mardi 21 février 2012

Chroniques de la Terre du Milieu.


Pas de panique ! Aucun puceau féru d’informatique ne se cache derrière ce titre quelque peu pompeux, et cet article ne va pas parler princesses, dragons et épées. Ce n’est point l’introduction d’une longue saga d’héroïc-fantasy, et l’auteur de ces lignes n’a même jamais essayé les jeux de rôles.



Il se trouve que vous avez une devise : à défaut de réussir à faire des films, on se doit de vivre sa vie comme s’il s’agissait d’un film.
Vous avez donc ouvert, il y a quelques années, un compte-épargne destiné aux voyages lointains, très lointains. Ce petit comptounet dormait donc tranquillement sans rien demander à personne quand vous avez finalement décidé, en décembre dernier, de le réveiller brusquement. Très brusquement, même : vous l’avez intégralement vidé.
Mais qu’est-ce que trois ans d’épargne intensive face à l’appel de l’autre bout du monde ? Toutes ces heures d’intérim passées à ouvrir du courrier en compagnie de collègues quarantenaires fans de la série « Scènes de Ménages » n’auront pas servi à rien. Justice a été faite : vous êtes partie découvrir la Nouvelle-Zélande.

Ah, la Nouvelle-Zélande. Inutile de mentir : avant « Le Seigneur des Anneaux », vous n’en saviez pas grand-chose, mis à part que c’était loin. Après « Le Seigneur des Anneaux », vous vous représentiez le pays exactement comme dans les films : un mélange de forêts elfiques, de collines verdoyantes emplies de Hobbits et de paysages somptueux à l’image du Rohan.
C’est un peu ça, en fait. Y compris pour les Hobbits : pas mal de Neo-Zélandais se baladent pieds nus – ou alors, vous avez juste trouvé le moyen de tomber systématiquement sur des gens bizarres.
Bon, c’est aussi beaucoup d’autres choses, et vous en avez pris plein les mirettes pour un bon bout de temps (heureusement d’ailleurs, parce que vous n’êtes pas prête de repartir de sitôt). Mais ce blog étant consacré au Septième Art, vous essaierez de vous tenir aux anecdotes s’y rapportant…
C’est assez délicat – vous ne voulez pas passer pour une infecte frimeuse, mais vous ne pouvez PAS ne pas raconter votre visite à Hobbitebourg ou aux studios Weta; les lecteurs de ce blog seront les seuls à même de comprendre vraiment l’émotion qui a pu vous éteindre lorsque vous avez mis les pieds au cinéma Embassy, à Wellington, ou lorsque vous êtes tombée PAR HASARD sur le tournage de « Bilbo le Hobbit »… (si, si).
Vous décidez donc de prendre le risque de vous faire jeter des cailloux. Tant pis – il faut que vous partagiez ça.

Il faut tout de même savoir que visiter la Nouvelle-Zélande, c’est un peu comme faire un grand jeu de piste sur les traces du « Seigneur des Anneaux » ; où que vous alliez, vous allez tomber sur un lieu de tournage (que vous n’identifierez pas forcément…) ou sur quelqu’un qui a participé à l’aventure. C’est un peu comme un grand pèlerinage, en fait. Vous vous sentez obligée d’embrasser le sol au moins une fois par jour.

Voilà pourquoi le récit de ce périple va nécessiter différentes notes – ça, et le fait que vous voulez éviter d’emmerder le monde en écrivant un roman… Bon, pas dix mille articles non plus, mais trois ou quatre probablement. Voilà l’heureux lecteur averti !

Le premier épisode – la visite de Hobbitebourg - arrive donc très vite… Stay tuned !

samedi 18 février 2012

Tweet, tweet.

Allez, hop ! Après mûre réflexion, j’ai décidé de tenter le coup et d’ouvrir un compte sur Twitter – soyons fous.

Ceci me permettra de poster des bêtises quand je n’aurai pas le temps d’écrire un bel article pour le blog. Je pourrai aussi partager pas mal de choses sans pourrir la littérature de qualité que vous pouvez apprécier en ces pages. Ha, ha, ha !

Je compte également partager un court-métrage sympa chaque semaine. Un truc qui n’implique pas un sexe masculin rabougri en gros plan et un ciel gris sur une ville glauque de province (je sais, vous êtes déçus). J’essaierai, dans la mesure du possible, de trouver de bons films français, pour prouver qu’il y a de l’espoir…

Bref. Je n’en reste pas moins une débutante du Tweet – toutes vos suggestions me feront donc plaisir et seront bonnes à prendre !


Hasta la vista bye bye :)

@mme_brightside
(il vous suffit de cliquer sur le titre du billet pour accéder à mon compte Twitter. C'est beau, 2012!)

vendredi 17 février 2012

Shoshanna, Grande Maîtresse Lesbienne.

Il y a peu, vous avez entrepris d’expliquer l’importance des réseaux à un ami. Vous n’avez pas pu vous empêcher de lui dire que le fait d’appartenir à une communauté peut également aider à trouver du travail dans le merveilleux monde de l’audiovisuel – en d’autres termes, certains milieux vous pistonnent mieux que d’autres.

Vous allez probablement être taxée de raciste, d’homophobe, d’imbécile, de menteuse ou de tout autre terme on ne peut plus éloigné de votre personne ; on va peut-être vous dire que vous êtes pleine de préjugés. Mais en toute objectivité…

Vous avez trouvé votre premier stage grâce à la communauté Juive.
Votre meilleure amie a trouvé son premier stage grâce aux Francs-Maçons.
Votre petit-ami a trouvé son premier stage grâce à un homo.

Question : si vous vous convertissez au Judaïsme, que vous adhérez à la Franc-maçonnerie et que vous virez votre cuti, est-ce que vous trouverez un travail d’ici la fin de l’année ?

jeudi 16 février 2012

Chauvinisme.

(Ami lecteur, si tu souffres d’une légère overdose de Spielberg, passe ton chemin – ce billet lui est à nouveau, en partie, consacré…)


Vous êtes furieuse. Vous venez de lire l’article que le dernier Télérama (n° 3240, 18 février 2012) a consacré à Spielberg.
En soi, cet article n’est pas catastrophique – venant de Télérama, on pouvait s’attendre à quelque chose de très, très critique, et étrangement, il n’en est rien. On y trouve même des passages plutôt sympathiques, tels « A la cinémathèque, Spielberg, 65 ans, a dit que le cinéma lui procurait la même excitation qu’à ses débuts, et on le voyait à ses yeux, qui pétillaient formidablement ». Télérama qui parle de cinéma et d’yeux qui pétillent dans la même phrase ? C’est de la science-fiction. Vous avez même souri. La double page est joliment décorée d’affiches de ses films et ô, surprise, il s’agit de «Jurassic Park», «Les Dents de la Mer» ou «Indiana Jones» - pas de «Minority Report», «Munich» ou tout autre film plus apprécié des intellectuels parisiens…

Certains passages vous ont toutefois prodigieusement énervée – ce n’est même pas Télérama qui est en cause, pour une fois, mais l’incroyable bêtise du cinéma français… pour changer.

« Il a fallu vaincre certaines résistances internes, explique le directeur de la Cinémathèque, Serge Toubiana. Se battre contre des préjugés – Spielberg est-il ou n’est-il pas un auteur ?».
Sérieusement ? En sommes-nous vraiment là ? La Cinémathèque n’est-elle pas censée embrasser le cinéma dans son ensemble ? Elle ne s’appelle pas la Filmdauteurothèque, pour ce que vous en savez…
Bref, vous commencez à grincer des dents…

Suite de l’article, blabla, très bien. Puis arrive un passage sur la Fémis, la «pépinière du cinéma français de demain» (sic). Et là, vous manquez de vous étrangler avec vos Chocapic. On interroge un étudiant en troisième année de réalisation, qui déclare que «(…) Spielberg dit qu’un metteur en scène doit parfois simplement donner au spectateur ce qu’il veut recevoir, être au service de son plaisir. A la Fémis, certains trouvent qu’un cinéaste ne doit pas se mettre à ce point au service du spectateur. Pour moi, Spielberg fait preuve là d’une humilité intéressante».
Très bien, très bien. Cela en dit long sur le cinéma français d’aujourd’hui et de demain. Nos yeux n’ont pas fini de souffrir…
Combien de fois la presse et le public ne se sont-ils pas demandé pourquoi les Français n’étaient pas capables de produire des grands films de divertissement du même niveau qu’un « Indiana Jones » ? Nous en revenons toujours au même problème : parce que les écoles de cinéma françaises, et pas uniquement notre amie la Fémis, poussent leurs élèves à croire que le plaisir, c’est MAL. Les Musulmans n’ont pas le droit de manger de porc. Les Juifs n’ont pas le droit de manger des crevettes. Les pratiquants de tous poils n’ont pas droit au sexe avant le mariage. Et les réalisateurs français n’ont pas le droit de faire rêver.

Vous êtes mal barrée.

A ceci s’ajoute votre colère d’hier soir (oui, vous êtes beaucoup en colère). Vous regardiez « La Quotidienne du Cinéma » sur internet ; l’émission en question était consacrée à Spielberg.
L’une des intervenantes, que vous n’aviez jamais vue de votre vie, a basé sa chronique sur une interrogation pour le moins aberrante : Spielberg est-il misogyne ? Elle n’a pu s’empêcher d’en rajouter une couche en précisant que dans ses films, selon elle, la femme avait toujours le rôle de la mère.

KEUWA ?!
Spielberg, l’homme a qui l’on doit les prodigieuses aventurières rigolotes que sont les femmes de « Always », « Jurassic Park », « Le Monde Perdu », « Indiana Jones » et compagnie? Que fait donc cette chroniqueuse de la fée Clochette ? Des Ellie Sattler, Sarah Harding et surtout, surtout, de Marion, la femme qui tient tête à des brutes dans des concours de boissons fortes au fin fond des montagnes ?
Vous avez grandi avec ces personnages, ces grandes gueules libres et fières qui font le désespoir de votre grand-mère – si vous aviez grandi avec des princesses, peut-être que vous lui auriez enfin donné des petits enfants et gnagnagna.
La femme chez Steven Spielberg mériterait des pages entières et l’intéressé, quant à lui, peut-être taxé de tout sauf de misogyne. Pour vous, cela n’a toujours été rien d’autre qu’un rendez-vous manqué.
Personne n’a jamais reproché à Tim Burton d’offrir tous ses rôles principaux à Johnny Depp – un mâle, mon Dieu !
C’est vraiment critiquer pour critiquer. Honnêtement, penchons-nous sur la question : à part James Cameron, qui écrit toujours des rôles féminins d’une importance et d’une force égale aux rôles masculins, quel grand réalisateur peut se targuer d’avoir réalisé un grand film dont l’héroïne est une femme ? Oh, il y aura forcément deux ou trois exemples à trouver mais objectivement, la plupart des grands films de l’histoire du cinéma ont un homme pour héros. Et alors ? On s’en contrefiche ! Que la critique française chérisse François Ozon et ses potiches si elle le souhaite – Spielberg vous convient très bien. Le manque de femmes au cinéma est aussi du au manque de réalisatrices derrière la caméra – il vous paraît normal qu’un cinéaste masculin se projette dans un héros du même sexe, et l’on n’y réfléchit même pas lorsque l’on écrit un scénario.


En guise de vengeance contre le cinéma français, voici donc votre bête vengeance du jour: un pitch de film français sur la St Valentin – dans l’urgence, c’est la première chose à laquelle vous avez pensé. Nah.

Musique dissonante. Il pleut. Nous sommes dans le Nord de la France. Un homme pisse dans sa baignoire en se lavant. Il se regarde ensuite dans son miroir pendant cinq minutes. Il a les cheveux gras. Il tousse. Il sort. Il va dans un PMU glauque éclairé au néon et commande un café au barman en marcel. Et là il rencontre la femme de ses rêves, du type Yolande Moreau. Et il lui dit "Bonjour". FIN.



(J’espère que Télérama me pardonnera d’avoir retranscris ici quelques extraits de l’article. Ca ne sert à rien de me faire un procès, je n’ai pas d’argent. Mais bon, on peut dire que je leur fais de la pub, non ? )

mercredi 15 février 2012

Frankie!

Il vous est arrivé un truc terrible !

Vous avez passé plus de deux heures à rire, à frémir, à vibrer devant une histoire géniale desservie par des acteurs incroyables… et ce n’était même pas un film. Non, vous avez vu une comédie musicale, et quelle comédie musicale !
Un spectacle digne de Broadway ou du West End londonien, un grand moment de musique et de danse, une merveille de mise en scène et d’interprétation. Une pièce qui ne se prend pas au sérieux, et dont le second, voire le millième degré vous a enchantée.

Mais nous sommes en France, nom de Zeus ! Cela est-il encore possible dans la patrie des Kamel Ouali et autre Pascaux Obispo ? *

Eh bien oui. Bien entendu, ce n’est pas surmédiatisé, pour ne pas dire qu’il n’y a pratiquement aucune publicité – vous en avez entendu parler par un ami. Et, bien entendu, cela ne se passe pas au Palais des Congrès ou autre salle familiale géante. Et c’est tant mieux.
Vous souhaitez beaucoup, beaucoup de succès à la troupe, parce qu’ils le méritent. Mais vous êtes, quelque part, heureuse que les murs du métro ne soient pas couverts d’affiches promotionnelles, et que les comédiens ne passent pas chaque soir sur un plateau télé différent – c’est un peu comme si vous aviez découvert un merveilleux petit restaurant et que vous ne vouliez pas qu’on l’envahisse et qu’il soit dénaturé. Vous voulez y envoyer vos amis, votre famille, vous souhaitez à tout le monde la fantastique sensation de bonheur que vous avez ressentie et, paradoxalement, vous n’aimeriez pas que toute la capitale s’approprie ce spectacle. C’est bête, hein ? Vous avez la délicieuse sensation de faire partie du petit cercle de privilégiés ayant eu la chance de découvrir cette perle avant la fin des représentations, dans l’intimité d’un petit théâtre parisien, et cela ajoute encore à votre enthousiasme.

Mais assez d’égoïsme – passons aux choses sérieuses.

Le spectacle en question s’appelle « Frankenstein Junior », et c’est une adaptation du Musical américain qui se joue à Broadway depuis quelques années, lui-même adapté du film de Mel Brooks. Ca se joue au théâtre Dejazet, pas loin du McDonald’s République où vous avez poussé la chansonnette en sortant (que voulez-vous, c’est VRAIMENT entraînant).
De Mel Brooks, vous ne connaissiez que « Les Producteurs » - vous chantonnez d’ailleurs souvent le très drôle « Springtiiiiime for Hitler and Germaaaaany », ce qui est par ailleurs assez inconvenant, hors contexte, si vous n’êtes pas chez vous. Bref.
Vous n’en attendiez pas grand-chose, pour être honnête – un bon moment, sans plus. Après tout, on est en France, vous avez appris à vous méfier. Comme quoi c’est mal, d’être pleine de préjugés. Vilaine fille que vous êtes.

Dès la première chanson, vous avez compris que ça allait être bien. Le parolier a fait un travail d’enfer, parce que le français ne vous a pas dérangée le moins du monde ; c’est bourré de jeux de mots très drôles, d’allusions rigolotes, et rien n’est niais. La musique d’origine étant déjà géniale, ce fut un régal. On ne perd jamais le rythme, c’est une merveille de timing, un vrai cartoon animé ; les gestes, les regards, tout est pensé en fonction de la musique, et ça ne s’arrête jamais.
Les acteurs sont exceptionnels – vous allez encore être mauvaise langue mais vous ne pensiez vraiment pas que l’on pouvait trouver de tels talents à Paris. De vrais performers à l’américaine, polyvalents, qui dansent, chantent et joue à la perfection. Et ils ne se contentent pas de chanter juste, ils ont des VOIX ! Vous avez envie d’engager illico tous les acteurs pour votre prochain court-métrage.
Le héros, descendant de la lignée des Frankenstein, est entouré de trois rôles comiques absolument hilarants (une assistante blonde énamourée, un valet bossu et une gouvernante austère) ; pour vous, une bonne histoire repose sur les seconds rôles, et ceux là ont justement tout compris. Mais la véritable réussite est d’avoir également réussi le rôle principal ! C’est bien connu, trois fois sur quatre, les héros sont gonflants. Déjà toute petite, vous détestiez Docteur Quinn. Et maintenant, vous préférez Simon Pegg à Tom Cruise dans Mission Impossible – bon, d’accord, l’exemple est nul, tout le monde déteste Tom Cruise. Peu importe ; ce que vous essayez de dire, c’est que le Docteur Frankenstein est dé-li-cieux. Il ressemble à Victor dans « Les noces funèbres », et il est juste parfait – encore une fois, un vrai cartoon vivant. Les mimiques, le jeu chronométré, nom de Zeus, ce type était fait pour la comédie. Il faut dire que le personnage est une merveille d’écriture, mais quand même… une réussite, vous ne voyez pas d’autres mots.

Ce spectacle vous a embarquée comme un bon film ne l’avait pas fait depuis longtemps, et vous a collé la patate pour au moins une semaine. Vous aimeriez savoir chanter et faire des claquettes. Vous aimeriez que la vie soit une comédie musicale.

Une, deux !
Je n’ai pas de travail, le cinéma ne m’aime plus,
Mais ce n’est pas grave, car on chante dans la ruuuue !

Bon, OK, faut encore bosser dessus. Mais vous pétez le feu !

Ce blog n’a pas été créé dans le but d’y faire des critiques ou d’y promouvoir des choses, mais vous teniez à parler de Frankenstein pour une raison toute simple : ce spectacle vous a offert ce que vous ne trouviez plus au cinéma. Ou, du moins, trop rarement.
Un public respectueux, attentif, réactif (dans le bon sens du terme). Pas de téléphone portable allumé et d’insupportable lumière qui attire l’œil. Pas d’abrutis dégénérés qui parlent pendant la séance. Pas de pop-corn. Juste des gens qui savourent.
Des comédiens d’une gentillesse et d’une humilité rares, sincèrement touchés de recevoir des compliments. Quelque chose qui se perd, même dans le court-métrage…
Un spectacle de qualité, créatif, où l’on sent que tout le monde aime ce qu’il fait et prend son pied. Vous aviez oublié ce que c’était, à force de côtoyer des vautours.

Vous aimeriez les remercier, en fait. Tout d’abord parce qu’ils vous ont prouvé que les Français ne sont pas tous nuls, arrogants et ennuyeux, et qu’on peut faire aussi bien, voire mieux, que les anglo-saxons. Il suffit d’essayer… et d’aimer ce que l’on fait !
Ensuite, parce que vous êtes gonflée à bloc – vous avez des envies de mise en scène comme jamais, et vous voulez définitivement vous frotter à la comédie musicale un jour.
Et enfin, parce qu’ils vous ont tout simplement remonté le moral. Parce que vous souriez bêtement en repensant au spectacle, et que vous êtes de bonne humeur pour des jours et des jours.
Et ça devrait arriver plus souvent !




* Un Pascal, des Pascaux. Non ?

mardi 14 février 2012

Boulette Girl.

C’est le cœur léger que vous écrivez ce message… Enfin, léger mais pas trop.

Léger parce qu’il s’avère que vous avez réussi à approcher le Maître après la master-class, et que vous avez même obtenu un autographe – qui est déjà sous verre dans un cadre en forme de clap, cela va de soi.
Mais pas trop parce que, fidèle à vous-même, vous avez trouvé le moyen de gaffer…

Cela méritait bien un billet !

Lundi neuf janvier de l’an de grâce deux mille douze, donc. Vous descendez du métro à la station Bercy et approchez lentement de la Cinémathèque. Bon, à vrai dire, vous étiez dans un état de stress et de désespoir total, et vous marchiez très vite – la scène se passe simplement au ralenti quand vous y repensez.
Bref. Vous apercevez un tapis rouge, une voiture de la télé, et quelques dizaines de personnes qui attendent déjà. Ouf – au moins, vous ne serez pas coincée au vingtième rang derrière cinq cent personnes… Vous approchez, l’air de rien, et allez vous accouder nonchalamment derrière la barrière, le long du tapis.
Catastrophe – il semble que vous soyez la plus vieille… Vous avez même plutôt l’impression d’attendre un boys band, c’est à n’y rien comprendre ! Vos voisines de barrière (seize et vingt ans… magnifique) entament la discussion avec vous.
Voisine numéro un : jolie petite demoiselle de seize ans serrant fébrilement dans ses bras un DVD de « E.T. ». Elle parle effectivement de Steven Spielberg comme s’il s’agissait d’un boys band, mais c’est assez mignon, au final. Elle est en section audiovisuelle mais ne sait pas si elle veut entamer une carrière dans le cinéma ; pour être honnête, vous avez un peu peur parce qu’elle fait plus «fan hystérique» que «admiratrice qui veut parler posément comme une professionnelle». Mais ne critiquons point, elle a été très gentille avec la vieille personne que vous êtes.
Voisine numéro deux : adorable petite étudiante de vingt ans, qui passait par là par hasard et a décidé de rester quand elle a vu l’invité du jour. Dieu merci, elle vous parle des fans qui font peur et fait front avec vous contre les hystériques bizarres et autres adolescents déguisés en Indiana Jones. Tout de même, vous n’êtes pas rassurée.

Vous décidez de vous lancer dans une étude sociologique et demandez donc à vos voisines comment elles ont connu le Maître – elles sont quand même nées après «Jurassic Park»… Réponse unanime : tout a commencé à force de voir «E.T.» à la télé quand elles étaient petites. C’est mignon, ça vous touche – on est tous un peu pareils, finalement. Même si vous vous imaginiez qu’elles avaient du découvrir Spielberg avec des films plus récents – mais en y réfléchissant, ça impliquait qu’elles aient vu « Il faut sauver le soldat Ryan » en étant toutes petites, et elles n’avaient pas l’air d’avoir des problèmes psychologiques majeurs.

Après une attente interminable et la quasi perte de vos doigts de pied, ça y est – il se passe quelque chose. Kathleen Kennedy arrive, signe des autographes. Puis Costa-Gavras, Niels Arestrup (tout le monde s’en contrefiche, c’en est presque gênant)… Puis Il arrive.
Alors là, tous vos rêves s’effondrent, parce que vous vouliez lui serrer la main en lui disant quelques mots, et c’est râpé ; tout le monde crie et se monte dessus, et tout ce qu’il peut faire, c’est signer des autographes à la chaîne.
Votre côté sadique jubile, parce que des types qui ont assisté à la master-class sont en train de vous escalader (littéralement) pour tendre un malheureux t-shirt à signer. Rien de sexuel – vous êtes contente parce que ceux qui ont assisté à l’interview n’ont rien pu obtenir et sont désormais obligés de s’aligner derrière vous, HA !

Il approche… Votre voisine de seize ans tend son DVD, il le signe ; elle lui demande si elle peut prendre une photo avec lui, et il lui répond que non, trop compliqué, pas possible, désolé… Il arrive vers vous. Puisque ni poignée de main ni discussion ne sont possibles, vous tendez votre carnet de notes ; tant qu’à faire, autant avoir un autographe en souvenir… Il signe, et là… là…

Là, c’est là où vous avez merdé. Vous n’arrêtez pas d’y repenser. Ca fait un mois que vous en êtes malade. Depuis, vous rêvez que vous rencontrez Spielberg pratiquement toutes les nuits, et que vous rattrapez le coup (véridique… je sais, c’est grave). Et le pire, c’est que votre petit-ami a filmé la scène. Super. Vous pourrez vous repasser ça en rigolant quand vous fêterez votre Oscar avec Tonton Steven, en deux mille quelque chose. Ha, ha, ha.

Vous lui dites « Merci Monsieur. J’espère qu’un jour, je ferai un film avec vous ». Enfin, ça, c’est que vous vouliez dire. Parce que sous le coup de l’émotion, vous ne savez pas pourquoi, vous lui dites « Thank you Sir. I hope I’ll make a PICTURE with you someday ».
A picture. UNE PHOTO. Non mais quelle idiote, quelle teubée, quelle abrutie, quelle dégénérée du bulbe. Une photo. Comme une petite fan hystérique. Une photo. Vous êtes vraiment une quiche, vous coiffez toutes les Bridget Jones du monde au poteau. Une photo. Photo, photo, photo.
Le pire, c’est qu’il sourit et vous répond « Maybe, someday ! ». Gnnnnnn. Depuis, ça cogite sec, là dedans. Vous avez retourné le problème dans tous les sens. Sachant que l’on dit « take a picture » et non pas « make a picture », a-t-il compris ? L’a-t-il pris comme un film, un motion-picture ? Ou vous a-t-il vraiment prise pour une pauvre fan hystérique qui veut juste sa photo avec un monsieur connu ?

Il y a plus d’un an, sur ce même blog, après avoir rencontré M. Night Shyamalan, vous terminiez un article en précisant l’importance de savoir parler anglais, afin d’être en mesure de dire des conneries aux gens que l’on admire. CQFD.


Très maigre consolation : la master-class était nulle.




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