dimanche 18 novembre 2012

Kick-Ass.

Ca y est, vous l’avez fait. Vous avez craqué. Vous avez riposté contre le sinistre personnage qui avait décidé de ruiner votre séance de cinéma…

Des années que vous serrez les dents, que vous ne dites rien et que vous fantasmez en secret sur les mille sévices que vous pourriez faire subir aux sombres crétins qui parlent, crient, téléphonent dans les salles obscures. Ceux qui shootent en continu dans les fauteuils, qui décident de faire pleuvoir du pop-corn, voire même qui profitent du rang du fond pour une fellation (si, si).
Parce que nom de Zeux, on RESPECTE LE FILM !

Mais là… là… !

Vous étiez allée voir « Looper ».
Il faut savoir que les abrutis dans les salles de cinéma, c’est comme les envies de faire pipi ou le pop-corn bruyant : ça n’arrive jamais durant un film que vous n’avez pas envie de voir. Vous avez passé les heures les plus tranquilles de votre vie devant des longs-métrages fades et inintéressants ; le visionnage d’un grand film a toujours été une lutte acharnée pour la tranquillité – le plus grand luxe que vous offre votre carte illimitée, c’est celui de pouvoir partir si vous constatez qu’il n’y a plus de bonnes places, ou que la salle est remplie de dégénérés du bulbe.
Vous n’avez rien contre les salles pleines, non – les avants premières sont d’ailleurs souvent très agréables : la salle est, pour le coup, remplie d’un public désirant vraiment voir le film, et il n’y a rien de meilleur que de rire ou de crier en chœur.

Fin de la digression. Ce que vous essayez de dire, c’est qu’une séance de cinéma, ça relève du sacré. PARFAITEMENT !

« Looper », donc. Le tunnel de publicité passé, les lumières s’éteignent et le film commence. Et voilà, hop, quatre jeunes gens fort distingués entrent par la sortie et décident de s’inviter.
Qu’ils ne paient pas, vous vous en fichez comme de votre premier cours de vidéo – vous pourriez même presque trouver ça beau, en bonne naïve que vous êtes : « comme c’est émouvant, ces gens qui ont tellement envie de voir un bon film, et qui osent braver la loi pour faire triompher le cinéma ! »

Euh. Ouais. Ca doit surtout être parce qu’il fait plus chaud à l’intérieur.

Les voici donc qui se scindent en deux groupes, un à gauche, un à droite. Le premier groupe monte les escaliers et s’approche dangereusement de vous. Joseph Gordon-Levitt est à l’écran depuis une minute environ, mais vous n’arrivez pas à vous concentrer sur lui. Et ce n’est même pas à cause de son maquillage pourri – vous sentez la catastrophe arriver.
L’Abruti en Chef – appelons ainsi le leader de ce merveilleux petit gang de puceaux – décide d’interpeller ses amis (qui sont donc de l’autre côté de la salle) en criant. Dans sa sa main, son portable est, bien sûr, allumé et lumineux. Ô, comme tout cela commence bien… Dans la salle, personne ne dit mot (courageux spectateurs), mais le petit merdeux semble sentir les vibrations négatives qui commencent à former un petit nuage flottant dans sa direction. Il prend donc l’initiative (toujours debout) de tourner sur lui-même en criant à la cantonade « je vous emmerde ! Je vous emmerde ! HAHAHA ! ».
Oh, malheureux. Chez vous, ce ne sont plus des vibrations négatives, mais des pulsions de mort. Pulsions qui ne doivent pas pulser très fort, parce que l’Abruti en Chef décide de s’asseoir sur la marche A COTE DE VOUS. Au bout de quelques secondes, il fait encore mieux – il s’appuie contre vous. Bien au chaud contre votre douillette épaule. Le portable toujours allumé.

OK. Il ne fait désormais aucun doute que Steven, le dieu du cinéma, vous envoie un signe assez clair. Il faut agir. Vous vous tournez donc vers l’animal à votre gauche et vous emparez de son téléphone portable, dans l’idée de le faire voler à travers la salle, comme vous en rêvez depuis des années. Le hic, c’est que le propriétaire dudit téléphone a la poigne ferme, et, même s’il n’a pas du anticiper votre action, il ne lâche certainement pas prise. Zut.
Super déception. Vous tirez, il tire, rien à faire, et en plus il proteste (comment ça, c’est normal ?). Vous vous redressez donc et, bien droite, vous vous tournez vers lui et déclamez quelque chose qui devait ressembler à « maintenant tu fermes ta gueule, tu éteins ton portable, et tu respectes le film et les gens qui le regardent. TU FERMES TA GUEULE ! ».
(Eh bien oui. Le problème avec les gens très gentils, c’est que quand ils finissent par exploser, ils explosent très fort. Et puis vous n’avez jamais prétendu être un modèle de politesse, d’abord).
L’Abruti en Chef a l’air surpris, mais ne se laisse pas faire. « Immonde damoiselle, comment osez-vous me parler ainsi ? Je n’ai point pour intention de sortir ! » (pour la compréhension du public, vous avez pris la liberté de traduire ses paroles en français).
Chez vous, le surmoi a disparu. Vous restez ferme – chose amusante, cela vous arrivez très rarement dans la vraie vie. « Maintenant tu sors. TU DEGAGES ! ». Si, si, vous l’avez fait. C’est très libérateur.
Bon, est-ce qu’à ce moment là, vous auriez vraiment du le frapper ? Tout le monde vous dira que non, votre cerveau le premier. Mais il l’avait cherché. Et puis ce n’était pas grand-chose, juste une petite tape éducative sur la tête, quoi…

L’avantage, c’est qu’avec l’effet de surprise, il n’a pas répondu. Ceci dit, il n’a pas bougé non plus, et a commencé à vous menacer, sans toutefois passer à l’acte – ce qui n’est peut-être pas plus mal, parce que vous auriez répondu, et même si vous vous seriez probablement fait lamentablement botter les fesses, vous auriez pu être très très très méchante. EH BEN OUAIS !

Finalement, vous lui avez simplement dit que s’il voulait jouer au con, il allait perdre, et vous êtes partie chercher le vigil, ce qui a eu pour effet immédiat de les faire fuir. Même pas drôle. Un doigt d’honneur et puis s’en vont.

Bon, vous passerez sur les détails (le personnel du cinéma qui ne veut plus vous laisser partir de peur que vous vous fassiez agresser, le jeu de cache-cache dans le centre commercial, le retour des abrutis dans le cinéma, etc etc), mais tout s’est bien terminé. Sans bagarre, en tous cas.
Trois choses, toutefois :

- les autres spectateurs n’ont pas moufté, du début à la fin. Et Dieu sait que vous n’avez pas chuchoté… Jusqu’où faudrait-il donc que ça aille ?
- Etre une fille, c’est drôle. Parce que, même en jouant la carte de l’honnêteté et en avouant au personnel que c’est plutôt vous qui l’avez touché, vous êtes « la jeune fille qui s’est fait agresser ». Intéressant.
(PERSONNE ne vous agresse ! Non mais oh !)
- Le meilleur endroit pour vous cacher d’une bande d’écervelés qui vous en veut, c’est définitivement une librairie. Ha, ha, ha !



(Pardon, madame la police ! Ne me mettez pas en prison pour ce billet ! Ce n’est pas une apologie de la violence et malgré les apparences, je suis très saine d’esprit !)


5 commentaires:

  1. AAAAaaah oui, les connards au ciné. J'avais eu droit pour Scary Movie 1 (oh ça va, ta gueule, hein) à une dizaine de lascars qui gueulaient, notamment sur la plastique de Carmen Electra. Personne n'a moufté et c'est une fois de plus bibi qui s'y est collé. Le ton est vite monté et je me suis retrouvé à baiser leurs mères, virtuellement, elles n'étaient pas là en fait. Curieusement, après nos acahnges, c'est lorsque j'ai baisé leurs mères qu'ils se sont calmés?? Bon, je mettais le ton mais quand même. Seule différence avec toi, une fois que j'ai commencé à gueuler, un peu plus tard UN mec s'est joint à moi. Je me suis alors promis de ne plus intervenir pour les gens. Mais en fait, je continue, je déteste laisser ces connards s'imaginer qu'ils dominent

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  2. Wow. J'en ai des étoiles dans les yeux. Tu viens de venger plusieurs pauvres spectateurs apeurés, dont moi... Jusqu'au prochain tripot de glands qui débarquera et ils sont légion malheureusement. :D

    En tout cas content de tomber sur ce texte au moment où je découvre ton blog, ça ne peut qu'augurer du bon pour la suite de ma visite. ^^

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  3. Merci! Je suis d'autant plus touchée par ces commentaires que je ne suis toujours pas en garde à vue, j'en déduis donc que ce n'était pas trop grave et que je n'ai pas été balancée... héhé.

    Non, sérieusement, merci, ça me va droit au cœur.
    Et oui, c'est exactement ça - je ne supporte pas l'idée que ces nazes se sentent supérieurs...

    Je vais me faire un costume en lycra, tiens :p

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  4. Parler de sacralisation de la salle de cinéma et aller voir un film dans un centre commercial, c'est aussi contradictoire et pitoyable que je dire: "j'adore cuisiner, j'achète tout chez le traiteur".

    Désolé d'être sec.

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    1. Y a pas de mal - et ce n'est pas faux non plus! Mais mon petit cinéma de quartier passe les films étrangers en VF et là, je ne peux pas...
      Mais la remarque est juste!

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