Votre film va être VU ! Plusieurs centaines de personnes vont rire, pleurer, sourire, puis se lever et applaudir de toutes leurs forces votre œuvre ! Les chaînes de télévision vont se le disputer, mais vous en céderez finalement les droits à une petite boîte de production qui s’appelle Amblin et qui appartient à Ste... Et voilà, ça y est, vous recommencez.

Le fait est que le festival en question se situe en France. A Paris – bon, c’est toujours plus glamour que Dégueulboule-les-Mourichon. Au revoir Steven – ce n’est que partie remise.

Vous êtes tout de même ivre de joie, et vous vous empressez de répandre la bonne nouvelle. Votre première sélection, merde ! Il semble même qu’il y a une interview à la clé – ça ne rigole plus. Cerise sur le gâteau, on peut acheter des places sur internet. OUI ! Des gens vont payer pour voir votre court-métrage. Vous passez vos journées sur Google, emplie du plaisir simple de voir des sites de billetterie s’afficher lorsque vous tapez votre nom.

Le jour J, le soir S, à l’heure H, vous rejoignez donc votre heureuse équipe devant le cinéma. Qui est en fait un bar.
Ce n’est pas grave. Votre première sélection, on a dit. Merde !

Vous êtes tout de même très émue, parce que le joyeux et fidèle soutien est venu en force ; vous êtes donc une dizaine, prêts à représenter le film fièrement. Quel beau navire, quel équipage, quel grand capitaine vous faites !

La première chose que vous remarquez en entrant dans le bar, c’est qu’un acteur célèbre y est attablé. Bon, peut-être pas célèbre, mais connu. Oui, disons connu. Assez connu. Voilà.
Et c’est reparti pour la machine à fantasmes : il va voir votre film, va rire, va venir vous parler après la projection et vous proposer de vous présenter à un producteur et STOP ! Vous essayez de vous maîtriser. Mais quand même : on ne sait jamais.

La projection se déroulant dans le caveau, votre belle équipe et vous décidez de descendre. Euh. C’est râpé pour la standing ovation par des centaines de personnes : à tout casser, il y a de la place pour cinquante. Et encore.
Nom de Zeus – selon de savants calculs, votre équipe représente pratiquement un cinquième du public...

Les gens descendent à leur tour et votre petit cœur se gonfle d’orgueil et de bonheur naïf : on frôle l’émeute ! La salle est plus que comble ; toutes les places sont prises, et bon nombre de cinéphiles sont debout, derrière les autres. Finalement, votre film va quand même bien être vu ! Vous souriez bêtement.
Huit court-métrages vont être diffusés ; vous êtes censée passer en septième. Le meilleur pour la fin ? Ha, ha, ha...

La projection commence. Ce qui est vraiment génial, c’est que vous ne voyez rien. Le premier film est très sombre, et il y a tant de têtes devant vous que vous décidez de vous contenter du son et d’un bout d’écran, en haut à droite. Vous espérez seulement que vous êtes la seule dans ce cas, et que toute la salle pourra jouir pleinement de votre court-métrage.
Fin du premier court, clap clap clap, interview de l’acteur principal – ce dernier étant un peu déçu car à l’en croire, le projecteur aurait énormément assombri le film.

Deuxième court-métrage – ah, tiens, c’est celui où joue l’acteur connu, qui n’est pas loin de vous. Rhoooo – c’est tout de même incroyable : ces gens n’ont-ils donc personne à la lumière ? Encore une fois, vous trouvez ce film extrêmement obscur, dans les deux sens du terme. Il faut bien l’avouer, l’image n’est vraiment pas belle (tant mieux pour vous, déclare malgré vous votre petit cerveau retors).
Le numéro deux se termine donc, applaudissements, interviews et... et la moitié de la salle se lève et s’en va. Pour ne pas dire les trois-quarts. Il se trouve que vous n’avez pas été la seule à rameuter du monde... sauf que cette équipe a fait bien plus fort que vous. Tiens, l’acteur connu s’en va, aussi.

Le truc, c’est que vous pensiez que l’intégralité des films intéressaient le public – ha, ha, ha ! Vous êtes toujours aussi naïve, c’est absolument désespérant. Toutefois, vous auriez pensé que les gens tenaient suffisamment à leur cinq euros pour les rentabiliser et rester plus d’une heure, à défaut de respecter le travail des autres...
Le pire, c’est que vous, vous étiez sincèrement intéressée par les autres films. Bon, d’accord, c’était surtout pour savoir à quel niveau se situait la concurrence. Mais quand même !

La projection reprend ; au moins, désormais, tout le monde a une place assise. Et vous voyez même l’écran. Allez, vous ne vous laissez pas abattre – les autres équipes sont probablement plus fair-play que les traîtres du court-métrage numéro deux, et votre film va être vu par une trentaine de personnes. Positive attitude ! Il s’agit quand même de votre première sélection, merde...

Les minutes s’écoulent, les films passent, et la salle... la salle se vide inexorablement. Ce n’est pas possible – vous avez probablement été très, très méchante dans une vie antérieure. Vous détestez l’humanité entière, là-tout-de-suite-maintenant.
Quelques réalisateurs ont tout de même la décence de rester (vous vous promettez de prier pour eux vers Saint Steven) ; quand votre film commence, donc, vous estimez la population locale à une vingtaine d’âmes, votre équipe comprise. Oui, oui : en gros, votre film va être découvert par à peine plus de dix inconnus.

Mais c’était votre première sélection, merde...


Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, vous réalisez avec horreur que les six équipes précédentes ne râlaient pas pour rien : le projecteur est effectivement lamentable. Vous ignoriez que vous aviez réalisé une sorte de film abstrait se passant dans l’obscurité. C’est... intéressant. Conceptuel. Et puis, à quoi bon faire de beaux décors quand on peut simplement entourer les personnages (que l’on voit plus ou moins, Dieu merci) d’une obscurité compacte ?
Etrangement, votre corps semble vouloir glisser vers le sol – vous voulez disparaître sous votre chaise. Au secours.

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INT/NUIT – CAVEAU DU BAR

La réalisatrice, à l’agonie, tombe à genoux et lève les poings vers le ciel.

REALISATRICE
(en un cri désespéré)
Pourquoi ? POURQUOI ??

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Lot de consolation : les gens rient. Vous entendez même quelqu’un dire quelque chose comme « Excellent ! » ... Bon. L’honneur est sauf. Vous êtes même... c’est étrange... vous êtes même un petit peu contente, oui. En fait.


Bilan de la soirée ? Vous avez gagné deux amis Facebook. L’espion infiltré que vous êtes trouve quand même votre film pas si mal. Et puis, tout de même : la bière était bonne, et elle n’était pas chère. CQFD.

mercredi 2 mars 2011

Start spreading the neeeeews…


Bon. Râler, c’est bien beau, mais il faut aussi vendre un peu de rêve, parfois…

Il se trouve justement que le destin a choisi de vous envoyer en pèlerinage cinématographique.

Oui, le destin ! Jugez un peu : on vous offre l’an dernier un week-end à Barcelone pour votre anniversaire. Or, votre vol aller, ce petit coquinou, se situe en plein dans une grève des contrôleurs aériens ; tant mieux ! Air France, qui n’est certainement pas la SNCF, se fait gentiment pardonner en vous offrant une petite fortune en bons d’achats (en plus du voyage à Barcelone, cela va de soi) – en même temps, si la SNCF se faisait pardonner quand il le faut, vous seriez milliardaire.

Le facétieux destin, toujours d’humeur gracieuse, décide ensuite de vous aider à choisir votre destination. Et figurez-vous que vous n’avez pas le choix ! La seule destination correspondant pilepoil à vos prix, c’est New York. Oooooh, zut alors.

New York. NEW YORK, quoi. Bon, flashforward – le passage où vous vous roulez par terre en criant, les larmes jaillissant de vos petits yeux émus, sera épargné au gentil lecteur. Personne n’a envie de vous voir vous débattre sous le coup de l’hystérie, créature encore plus pitoyable que la malheureuse héroïne de «L’Exorciste» (avec le pipi sur la moquette, oui oui, c’est l’émotion).

Vous n’êtes d’ailleurs pas sûre qu’il faille vraiment montrer vos émotions. Etrangement, votre liste d’amis Facebook est scindée en deux (quelle référence… mais jugez un peu) : d’un côté, vos amis humains, ceux qui ont une vie normale, semblent encore plus excités que vous. De l’autre, vos amis intermittents, ceux qui travaillent à la télévision et dans le monde enchanteur de l’audiovisuel (…), jouent les blasés et semblent y être tous allés trente fois. Ne nie pas, lecteur, tu te situes forcément dans une de ces catégories. Vous essayez donc d’être une hystérique-cool. Yeah. Pas trop joyeuse pour ne pas que l’on se moque de vous (« Han, trop la honte, c’est la première fois qu’elle met les pieds là-bas, alors que moi j’y achète régulièrement des sweat-shirts Abercrombie & Fitch avec lesquels je me la pète nonchalamment dans Paris »), et pas trop blasée pour ne pas passer pour une infecte frimeuse. Nom de Zeus, que c’est dur de gérer son image publique.

Bref. New York. Depuis votre plus tendre enfance, vous la voyez au cinéma ou à la télévision pratiquement une fois par jour. Comme tout le monde, vous la connaissez pour ainsi dire par cœur. Et là… là… vous allez la voir en vrai. La sentir. La toucher. La goûter. Non, cet article n’est pas sexuel. (De toute façon, vous écrivez en regardant le tapis rouge des Oscars. Autant dire que vous divaguez – écrire n’est pas chose aisée quand on fantasme de toutes ses forces sur son futur tapis rouge).

Cerise sur le gâteau, quinze heures d’avion aller-retour représentent au moins six films. Elle est pas belle, la vie ?

Et voilà, vous y êtes. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et vous êtes encore une fois droguée sans l’être. Vous aimez l’univers entier, vous pourriez chanter et danser, et si vous étiez un tant soi peu douée, vous claqueriez vos pieds en l’air en sautant.

Vous vous payez le luxe de prendre un taxi pour vous rendre à votre hôtel, et malgré votre peur de mourir qui croit à chaque seconde (personne ne devrait être autorisé à conduire comme CA), vous comprenez rapidement que vous êtes en train de longer les décors de la scène finale de Men in Black, quelque part dans le Queens. Mais siiii, rappelez-vous, le vaisseau extra-terrestre du cafard géant avec le globe, et tout… Bon, d’accord, prise hors contexte, cette phrase ne veut rien dire - s’il vous plaît, ne laissez pas les gentils Monsieurs en blanc m’emmener.

Soudainement, cela vous frappe, et vous comprenez : New York, en fait, c’est Disneyland !

Il y a effectivement des Mickey partout. Ben, oui. Des Mickey et Minnie qui arpentent les lieux touristiques comme s’il s’agissait effectivement de leur parc, en quête de touristes crédules prêts à leur filer de l’argent pour une photo. Chacun son truc, hein : à Paris, il faut esquiver les Roumaines. A New-York, il faut esquiver les Mickey. (Pardon…)

Mais cela va plus loin que les souris mutantes en robe à pois ! Autour de vous, d’innombrables touristes, banane à la taille, parlent diverses langues ; ça sent la pizza à tous les coins de rue, et vous vous promenez, hot-dog à la main, au milieu d’attractions issues des films avec lesquels vous avez grandi. CQFD : vous êtes à Disneyland.

Bien entendu, vos références sont quelques peu… éclectiques. Woody Allen prétend certes avoir grandi sous les montagnes russes de Coney Island, mais cela ne change rien au fait que Godzilla, après avoir pondu dans Madison Square Garden, est mort sur le pont de Brooklyn. Que vous préfèrerez quand même emprunter, d’ailleurs, parce que les tunnels, dans le coin, ne sont pas très sûrs – c’est un gros baraqué à la bouche de traviole qui vous l’a dit. Wall Street, c’est bien, mais pas autant que les squelettes de dinosaures du Muséum d’histoire naturelle. Vous retombez en enfance dans Central Park (vous y croisez Balto et passez par le zoo), mais pas trop quand même : vous n’oubliez pas que les extraterrestres géants aiment bien y dévorer de malheureux terriens. Vous vous baladez dans Little Italy et Hell’s Kitchen, mais rien à faire, vous n’êtes pas trop branchée gangster – vous préférez fantasmer sur le sommet de l’Empire State Building. And so on…

Oui, vous avez été biberonnée aux films d’action et à l’entertainment – pas forcément ce qui se fait de mieux, mais que voulez-vous, ça marque… Et puis merde, même si « Godzilla » est une plante potagère de la famille des crucifères, ça vous fait quand même plus vibrer que « Sex and the City ». C’est comme ça.

Vous avez également la chance d’aller assister à une comédie musicale. Il faut bien l’avouer, vous aviez tout de même un peu peur… Au final, rien à redire – c’est même plutôt un enchantement total. Vous avez pour ainsi dire pris votre pied ! Quand vous pensez qu’ici, on se mange des « Cléopâtre » et autres « Le Roi Soleil »… rien que d’y penser, vos oreilles saignent. Les Américains ont le sens du spectacle, c’est tout. C’est bien simple : dans le métro, même les clodos sont plus divertissants que les nôtres. (Re-pardon...)

Autant pousser l’expérience au maximum: vous décidez d’aller au cinéma. On vous a tellement dit et redit que les Américains ne sont que d’infâmes bouffeurs de pop-corn, totalement irrespectueux des séances et bruyamment bordéliques – à vous de juger. Et puis, il est vrai que finalement, vous avez pas mal voyagé et pourtant, vous testez rarement le cinéma à l’étranger. Allez, soyons fous, il vous faut pénétrer ce lieu de culte, ne serait-ce que pour votre culture. Quel aventurière vous faites, tout de même.

Vous dénichez donc un bon gros cinéma, et choisissez un bon gros film bien stupide. Choix stratégique : quel intérêt d’aller voir une œuvre que vous attendez impatiemment si la séance est gâchée par une bande d’incontinents verbaux incapables de se passer de sauce sur le saut de maïs sauté ? Sans compter que vous risquez de ne pas tout comprendre…

NB : le film choisi restera cependant secret – s’agissant d’une comédie sirupeuse de nature dégoulinante, vous n’assumez que moyennement.

Verdict : oui, il y avait du pop-corn, et oui, les gens derrière vous n’ont pas arrêté de parler. Mais au final, ce n’était guère plus catastrophique qu’une séance lambda dans notre beau pays. Les fauteuils étaient même plus confortables (seraient-ils conçus pour des gens plus gros ?), ils pouvaient bouger d’avant en arrière (quelle technologie de pointe), et surtout, surtout ! Les publicités commencent AVANT l’heure de la séance. A l’heure dite, seul un tunnel de bandes-annonces précède le film – que demande le peuple ?

Vous remarquez tout de même que, fait inquiétant, vous n’avez pas du tout rit au même moment que vos petits condisciples. Etrange. Sans vouloir paraître géniale, vous êtes même obligée d’avouer qu’il semblerait bien que vous ayez rit aux répliques les plus subtiles, là où les rires se sont fait entendre sur des choses plus… lourdes. Si, si. Impossible de généraliser : vous vous voyez donc dans l’obligation de retourner aux Etats-Unis aussi vite que possible pour étudier les faits, et étayer – ou pas – cette thèse. Vous devriez même réitérer l’expérience dans plusieurs villes, plusieurs états. Road-tripper jusqu’à Hollywood semble être une bonne idée, tiens. Dommage que vous n’ayez pas un rond.


Vous avez récemment rencontré quelqu’un de profondément anti-américain. Vous trouvez cela parfaitement stupide, non seulement du fait que cela semble être une sorte de mode absurde et qu’il est souvent de bon ton de l’être chez nombre de gens de votre âge, mais également parce que cela ne rime à rien, tout simplement. Personne n’aurait idée de dire « Je n’aime pas les Chiliens », ou « Je suis complètement anti-Suédois ». On ne peut pas détester un peuple ! Une personne est une personne, qu’elle soit blanche, noire, gay, musulmane… ou américaine, tiens. En l’occurrence, vous vous entendez plus que bien avec bon nombre d’Américains, et ils ne vous paraissent pas plus cons ou arrogants que les Italiens, les Chinois ou les Marocains. Tout ceci pour dire que vous assumez votre amour de l’Amérique, tout comme vous assumez votre amour des films de divertissements. Et que, s’il y a une chose à retenir de ce voyage, Nom de Zeus, c’est bien que vous mourrez d’envie, plus que jamais, de faire du cinéma.

Et si vous ne voyez pas le rapport, ce n’est pas grave. Parce que je le vois, moi !

(Ah tiens, si, en fait il y a bel et bien un pays dont je n’aime pas trop la population. Un pays de grincheux, d’innommables ronchons avec une tendance à la flemmardise souvent prononcée. Mais je vous laisse deviner lequel.)



- Aucun rapport, mais je profite de ce post pour vous exhorter à aller jeter un œil, et même deux, au site L’Ouvreuse. Un site fait par des gens qui ont du goût, du style, encore un peu de goût, et un sens aiguisé du second, voire du millième degré, ce qui fait du bien. Comme quoi tout n’est pas à jeter dans notre cher pays, finalement. J’en profite également pour les remercier, parce qu’ils me promeuvent gentiment même quand je n’écris pas pendant des semaines… Ils sont forts, quand même.